Le livre que l’on s’apprête à lire est tiré d’une des premières thèses de doctorat consacrées à la littérature francophone de Belgique. Brillamment soutenue à l’Université de Liège en 1971 par Jean-Marie Klinkenberg, cette thèse portait sur le premier chef-d’œuvre de la littérature en question, paru à la toute fin de l’année 1867 : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs. Au cœur de l’enquête se trouve un phénomène qui avait depuis longtemps retenu l’attention de la critique mais qui n’avait jamais été examiné à la loupe : le style archaïsant de Charles De Coster. Loin d’être un ornement pittoresque, à la façon de la « couleur des temps » dont les romantiques aimaient à habiller leur Moyen Âge de convention, c’est ici une nécessité. Pour Klinkenberg, le style de la Légende « n’existe pas indépendamment de l’archaïsme », idée qu’il résu-mera par un aphorisme : « Chez De Coster, le style c’est l’archaïsme. » Le caractère condensé de la formule (qui est bien sûr un clin d’œil au cé-lèbre mot de Buffon) ne doit pas tromper sur la marchandise : il ne s’agit nullement de réduire l’œuvre-maîtresse de De Coster à ce qui pourrait passer pour un procédé, mais bien plutôt de souligner l’omniprésence de l’archaïsme dans la vaste « manœuvre stylistique » qu’est la Légende d’Ulenspiegel. C’est sa place de l’Étoile, le centre à partir duquel rayonnent les autres faits et effets de langue.
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…
Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations
Cet essai parut initialement en 1967. Par l'auteur des Controverses du christianisme.…