Au terme de « mythologies » employé au pluriel est associé, immanquablement, le nom de Roland Barthes qui, en 1957, s’en servit pour intituler le premier best-seller de la discipline sémiotique. Depuis, établir le catalogue des mythologies d’une société consiste à clicher, non sans distanciation ironique, les signes qui y font sens ainsi que les discours qui les colportent… Et pas seulement dans les arts majeurs, car l’esprit d’une époque se trahit mieux encore dans ses marques publicitaires, ses événement ritualisés, ses jeux populaires, ses stars, ses objets-fétiches, etc. Aujourd’hui, Barthes se délecterait sans aucun doute des performances attendues d’un boutonneux pressenti meilleur pâtissier ou dissèquerait jusqu’en ses plus minuscules fibres dénotatives…
Ils sont légion, les « – isme » malmenés par Jean-Marie Klinkenberg dans un essai qui a tout d’une somme et vient couronner un brillant parcours de passeur de savoir et d’agitateur d’idées. « Purisme », « centralisme », « essentialisme », « conservatisme », « communautarisme »… Les voici pointés et dénoncés, les mots / maux qui sclérosent notre rapport à la langue, et plus particulièrement au français. Car si Klinkenberg plaide pour la mise en œuvre globale de politiques linguistiques efficaces, assumées par les États, l’ère culturelle qu’il problématise est bien celle de la francophonie, avec son tropisme hexagonal (sinon parisien), ses périphéries, ses dominions d’Empire et ses reliquats d’Ancien Régime. Engoncée dans un carcan…