Autrice de Cent jours sans Lily
Aliénor DEBROCQ, Cent jours sans Lily, ONLiT, 2020, 181 p., 17 €, ISBN : 9782875601216Cent jours sans Lily : dès le titre, Aliénor Debrocq annonce la couleur. Elle ne cessera de le faire au cours de son nouveau roman, hors normes, qui séduira les lecteurs et lectrices, dont je suis, qu’interpellent les démarches littéraires aux constructions narratives inédites. Journaliste et professeure de littérature contemporaine, l’autrice y établit un pacte d’écriture – et donc de lecture – avec son lectorat.Les fameux cent jours du titre se déclinent de facto en cent chapitres numérotés. Des chapitres courts d’environ deux pages car la narratrice, qui est aussi autrice, s’est fixé…
Écrire 2000 signes par jour pendant 100 jours. Voilà la méthode qu’a décidé de suivre Linda au cours de cet automne à la fin duquel elle aura fini d’écrire son roman. Entremêlant enquête policière, méandres de l’imagination ainsi que réflexions sur l’amitié et le processus de création, Aliénor Debrocq revient sur la scène littéraire belge avec ce second roman hors des sentiers battus.
Lors de son voyage à Saint-Pétersbourg, Linda, journaliste belge trentenaire en voyage de presse, songe à son amie américaine, Lily Brooks. Rencontrée sur les bancs de l’université de Columbia quinze ans plus tôt, Lily est une véritable sœur de cœur pour Linda. Partageant une passion commune pour l’écriture et la littérature, la première connaît le succès…
Traverser le monde avec un sac de plumes
Le sac à dos qu’on porte en voyage, ou celui que nous portons depuis notre enfance, devient de plus en plus lourd avec les jours qui passent, les blessures, les combats, les amours déchirées et les désillusions. À moins qu’au contraire, il ne devienne de plus en plus léger avec la sagesse qui grandit et nous fait mûrir ? La réponse est dans le voyage : la sagesse n’est pas dans le sac, mais au fond de nos yeux qui le regardent. Par la fenêtre du Transsibérien, sur les chemins escarpés des montagnes andines, dans le dernier McDonald’s planté sur le cercle polaire, au milieu du bush australien ou dans les bras d’une femme en Wallonie, il y a une vie à prendre, un œur à dessiner. Le métier de comédien des rues a entraîné durant quinze ans Timotéo Sergoï autour du monde. En voici une photo, un croquis, quelques phrases. Puissiez-vous y retrouver le visage de quelqu’un que vous connaissez ou que vous avez perdu là. Pendant dix ans j’ai voyagé, traversé quarante pays, écrit des centaines de feuillets. Des textes courts retraçant au jour le jour mon parcours. C’était au début des années 2000. Je tenais un « blog ». Cela ne s’appelait pas encore comme ça. En route, rien n’était alors techno-simple comme aujourd’hui. C’était un carnet de voyage, un journal de bord en lignes par milliers. Je me suis parfois demandé que faire de tous ces textes intimes et exotiques. Faudrait-il les retravailler pour publier ? Sur la passerelle, un clochard sans prénom me parle de ma barbe. Timotéo Sergoï m’apporte enfin la réponse, dix années ont encore passé, nos mentons en fouillis et c’est non ; sans doute ni regret. Un non de soulagement. J’ai trouvé mon maître. En matière d’impressions de voyage, de géopoésie, de sentiments lointains embagagés, d’aventures à pied, de pensées kilométriques, il est tellement plus fin et fluide car moins littéraire. Je reconnais entre ses lignes l’accueil de la T/terre, sa profonde, phénoménale, infinie bonté ; son inconditionnelle, indifférente générosité, ingéniosité. C’est le quartier-tapin. Putain de beau métier ! Me voici dans la Suisse sale, vivante et éruptive, rue de Berne, rue des Pâquis, rue des bordels et des métèques, quartier de nuit et d’impatience, dernier quartier avant l’aurore (…) Lire aussi : un extrait de Traverser le monde avec un sac de plumes Le sous-titre du livre, Voyager comme pour jouer , dit le degré d’aisance et d’ingénuïté avec lesquels l’auteur et polyartiste se déplace partout au monde. Et l’amour y est toujours, comme du soleil qu’il suivrait toute l’année, de pays en pays, d’un solstice à l’autre, sautant l’équateur à l’envi, s’assurant ainsi un éternel été. Et couché sur le dos de la planète, Timotéo Sergoï respire pleinement les étoiles, ferme les yeux ; où fusionnent l’étincelle de l’entière galaxie et celle de la vie via Argentine… Australie… Brésil… Finlande… Laponie… La Réunion… Russie… C’est carnaval de l’aube. J’aurai marché quatre heures. Je m’en vais déjeuner. Récemment, l’hebdomadaire Le Vif reprenait ces propos élogieux de Pascal Durand lors d’une interview consacrée à l’histoire de l’édition en Belgique : « Certaines maisons actuelles créent des catalogues remarquables. Je pense par exemple à une petite maison sur les hauteurs d’Esneux, Murmure des soirs ». Qui publie le présent ouvrage. Remarquable en effet. Plus que cela. Page 51, Liège (Belgique), jour de retour , est un court et brillant dialogue où court l’errance heureuse, libre et interrogative de tout voyageur au long cours : Que sais-tu des départs ? (…) des voyages ? (…) des retours ? Que sais-tu de l’attente ?Je la connais trop bien. Et je sais de sa voix que le souffle des jours fait son érosion lente. Tito Dupret…
Un recueil audacieux, où une quarantaine de contes, de La princesse au petit pois à Barbe bleue en passant par…