Belgique, terre d’aphorismes




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Belgique, terre d’aphorismes est l’aboutissement d’un travail d’archéologue, d’orpailleur, d’archiviste littéraire. Pendant de nombreuses années, Michel Delhalle a exploré le champ de fouilles des Lettres belges en quête de trésors de l’esprit nommés aphorismes et classé scrupuleusement ces objets littéraires (parfois, souvent ?) non identifiés. Le but ? Double : les réhabiliter en tant que mode d’expression à part entière ; en démocratiser la compréhension et l’accès.« L’aphorisme, c’est un texte qui s’arrête avant qu’il ne soit trop tard. » (Jean-Philippe Querton).Valoriser, sensibiliser et propager ! L’idée du projet mérite d’être…


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Petit manuel de survie en zone tempérée

Bon. Allez. J’avoue. Je jalouse, extrêmement, tous ces gaillards, toutes ces gaillardes, à l’œil vif et pointu, ces intelligences en éveil, capables de vous écrire, en deux lignes, une phrase qui tue, un aphorisme, un trait d’esprit tout ce qu’il y a de plus aiguisé, de plus perçant, de plus rosse ou de plus drôle. C’est que, pour ma part, on me rangerait plutôt sur une autre armoire. Celle de la vie ralentie. De l’œil terne et sans éclat. De l’intelligence molle du genou. Toujours en retard d’une guerre en somme. De sorte que, petite vengeance sournoise et personnelle, je l’avoue, je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir un recueil d’aphorismes sans partir à la traque, à l’affût des phrases bancales, celles qui retombent comme un soufflé, celles où l’intelligence serait, pour ainsi dire, à force de faire sa maligne, comme prise en défaut. Parce que, bon. Écrire un recueil d’aphorismes, être constamment à la hauteur de sa propre pétillance, ce n’est pas donné à tout le monde. Et puis, écrire un recueil d’aphorismes ou de sentences qui tuent, c’est s’inscrire dans un fameux lignage. Courant de Montaigne à Verheggen, en passant par Nietzsche, La Rochefoucauld, Scutenaire, Michaux, Cioran, etc., etc. Une belle brochette de pas manchots qui s’entendent bien à faire riper la langue, à forcer le trait, à prendre la pose autoritaire ou pseudo-autoritaire. Dans le fond, écrire un recueil d’aphorismes serait comme avancer nu, sans masque et sans maquillage, au beau milieu d’une foule en délire. Ça peut créer l’extase, rendre les autres mabouls et complètement baba, ou à jamais ridiculiser son auteur.Exercice difficile, donc. Extrêmement périlleux. Exercice auquel, pour la troisième fois, se frotte Alain Dantinne, dans un Petit manuel de survie en zone tempérée qui vaut le détour.D’abord, parce qu’Alain Dantinne évite le piège de « l’art pour l’art » – ou de « la virtuosité pour la virtuosité », comme on voudra. Pas question, ici, de jouer avec les mots juste pour le plaisir de jouer avec les mots. De faire des traits d’esprit désincarnés, en somme. Les aphorismes de Dantinne sont de notre temps. Je veux dire : sont de parfaits échos, parfaits contrepoints, à notre époque. Pas pour rien que Dantinne nous balance à qui mieux-mieux des sentences sur Dieu, sur l’âme ou le monde. Pas pour rien qu’ici et là, il fait plus que clairement allusion aux conflits israélo-palestien, syrien, et autres. Dantinne est un poète d’aujourd’hui. Pas d’hier. Ses préoccupations, ses inquiétudes, sont celles d’un homme d’aujourd’hui. Pas d’hier. Le retour du religieux, du moralisme religieux, du rigorisme collet-monté, du sacré sans sacré, pourrait-on dire, inquiète Dantinne. Lui fait sans doute craindre le pire.Ensuite, parce que, courageusement, à cette époque où toute critique, ou mise en question, est d’office virulente, désobligeante, tout au moins aux yeux des « clergés » moralisateurs, Dantinne n’hésite pas à rire avec tout. Réellement avec tout. Et surtout avec ce qui n’est pas drôle. Avec ce qui nous ferait plutôt pleurer. Avec ce qui nous désespère ou nous révolte. Avec les réfugiés qui font naufrage, au sens propre comme au figuré. Avec les SDF. Les parias. Les laissés pour compte. Cela donne, bien sûr, des aphorismes grinçants. Cela provoque, bien sûr, des rires bien jaunes. Mais cela fait rire. Comme si, dans le fond, il ne nous restait plus que ça : le rire pour nous sentir encore « humains », comme on dit. Pour encore et toujours poursuivre la route. Continuer la vie, ou la survie. Tenir bon. Résister, vaille que vaille, ici, chez nous, « en zone tempérée ».Ensuite, encore, parce que Dantinne sait qu’un bon recueil d’aphorismes, ça doit flinguer dans tous les sens. Toucher à toutes les strates, à tout ce qui fait battre le cœur. Quoi de mieux, dès lors, que de se prendre pour « sujet d’études » ? Non que Dantinne nous distillerait ci et là des allusions à sa propre vie, son propre vécu – un recueil d’aphorismes n’est pas un lieu de confidences, tout de même – mais, on le sent bien, ça se devine : tout ce qui est abordé ici compte. Nourrit la vie de l’auteur. Les questions philosophiques, les rapports humains, amoureux ou autres, les questions métaphysiques, le petit monde de l’art, ses affaires de m’as-tu-vu comme ses coups de cœur sincères, le catalogue de nos névroses ou celui de nos errances… Oui. Tout cela trotte, doit trotter, constamment dans la tête de Dantinne. De sorte que, mine de rien, au-delà des traits, des missiles verbaux décochés à tout-va, on peut aussi, par petites touches – mais uniquement si on le souhaite – sentir le souffle d’une présence, quasi fantomatique. Quelque chose comme un fil rouge reliant entre elles les diverses parts de l’ouvrage. Quelque chose comme « un coup de patte » ou une « tournure d’esprit » typiques de l’auteur.Allez, pour terminer, quelques bons grains picorés ci et là dans l’ouvrage ? Oui ? Allez, c’est parti : Chasteté bien ordonnée commence toujours par soi-même.   Méfiez-vous des poètes : le plus souvent, ils n’arrivent même pas au bout de la ligne.   Tsahallal : Palestinien tué selon le rite musulman.  …

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Jacques RICHARD , Nues , ONLIT, coll. « ONLIT Mini », 2020, 80 p., 8 € , ISBN : 9782875601261«  Nues, en pied…

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