Alfred Blondel. Sculpteur dans l’âme




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Il est rare – et captivant – de partager le parcours d’un artiste, de ses premiers pas à la découverte de sa voie, à la maîtrise, l’accomplissement de son talent.Le livre-album Alfred Blondel nous en offre avec éclat l’occasion.Grandi dans une famille ouverte aux arts, qui compta des personnalités marquantes en Anna Boch et son frère Eugène, artistes, mécènes et collectionneurs, grand-tante et grand-oncle d’Alfred, il commençait cependant sa vie professionnelle dans le domaine de l’économie, aux États-Unis.Il rentre en Belgique vers trente ans, épouse Myriam, qui aura très tôt l’intuition de ses dons et l’incite à s’inscrire dans une école d’art.C’est alors que nous le rencontrons, un jour, gravé dans sa mémoire,…


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René Magritte, The Revealing Image (L’Image révélée)

S’il a approché, voire pratiqué en amateur, photographie et cinéma – il préférait parler de « cinématographe » –, ces deux disciplines n’ont jamais constitué pour René Magritte une création intellectuelle et artistique qui atteindrait la force de frappe de sa peinture. En 1960, Luc de Heusch présentait un film sur le peintre et son œuvre, Magritte ou La Leçon de choses . Au cours d’un entretien avec Jacques de Decker, qui évoque alors les films de Buñuel et Dali, Magritte lui répond : « Même si je connaissais les rudiments de l’art cinématographique, je ne pourrais expliquer mes idées que par la peinture (…) Je ne participe au cinéma qu’en tant que spectateur. Mes films préférés sont Babette s’en-va-t-en guerre (de Christian-Jacque, 1959, NDLR) ou Madame et son auto (de Robert Vernay, 1958, NDLR).  Je ne supporte pas les films qui veulent me faire apprendre quelque chose ou m’exposer une thèse : ce cinéma-là m’ennuie  » [1] . Quant à la photographie, même si on connait l’importance que lui accordait Paul Nougé (avec l’infaillible série Subversion des images , en 1929-30), et l’abondante source de création qu’elle fut chez des surréalistes tels que Man Ray, Jacques-André Boiffard, ou chez nous, Raoul Ubac, Marcel Lefrancq, Marcel Marïen, Léo Dohmen, elle n’était principalement pour Magritte qu’un outil technique, un instrument de travail dans la réalisation de ses œuvres picturales. Accessoirement, elle devenait également ce que Scutenaire, l’ami fidèle, appelait «  des documents-souvenirs sans prétention, à peine élaborés (…) où Magritte, dans ses jours de loisir, s’amusait à mettre les gens – sa femme, ses amis – en des situations inventées avant de les faire tirer en portrait  » [2] . Mais les choses sont-elle aussi simples ? Archives familales, images de création C’est tout l’intérêt de l’ouvrage de Xavier Canonne qui, à l’occasion d’une exposition itinérante des photographies de Magritte lui-même ou réalisées par ses proches, présentée en Australie, à Hong Kong, Séoul et, in fine cet été, au Musée de la Photographie à Charleroi, offre l’occasion d’aborder de manière plus approfondie le lien de Magritte avec ces images, et d’envisager le statut qu’il leur accordait. Le corpus rassemblé est vaste et éclectique, issu d’archives familiales, de collections privées, de vidéogrammes tirés de films amateurs réalisés par Magritte – dont André Blavier livrait en 1979 déjà des fragments de scénarios [3] .L’ensemble va du petit René dans les bras de sa mère en 1899, à une photo du peintre, Stetson de cow-boy sur la tête, au cours d’un voyage à Houston en 1965, en passant par sa relation avec Georgette dès 1920, et tout le groupe, plus ou moins fluctuant, d’amis et amies qui au fil des ans l’accompagneront jusqu’à sa mort en 1967.Certaines images sont connues, d’autres beaucoup moins. On peut y voir comment, dès la formation du groupe bruxellois en 1924-25, la photographie occupe une place non négligeable : les photographies de Georgette, sa muse, deviennent des mises en scène pour certaines œuvres picturales, et donnent aussi à Magritte l’opportunité de se livrer à cet exercice mental qu’il affectionne : l’expérimentation des idées, l’image dans l’image, l’œuvre en miroir où il questionne le réel. Ainsi, de la peinture La tentation de l’impossible de 1928, variation subtile sur le thème classique du peintre et son modèle. Le peintre s’y représente peignant le corps d’un modèle nu, qu’il a lui-même préalablement esquissé de manière photographique avec Georgette (légèrement vêtue). L’année suivante, il peindra La trahison des images et son désormais célèbre « Ceci n’est pas une pipe » (mais bien sa représentation). Photographie et clairvoyance La mise en abyme qu’affectionne Magritte se retrouve encore dans une autre peinture qui ne porte pas pour rien le titre de La clairvoyance (1936). Mais Jacqueline Delcourt-Nonkels, proche du couple Magritte, en donne une image photographique : celle du peintre assis devant son chevalet, peignant la toile où il se reproduit lui-même à l’identique, en train de peindre un oiseau. Bien plus qu’un simple outil technique ou documentaire, la photographie est un médium simple qui va de l’un à l’autre, mais à l’époque, relativement coûteuse, elle ne bénéficie pas du même statut artistique que la peinture. Man Ray l’affirmera sans ambages et non sans ironie en 1937, dans un recueil de ses photographies préfacé par Breton : La photographie n’est pas l’art – et surtout pas aux yeux du public.Si Magritte s’avère photographe, c’est également, plus technique, dans la commande de travaux alimentaires qu’il réalise pour des publicités, et, dans un registre tout opposé, lorsqu’il met en scène, de manière burlesque, amusante, légère ou inquiétante, ses complices : son frère musicien Paul et son épouse Betty, l’indocile Paul Colinet, les couples Irène Hamoir-Louis Scutenaire et Paul Nougé-Marthe Beauvoisin, le singulier Marcel Lecomte, un peu plus tard Marcel Mariën, Jacqueline Delcourt-Nonkels. Ainsi peut-on trouver dans le portrait photographique de Paul Nougé, pipe à la main, le visage occulté par le damier d’un jeu d’échecs et intitulé Le géant , une réalisation qui aurait pu trouver un aboutissement entièrement pictural. Les petits films que Magritte – qui a accompagné et suivi l’évolution du « cinématographe » depuis sa naissance – réalise lui-même dans les années 1950-1960, ne sont hélas plus visibles dans leur intégralité. Mais il est plausible, au vu de certains vidéogrammes, ou des fragments de scénarios révélés par Blavier et la correspondance de Magritte, qu’ils pouvaient bien, comme le souligne Xavier Canonne, avoir statut de « récréation autant que création » .   Alain Delaunois [1] Cité par André Blavier dans René Magritte, Ecrits complets , Flammarion, 1979, p. 499. [2] Textes et titres de Louis Scutenaire pour La fidélité des images, René Magritte, Le cinématographe et la photographie , Lebeer-Hossmann, (s.d.), p. 5. [3] Voir René Magritte , Écrits complets , Flammarion, 1979.…