« Un livre est toujours semblable à ce message que le poète enfermait dans un flacon de verre et confiait aux flots.
Je sais que celui-ci atteindra le rivage. »
Charles Plisnier En ornant d’une préface inspirée le roman Les Roseaux noirs, Charles Plisnier ne s’est évidemment pas trompé… Il ne pouvait se fourvoyer dans des propos complaisants tant l’amitié qui le liait à Marie-Thérèse Guillaume, l’auteure du livre et à Roger Bodart le futur époux de celle-ci, était transparente et nourrie de la plus grande franchise. L’ouvrage était décidément à la mesure de ses attentes, même s’il reconnaît : «Ce n’est pas ma conception du roman». Mais le superbe opus qu’il avait à présenter et qu’il associe aux Wutherings Heights, d’Emily Brontë ne peux que remuer le lecteur : « Et je voyais dans Les Roseaux noirs, ce livre étonnant que vous allez lire. On ne peut se tromper à certains coups d’archet. Une composition savante et sévère : une langue souvent fluide,…
Auteur de À propos des Roseaux noirs (dossier Marie-Thérèse Bodart)
Dans une aube qui se prolonge, un homme de soixante et quelques années, cherche au fond du miroir et dans le laitage de la brume matinale,…
Notes prises d'une lucarne suivi de Petit théâtre aux chandelles
Préface de Robert Frickx À propos du livre Les Notes prises d'une lucarne sont le produit d'un exercice quotidien qu'Hellens s'est imposé durant l'année 1917. On retrouve, dans ces textes en prose, d'une admirable sobriété, le reflet de la mutation que, sous l'influence de la lumière du Midi et des peintres qu'il fréquente alors (Matisse, Archipenko, Modigliani, André Lhote), l'art du poète subit après 1915. Quant au Petit théâtre aux chandelles , composé vers la même époque, il dénote un art très sûr de la scène, qui se concrétise notamment dans un mélange subtil d'érotisme, de légèreté et de cruauté. Mariant le badinage au cynisme, le théâtre d'Hellens fait penser tantôt à Marivaux, tantôt à Musset, mais il s'écarte de ce modèles dans certaines pièces qui, tel Massacrons les innocents, annonce l'univers baroque de…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…