Dans l’œuvre d’Antoine Wauters, l’enfance s’avance comme un pays que l’on retrouve par l’écriture. Terreau magique, univers qu’on porte en soi, entre l’écho de sa perte et la musique de sa persistance, l’enfance en vient à se confondre avec la fiction. L’une et l’autre construisent un monde imaginaire, peuplé de doubles, de prolongements, d’avatars de soi. L’une et l’autre se tiennent à l’écart de la société, de ses lois, de sa logique, de ses contraintes. Éblouissant caillou textuel forgé par un frère du Petit Poucet, L’enfant des ravines (deuxième bookleg d’Antoine Wauters, après Debout sur la langue) déplie une jeunesse dans un village des Ardennes, un monde de jeux, d’odeurs, de sensations qui constitue le lieu mental, organique à partir…
Non, Antoine Wauters n’est pas un auteur ordinaire. D’abord, il ne se contente pas de sortir un roman à la fois mais deux, paraissant chez le même éditeur. Ensuite, il ne se contente pas de d’insérer ses fictions dans des genres bien précis – polar, s.f., etc. – mais il taille sur mesure des costards ultra classe à ses récits « d’anticipation ». Parce que, oui mon cher, le Wauters qu’on connaît et qu’on aime, celui des récits familiaux sensibles, celui à la petite musique perso envoûtante, celui qui écrit en douceur à fleur de peau, s’est mis, à sa façon, à la s.f. !
Pas celle des vaisseaux spatiaux et des pan-pans laser, bien sûr ! Mais celle qui se projette un tout petit peu dans le temps, qui tire des conséquences et des récits de faits…
Non, Antoine Wauters n’est pas un auteur ordinaire. D’abord, il ne se contente pas de sortir un roman à la fois mais deux, paraissant chez le même éditeur. Ensuite, il ne se contente pas de d’insérer ses fictions dans des genres bien précis – polar, s.f., etc. – mais il taille sur mesure des costards ultra classe à ses récits « d’anticipation ». Parce que, oui mon cher, le Wauters qu’on connaît et qu’on aime, celui des récits familiaux sensibles, celui à la petite musique perso envoûtante, celui qui écrit en douceur à fleur de peau, s’est mis, à sa façon, à la s.f. !
Pas celle des vaisseaux spatiaux et des pan-pans laser, bien sûr ! Mais celle qui se projette un tout petit peu dans le temps, qui tire des conséquences et des récits de faits…
De ce nouveau roman d’Antoine Wauters, écrit sous la forme tantôt douce, tantôt dure de vers libres, on souhaiterait ne rien dévoiler de trop, tant il faut se laisser emporter par l’élan des mots, le flux des phrases courtes, la répétition de certaines d’entre elles, la plongée lente que procure un texte bouleversant, qui trouve son origine dans la tragédie vécue par le peuple syrien depuis des décennies.Lors de son Voyage en Orient, Nerval avait pu écrire, sur le mode alors élégiaque d’un exotisme mythique cher au 19e siècle : « En Orient, chacun a son air favori, et le répète sans se lasser du matin au soir, jusqu’à ce qu’il en sache un autre plus nouveau. » Un siècle et demi plus tard, pour Mahmoud Elmachi, enseignant et poète syrien, septuagénaire brisé…
On le sait depuis (presque) toujours, on l’a saisi dès ses débuts, déjà dans un livre comme Césarine de nuit, la voie écrite d’Antoine Wauters serait la voix humaine. Une voix qui transcende les personnages – elle les révèle, les manifeste, les découvre, les déborde. Les ex-ternalise. Ainsi que l’écrivain nous le confiait lors d’un entretien pour la revue Vacarme (2019) : « Il est très difficile pour moi de parler de personnages parce que je ne peux le faire sans penser d’abord à leur voix, à leur langue. Ils ne tiennent que de cette façon. Le personnage principal de l’histoire, c’est l’écriture, la langue ».S’il n’y avait que deux voix dans l’intense et chaleureux Mahmoud ou la montée des eaux (prix Marguerite Duras et prix Wepler, 2021), celle…
Certaines personnes éprouvent parfois le sentiment qu’il leur est impossible de pouvoir échapper au passé, à l’histoire familiale, à la condition sociale et culturelle qui a contribué à les construire. Comme si ce passé empêchait de vivre le présent, ou, pire, d’envisager l’avenir, tout modeste qu’il soit. Ce n’est pas que ce passé soit mieux, ou moins bien, ou franchement destructeur, c’est qu’il est là, un parasite qui s’incruste en permanence dans l’aujourd’hui. Le nouveau livre d’Antoine Wauters qui paraît en cette rentrée littéraire s’inscrit à rebours de cette constatation, sans pour autant lui dénier tout crédit. Le plus court chemin, s’il est bien sous-titré « roman », aurait pu être un « récit » autobiographique, mais l’auteur…
À l’occasion de la double publication en septembre dernier de Pense aux pierres sous tes pas et de Moi, Marthe et les autres (Verdier), Karoo vous propose une interview en deux temps avec l’écrivain belge Antoine Wauters ! Le lauréat du prix Première pour son précédent roman Nos mères s’est tout d’abord prêté au jeu de nos dix questions irrévérencieuses.
Le principe est simple : toutes les questions commencent par « Si je te dis... » et se terminent par « ça te vexe ? » Le but ? Pousser notre auteur dans ses retranchements, non sans humour !
Tu es prêt ?
Allons-y !
Si je te dis que je n’ai pas lu Nos mères, ça te vexe ?
Oh non, pas du tout. Il n’y a aucune obligation. Si tu devais lire tout ce qui sort aujourd’hui, même simplement…
À l’occasion de la double publication en septembre dernier de Pense aux pierres sous tes pas et de Moi, Marthe et les autres (Verdier), Karoo vous propose une interview en deux temps avec l’écrivain belge Antoine Wauters ! Le lauréat du prix Première pour son précédent roman Nos mères s’est tout d’abord prêté au jeu de nos dix questions irrévérencieuses.
Le principe est simple : toutes les questions commencent par « Si je te dis... » et se terminent par « ça te vexe ? » Le but ? Pousser notre auteur dans ses retranchements, non sans humour !
Tu es prêt ?
Allons-y !
Si je te dis que je n’ai pas lu Nos mères, ça te vexe ?
Oh non, pas du tout. Il n’y a aucune obligation. Si tu devais lire tout ce qui sort aujourd’hui, même simplement…
Seule la mémoire peut dompter le vertige. Elle l’enveloppe, elle l’enferme en elle, elle le limite dans le temps et dans l’espace… Elle nous permet de le contrôler, de choisir quand y plonger. Mais seulement, Mahmoud ou la montée des eaux nous montre qu’il faut y plonger pour parvenir à sur-vivre, à vivre au-delà, à être là.
Ces fleurs-là ont été cueillies trop tôt. Leurs jours se sont envolés avec les oiseaux. Un peu de haine et le présent s’enfuit, et le passé tombe dans l’oubli… Mais qui sommes-nous sans mémoire ? Pour supporter de vivre, Mahmoud Elmachi plonge dans ses souvenirs.
Ce printemps-là, tout s’est tu… les rires des enfants, les sourires des passants, l’amour des parents et les poèmes des vivants. La maison, l’école,…
Le Musée des contradictions d'Antoine Wauters explore notre société. Sous des airs dystopiques, il reflète un monde cruellement vrai. Retenu parmi les finalistes du prix Goncourt de la nouvelle, ce livre cisaille autant qu’il éveille !
Le Musée des contradictions est un recueil de douze discours en colère. Dans chacun d’eux, Antoine Wauters prête sa plume à une voix collective impersonnelle qui apostrophe quelqu’un en vue de témoigner des dysfonctionnements de notre monde actuel. La société y est autopsiée sous tous ses angles, notamment grâce à une multiplication de voix et d’adresse : ça peut tout autant être des femmes qui parlent à leur mari qu’un discours adressé à Dieu par des personnes seulement caractérisées par la peur. Ces douze développements…