Le plus court chemin

RÉSUMÉ

Sans souci de la chronologie, l’écrivain plonge dans ses souvenirs d’enfance dans un village wallon. Il décrit son quotidien dans les années 1980, évoque l’ennui, l’omniprésence de la nature, le manque d’offre culturelle, le besoin de solitude, la peur des autres et la découverte du pouvoir des mots.

PRIX
  •   Prix Rossel, 2023
À PROPOS DE L'AUTEUR
Antoine Wauters

Auteur de Le plus court chemin

Antoine Wauters, né en Belgique en 1981, a écrit plusieurs livres de poésie avant d’être révélé avec son premier roman, Nos mères, paru chez Verdier en 2014. Considéré comme la révélation littéraire belge, il co-signe en 2015 « Préjudice », long métrage d'Antoine Cuypers qui réunit Nathalie Baye et le chanteur Arno. En 2018, il publie simultanément deux livres chez Verdier : Pense aux pierres sous tes pas et Moi, Marthe et les autres. Mais c’est avec Mahmoud ou la montée des eaux, unanimement salué et en cours de traduction dans plus de 10 pays, qu’il connaît le succès. Prix Wepler, Prix Marguerite Duras, Prix des librairies Payot, le livre reçoit le Prix du Livre Inter le 6 juin 2022. Quelques semaines plus tôt, il reçoit le Goncourt de la nouvelle pour Le Musée des contradictions, un recueil de nouvelles publié aux éditions du sous-sol (Le Seuil). Lauréat d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse semi-sabbatique 2021
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Certaines personnes éprouvent parfois le sentiment qu’il leur est impossible de pouvoir échapper au passé, à l’histoire familiale, à la condition sociale et culturelle qui a contribué à les construire. Comme si ce passé empêchait de vivre le présent, ou, pire, d’envisager l’avenir, tout modeste qu’il soit. Ce n’est pas que ce passé soit mieux, ou moins bien, ou franchement destructeur, c’est qu’il est là, un parasite qui s’incruste en permanence dans l’aujourd’hui. Le nouveau livre d’Antoine Wauters qui paraît en cette rentrée littéraire s’inscrit à rebours de cette constatation, sans pour autant lui dénier tout crédit. Le plus court chemin, s’il est bien sous-titré « roman », aurait pu être un « récit » autobiographique,…


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Pénétrer dans l’univers de Patrick Lowie, c’est faire l’épreuve d’une littérature élevée au rang du rêve et de la révolution intérieure. S’il ne recourt pas à la pratique pessoenne de l’hétéronymie, Patrick Lowie place l’expérience créatrice au carrefour du double, d’une inspiration transpersonnelle où se confondent le dicteur et le dicté, l’oracle et le scribe. Le rêve de l’échelle, cinquième volume des Chroniques de Mapuetos, poursuit le travail de retranscription-recomposition des textes du fameux Marceau Ivréa, écrivain mort dans une prison bruxelloise, dont l’œuvre gravite autour d’une ville qui n’existe pas, Mapuetos. À partir de ce labyrinthe borgésien, de ce creuset surréaliste, le récit déroule la rencontre de deux hommes au bord du fleuve bleu, Marceau Ivréa et le jeune homme Moûsai. Gagnant l’autre rive du fleuve magique, ils s’adonnent à une vie onirique scandée en dix-huit rêves qu’Ivréa/Lowie raconte. Obéissant à la logique du songe, ouvrant des portes sur l’ailleurs, les fictions de Patrick Lowie décadenassent les habitudes mentales du lecteur. Le temps et l’espace cessent d’obéir aux lois ordinaires ;  des réalités temporelles et spatiales disjointes entrent en communication. Lire aussi :   Patrick Lowie, Marceau Ivréa et la montagne fictive de sagesse ( C.I. 190) À l’ouverture du récit, le narrateur réside à l’hôtel Siru, un immeuble Art déco près de la Gare du Nord, donnant sur la place Rogier, haut-lieu mythique où déambulent le spectre de Marceau Ivréa et les fantômes de Rimbaud et de Verlaine qui y séjournèrent lors de leur passage à Bruxelles (l’hôtel s’appelait à l’époque le Grand hôtel liégeois). Un jeu de miroirs se dessine, la passion entre Marceau et Moûsai prolongeant l’amour orageux entre Verlaine et Rimbaud, entre «  l’époux infernal  » et la «  vierge folle  ». La réalité onirique répond à des états quantiques, à des superpositions de phases, de personnages. L’hôtel Siru tient de l’hôtel Sirius, du vaisseau fantôme qui apparie le voyage vers Mapuetos. Comme l’échelle de Jacob surgit lors d’un songe durant lequel ce dernier voit des anges monter et descendre sur une échelle reliant la terre au ciel, l’échelle permettant de monter vers Mapuetos, son arbre à paroles, son volcan Imyriacht, s’avance comme la fille du monde onirique. Les dix-huit rêves délivrent moins une parabole qu’un parcours initiatique, un jeu de tarot littéraire dans le sillage d’Alejandro Jodorowsky. Non point des stases fléchant une trajectoire destinale, une progression vers la libération mais des rêves circulaires comme des mandalas, comme les ruines de la nouvelle de Borges ou comme la Grand Roue en toile de fond d’ Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Dans le rêve numéro treize, la chute du cheval blanc dans un canyon nous évoque la fin du roman de Lowry, le corps du consul Geoffrey Firmin abattu par les policiers et balancé dans un ravin, suivi par le cadavre d’un chien. Comme Mapuetos, la ville mexicaine de Quauhnahuac où se déroule l’errance du consul entre présages, mescal et téquila, est dominée par des volcans.«  Marceau voulait déclamer des mots à haute voix dans Mapuetos, la magnifique. La répétition de mots, de phrases, d’intonations grinçantes, d’aphorismes, de prières euphorisantes pourrait le mettre dans un état d’auto-hypnose  ». Comment ne pas songer à Artaud en lisant ce passage ? À l’arrière de Marceau Ivréa, son ivresse d’atteindre des états de conscience modifiée, on pense à Artaud, à ses séjours auprès des Tarahumaras, à ses mots-souffles, ses glossolalies.Passeur entre les mondes des vivants et des morts, évoluant entre djinns et apparitions, Patrick Lowie reconnecte la littérature à l’hypnose surréaliste, à l’interrogation poétique et métaphysique. Le doute n’est plus de mise : les mots de Patrick Lowie sont bel et bien irrigués par les puissances de l’arbre à palabres de Mapuetos, cet «  arbre à nuées  » qui retient les mots créés par le volcan. Véronique Bergen Deux hommes sont couchés sur l’herbe, de l’autre côté du fleuve bleu. Le plus âgé des deux s’appelle Marceau Ivréa. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre. En une journée, ils mangent des sushis, fument des joints, lisent, dorment, font dix-huit rêves qu’ils classent, décortiquent, commentent, alimentent. Comme des frères siamois, ils sont connectés et font les mêmes rêves au même moment. Peu importe la ville, peu importe le pays. Nous pourrions être à Mapuetos, cette ville qui n’existe pas dans un monde qui n’existe pas, point de référence de Marceau Ivréa. Nous pourrions être à Bruxelles, dans une chambre de l’Hôtel Siru, ex-Grand Hôtel Liégeois, à l’endroit même où Rimbaud aurait rejoint Verlaine. Dans  Le rêve de l’échelle , Marceau Ivréa raconte dix-huit rêves. Rêves particulièrement marquants, étranges, éphémères, des rêves dignes du cinéma surréaliste. Pourquoi les raconte-t-il ? Pour créer des liens avec lui-même, seule façon d’avoir des liens avec son prochain. Les chroniques de Mapuetos est une série littéraire censée avoir été écrite par Marceau Ivréa que Patrick Lowie dit avoir découvert et dont il aurait recomposé le travail disparate. Quarante épisodes sont annoncés.…