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Le théâtre contemporain au crible de l’analyse politique (Scène)

Théâtre dans la mondialisation : communauté et utopie sur les…

Rotterdam, une fenêtre sur l’avenir des Pays-Bas

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L’anarchie, théories et pratiques libertaires

Une belle surprise du côté de la collection « La petite bédéthèque des savoirs » (aux éditions…

Lire 1984

" Si vous regardez dans votre esprit, qui êtes-vous, Don Quichotte ou Sancho Pança? Selon toute vraisemblance, vous êtes les deux. Il y a une part de vous qui souhaite être un héros…

« L’Ange de la mort », une nouvelle adaptée en court-métrage : entretien avec Martine Colas, autrice et réalisatrice

Lettres Numériques participe comme l’an dernier à la campagne « Lisez-vous le belge ? », organisée par le Partenariat Interprofessionnel du Livre et de l’Édition numérique (PILEn) du 1er novembre au 6 décembre 2021. Dans ce cadre, nous souhaitons mettre en avant le livre belge francophone décliné sur des supports « inattendus » et transmédias. Pour cela, nous avons rencontré Martine Colas, autrice, mais aussi scénariste, réalisatrice, productrice et éditrice, qui a adapté son premier écrit, L’Ange de la mort, en court-métrage. Lettres Numériques : Pourriez-vous tout d’abord vous présenter à nos lecteurs et nous parler de votre parcours ? Martine Colas : J’ai deux casquettes très différentes, il y a d’un côté la littérature et de l’autre le cinéma. Côté cinéma, j’écris des scénarios, je réalise des courts-métrages et je produis à la fois de mes propres réalisations et celles d’autres personnes. Côté littéraire, j’écris des romans, je corrige des manuscrits et je suis éditrice d’une maison d’édition. Je mélange donc ces deux univers-là, j’ai toujours été passionnée par la lecture et l’écriture surtout, par le cinéma et par la musique. Comme ce sont trois domaines qui ne me quittent jamais depuis mon enfance, à un moment donné, je me suis dit qu’il était temps d’approfondir tout cela. Un jour, j’ai eu l’opportunité de réaliser un court-métrage et je me suis lancée. Je me suis renseignée, j’ai contacté des techniciens et des acteurs, nous y sommes arrivés et j’ai fait d’autres films par la suite. Vous avez commencé par la réalisation, ou bien d’abord par l’écriture ? Ma première passion est indéniablement l’écriture. J’ai commencé par écrire, car j’ai trouvé un jour un concours d’écriture sur Facebook : il fallait écrire une petite nouvelle et j’ai écrit une histoire, L’Ange de la mort, qui a été sélectionnée et éditée par un éditeur bruxellois, avec d’autres auteurs, dans un recueil de nouvelles. C’était mon tout premier concours, ma toute première publication et mon premier prix. À partir de là, j’ai eu un déclic : pourquoi ne pas me lancer dans l’aventure. Comme j’avais déjà un tas de petites histoires qui rodaient dans ma tête, autant les écrire. Ma deuxième écriture devait être celle d’un roman, mais ce fut finalement celle d’un scénario. J’avais commencé à écrire La Nuit des secrets, mais très rapidement, après le troisième ou le quatrième chapitre, j’ai eu de grosses difficultés à continuer parce que je voyais énormément d’images et ce n’était pas ma façon habituelle d’écrire. Quand j’écris, j’ai avant tout des phrases qui me viennent en tête, mais là c’était plus que ça, c’était très imagé : je voyais vraiment des personnages très typiques dans des situations précises. En discutant de cela avec mon entourage, ma fille m’a lancé une boutade, elle m’a dit : « Tu n’as qu’à faire un film », et je l’ai pris comme un défi. Mon deuxième écrit s’est alors transformé en scénario de film, le premier court-métrage que j’ai réalisé. Comment se passe le passage de l’écrit à l’écran, quelles sont les différentes étapes et les différences entre l’écriture d’une nouvelle et d’un scénario ? Un scénario, c’est quelque chose de très visuel, on est tout le temps dans l’action, alors qu’un roman, ce sont des descriptions, des situations imaginées : on doit décrire aussi bien un endroit que les émotions d’un protagoniste de l’histoire par exemple. Lorsque nous lisons un scénario, nous devons avoir directement les images en tête. Ensuite, nous le décortiquons dans tous les sens et nous faisons des listes : tous les personnages, les vêtements, les accessoires nécessaires, les lieux, les véhicules, etc. Après avoir listé tout cela, il faut trouver les lieux de tournage. À ce moment-là, soit on dispose d’un grand budget et d’accès à des studios où on peut créer exactement ce dont on a envie, soit on doit trouver des lieux qui ressemblent au plus près à ce que l’on imagine. Parfois, nous avons la chance de trouver des acteurs et des lieux qui correspondent exactement à l’image que nous avions d’eux. Le scénario va donc s’adapter aux lieux et aux acteurs dont on dispose, ainsi qu’aux ambiances. Le roman, lui, ne s’adapte pas par la suite, il est écrit et il reste figé, contrairement au scénario. Pour ma part, que j’écrive un roman ou que je réalise un film, dans les deux cas, je me sens comme un poisson dans l’eau et j’arrive à jongler entre les deux. Concernant l’adaptation de votre nouvelle L’Ange de la mort en court-métrage, quels sont les changements que vous avez appliqués au cours de l’écriture du scénario et lors de la réalisation ? C’est la toute première histoire que j’ai publiée, mais c’est aussi le dernier film que j’ai réalisé. J’ai d’abord réalisé La Nuit des secrets, de là j’ai enchaîné sur un deuxième film puis un troisième film, ensuite des personnes m’ont contactée parce qu’elles voulaient trouver un réalisateur et un producteur pour trois films. Après tout cela, je suis revenue à L’Ange de la mort, car tout ce que j’écris, je veux l’avoir dans les deux formats : le livre pour les lecteurs et le court-métrage pour les cinéphiles. L’Ange de la mort a été réalisé six ans après son écriture donc forcément des choses ont été modifiées. En l’occurrence, les lieux n’ont pas changé, ni la trame, mais dans ce film il y a un personnage en plus. J’ai également réduit très fortement les dialogues d’un des protagonistes qui existe aussi dans le livre, pour lui donner beaucoup plus de prestance visuelle. Ensuite, au montage, nous avons ajouté quelques effets fantastiques. En dehors de cela, il n’y a pas eu d’autres gros changements. Ce court-métrage a reçu quelques prix un peu partout dans le monde : en Angleterre, en Italie, en Inde, en Biélorussie, en Turquie… C’est satisfaisant de constater qu’il voyage. Quels sont vos futurs projets ? Y a-t-il d’autres formats que vous souhaitez explorer pour vos histoires, après le livre et le court-métrage ? Après avoir réalisé et produit sept courts-métrages, je me dis qu’il serait peut-être temps de me diriger vers les longs-métrages. Les seules choses qui diffèrent, ce sont les moyens financiers et le temps consacré au film. Que j’écrive un scénario de 20 pages ou de 150 pages, les réflexions sont identiques, il s’agit du même travail. Pendant que je réalisais des films, j’ai écrit d’autres romans, principalement des thrillers et des drames psychologiques, et je ne peux pas m’empêcher de vouloir réaliser des films de mes livres et vice versa. J’aimerais réaliser un long-métrage à partir d’un roman que j’ai écrit en 2018, Un mari de trop, un drame qui se passe sur la Côte d’Opale en France. Maintenant il faudra beaucoup de temps pour cela, sûrement plusieurs années. Entre-temps, j’ai créé une maison d’édition à compte d’éditeur et pour le moment je m’y engage à fond : nous venons de signer des contrats avec des auteurs et au printemps prochain nous allons publier nos premiers livres. J’écris aussi actuellement mon cinquième livre, mais je garde l’idée de réaliser un long-métrage un jour, dès que je me sentirai prête. Lorsque ce sera le cas, la première étape sera de transformer le texte en scénario. J’ai aussi un autre court-métrage en attente, avec Renaud Rutten, mais là ce n’est pas par manque de temps, mais par manque de lieu : dès que je le trouverai, ce film se fera dans la foulée. J’ai donc tous ces projets, qui occupent bien mon temps, mais heureusement je suis aidée : j’ai toute une équipe derrière moi et je peux faire plusieurs choses en même temps. Pour en revenir à L’Ange de la mort, vous avez donc réédité ce texte en l’accompagnant du scénario…

L'adaptation en théâtre wallon et en français

L’écriture du théâtre dialectal mérite que l’on réfléchisse à ses enjeux, à ses contraintes,…

Histoire de l’homme

Art de l’illusion qui révèle les vérités cachées, le théâtre crée une scène sur laquelle comparaissent les passions des hommes, l’échiquier du pouvoir, les conflits…

A l'ombre du jour (in Dossier)

Je ne possède du ciel qu’une confuse idée. Il parait qu’il est bleu, gris, ou nacré. Il parait que le ciel donne le jour, qu’il…

Projections - 9 - hiver 2014-2015 - Dans la peau de l'autre

Sommaire • Editorial par  le comité de rédaction • Le métier de vivre (in Dossier) par  Matthias De Jonghe…

Aïssa Maïga, réalisatrice du film Marcher sur l’eau

Entre interviews et avant-premières, l’actrice Aïssa Maïga devenue réalisatrice et autrice…

L'Amour est une maladie oridanire

Dans son roman, L’Amour est une maladie ordinaire , publié aux éditions Le Tripode (mai 2019), François Szabowski nous présente une histoire aux allures de comédie romantique…

La critique à l’ère numérique (in Dossier)

Écrire sans contraintes avec autant de photos ou de documents possibles, ne pas être assujettis…

Catalogue de l’exposition

À l’occasion de l’exposition Stéphane Mandelbaum qui s’est tenue ce printemps au Centre Pompidou et qui s’ouvre au Musée Juif (du 14…

L’adaptation

Un réalisateur, couvert d’un éternel chapeau, cherche sur les toiles d’une galerie d’art un ciel introuvable, une couleur et une atmosphère célestes qui devraient guider son prochain…

Une autre fin du monde est possible. Vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre)

Après le remarqué Comment tout peut s’effondrer sorti en 2015, les ingénieurs agronomes Pablo Servigne, Gauthier Chapelle et l’écoconseiller Raphaël Stevens,  « chercheurs in-Terre indépendants »,  poursuivent leurs réflexions dans un essai qui prolonge la « collapsologie » (dont ils sont les pionniers) en une collapsosophie. L’axiome des collapsonautes se définit comme «  apprendre à vivre avec  », avec la catastrophe en cours, avec la débâcle environnementale, avec l’effondrement de la société actuelle. De ce diagnostic condensé dans le vocable de collapsologie découle la mise en œuvre d’une éthique, d’une collapsosophie. S’appuyant sur un tableau clinique précis, incontestable (l’humanité menacée d’extinction dans le sillage de l’hécatombe de la biodiversité), les auteurs proposent des pistes fécondes qui réconcilient «  méditants  » et «  militants  », qui explorent l’idée de ré-ensauvagement, de nouvelles manières de coexister avec les non-humains, d’habiter la Terre. Lire aussi : un extrait d’ Une autre fin du monde est possible Croire que les choses peuvent encore être modifiées, redressées globalement relève à leurs yeux d’une illusion. Le futur n’existe que barré par l’impossible. Face à cet impossible, l’appel est lancé : creuser des niches, des îlots au cœur de l’apocalypse, inventer à la fois un chemin, un salut intérieur et des actions collectives dotées d’un impact sur l’extérieur. On a parfois l’impression que, pour les auteurs, les jeux sont faits. Il ne resterait qu’à assister au déferlement du pire en assortissant la course à l’abîme d’une morale stoïcienne. Un stoïcisme prônant, dans le fil du stoïcisme antique et de Descartes, de changer soi-même, son rapport au monde plutôt que l’état des choses. Or, les jeux ne sont jamais faits même lorsqu’ils semblent l’être. L’accent porté sur le «  l’activisme de l’âme  » minore par endroits la recherche d’une collapsosophie vue comme un prérequis à la politique, à une tentative d’infléchir la marche des choses. Dans cet «  apprendre à vivre avec l’effondrement  », on peut lire une sagesse mais aussi l’acceptation d’une défaite. Le présupposé discutable du (sur-)vivalisme, de la collapsologie est celui de l’inéluctable : l’effondrement, la pulsion de mort, l’autodestruction est un fait entériné sur lequel nous n’avons plus prise. Tout se réduit alors à un sauvetage moral, à une prise de conscience, à une résilience qui s’accompagne, certes, d’activités locales de résistance, ZAD, laboratoires de créativité, activisme. La phrase de Valéry, «  Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles  » engage le choix d’un «  Changement de Cap  » (Joanna Macy), à savoir l’alliance entre activisme, proposition d’alternatives concrètes et changement intérieur. «  Au service du vivant  », les auteurs en appellent à des mobilisations collectives créant les rapports de force nécessaires afin de rompre avec le néolibéralisme. Le principe de responsabilité à l’égard des générations futures formulé par Hans Jonas implique de léguer un monde viable, digne d’être vécu, tissant de nouveaux «  liens réels avec le sauvage retrouvé  », dans une harmonie entre les formes du vivant.Louons les auteurs de parier pour la mise en œuvre des passions joyeuses de Spinoza, pour une résistance au camp de ceux qui détruisent la Terre, ses écosystèmes, ses collectifs humains et non-humains. À l’heure où le deuil de l’idée de révolution affaiblit en un sens la logique de la résistance, Une autre fin du monde est possible oppose salutairement un contre-feu au nihilisme, et ce, en dépit de l’oscillation relevée. La possibilité de prendre les armes, de lutter contre ceux qui mènent le monde à la ruine se dessine.  «  Le contrat politique avec les autres qu’humains n’est pas à réinventer, il est d’abord à découvrir chez eux ! À quoi pourrait ressembler un immense parlement interspécifique ? (…) Les animaux, les arbres, les champignons et les microbes  ne sont pas des êtres passifs, ce sont de redoutables politiciens. Ce sont même des paysagistes, et même des activistes, car ils transforment la terre depuis des millions d’années, contribuant ainsi à former et à maintenir la zone critique , ce minuscule espace de vie commun sur lequel nous vivons, et dans lequel nous puisons sans relâche. Autrement, ils nous donnent (…) Cette obligation [de rendre ce qu’ils nous donnent] peut enfin se lire selon son autre acception : si nous ne le faisons pas, il se pourrait bien…

Le frère de l’ombre

Dans l’Autre Simenon Patrick Roegiers convoque la figure de Christian Simenon, frère de l’écrivain Georges Simenon, pour éclairer à la fois les circonstances d’une époque noire, la Deuxième…

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Sapiens Tome III : Les maîtres de l’Histoire

Troisième tome d’un projet audacieux d’adaptation en bande dessinée du best-seller Sapiens. Une brève histoire de l’humanité de l’historien Yuval Noah Harari , Les maîtres de l’Histoire nous propose une réinvention alerte, sertie dans un puissant imaginaire narratif et graphique. Après les deux premiers tomes relatant l’évolution de l’Homo Sapiens depuis le Pléistocène supérieur au 21ème siècle ( Sapiens. La naissance de l’humanité et Sapiens. Les piliers de la civilisation) , David Vandermeulen (scénario), Daniel Casanave (dessin) et Claire Champion (couleurs) nous livrent l’avant-dernier tome d’une série qui, après la révolution cognitive aux alentours de 70.000 ans avant notre ère, après la révolution agricole qui, il y a douze mille ans, signa un tournant majeur (domestication des céréales, des animaux, élevage), après ce que Yuval Noah Harari nomme l’unification de l’humanité, se clôturera sur la révolution scientifique. Servi par un scénario inventif, truffé de références à la pop culture, porté par un dessin qui allume tant le rêve que la pensée du lecteur, l’ouvrage resynthétise la théorie de Harari en la présentant sous la forme d’un méga jeu, d’un show burlesque au cours duquel des candidats venus des quatre coins du monde exposent devant un jury de savants leurs réflexions sur les facteurs historiques qui ont contribué à l’unification de l’humanité. Ingénieux et percutant, le dispositif narratif de l’émission télévisée « Évolution » présentée par une diva Héra Dota permet d’exposer les idées argumentées ou farfelues, dogmatiques ou subtiles des candidats qui, tout à tour, se présentent comme étant le maître incontesté, la maîtresse unique du monde tirant en coulisse les ficelles du jeu humain. Les rivaux incarnent chacun un principe d’unification des cultures : la politique, l’argent/le commerce, la religion… Chaque chapitre donne lieu à un débat, à des échanges souvent houleux entre les candidats (Lady Empire, Captain Dollar, Skyman, Clashwoman, Mister Random, Cyclowoman dont les noms suffisamment explicites renvoient au principe qu’ils matérialisent) et les membres du jury au sein duquel siègent entre autres l’historien Yuval Noah Harari, sa nièce Zoé, un théologien, une enquêtrice, une biologiste et zoologiste.  Humour décapant («  le robot mixer impérial  »), habiles courts-circuits temporels entre époques éloignées, éclairages par les vertiges de l’anachronisme, explosion d’idées graphiques, labyrinthe d’interrogations sur les facteurs historiques, politiques, économiques, religieux, scientifiques, philosophiques, aléatoires qui ont acheminé l’humanité vers « l’unité » d’un globe mondialisé, Les maîtres de l’Histoire use du grotesque, de l’outrance d’un show spectaculaire caricatural pour mettre en récit le questionnement souvent partiel, orienté, biaisé idéologiquement de Yuval Noah Harari. La spéculation liminale dont le titre témoigne réduit la complexité de l’aventure de l’Homo sapiens à une course évolutionniste irréversible, unilinéaire dont il s’agirait de détecter les principes ultimes et les causes efficientes. Si l’Histoire du monde, des différentes civilisations se solde à chacune de ses époques par une scène provisoire opposant les vainqueurs aux vaincus, elle n’est pas régie par des maîtres, que ces derniers soient des infrastructures ou des systèmes symboliques, des fictions qui s’appellent argent, dieu(x), cycle ou choc des cultures. Le décor d’entertainment choisi par David Vandermeulen et Daniel Casanave ne nous révèle-t-il pas que l’entreprise stimulante d’Harari dans Sapiens relève aussi, pour une part, d’un divertissement spéculatif vulgarisateur présentant de nombreuses défaillances méthodologiques, erreurs factuelles et parti-pris idéologiques ?Ces réserves énoncées sur certaines thèses de fond prônées par Harari, il demeure une éblouissante mise en récit graphique par le tandem David Vandermeulen et Daniel Casanave, un album hautement réussi qui ne sacrifie jamais à l’approche scolaire. Véronique Bergen Plus…

Expo 58, l’espion perd la boule

Dix ans après la parution de Périls en ce Royaume (qui se déroule en 1947), le détective privé Michel Van Loo continue à être confronté,…

Le rêve de l’échelle. Les chroniques de Mapuetos n°5

Pénétrer dans l’univers de Patrick Lowie, c’est faire l’épreuve d’une littérature…

Jijé, l’autre père de la BD franco-belge

Deux chercheurs, l’un, Philippe Delisle, français, qui enseigne l’histoire contemporaine à l’Université de Lyon…

L’archive, la fougère

Lara Barsacq est chorégraphe, danseuse et comédienne. Comme interprète, elle a notamment travaillé avec L'Ensemble Batsheva et Les ballets C de la B. * Lara Barsacq…

Que faire ! (contre l’ordre régnant)

Pour donner un titre à son petit ouvrage de réflexion sur l’état du monde actuel, Erik Rydberg (journaliste, ancien directeur…

André Sempoux. L’écrit bref : comme givre au soleil

André Sempoux est un écrivain doublement discret : il investit peu d’énergie dans…

L’été des rats

Le Bugue, petite ville du Sud-Ouest français, août 1955. «  Un industriel à l’hôtel, un dentiste dans le village, un pharmacien à l’hôtel, un curé dans le village…

Histoire du lièvre, de l’éléphant et de la baleine

Charles Baissac (Port Louis, 1831 - Beau Bassin, 1892) Charles Baissac naquit dans l'Île…