Vers d’autres ailleurs. Journal de voyage (1954-1996)

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Le Carnet et les Instants

En couverture de ses souvenirs littéraires, il s’affichait au Portugal, entre ombre et lumière ; sur celle de son journal de voyage, Marc Hanrez a choisi un cliché qui le campe dans une pose conquérante, entre insolence et insolation, sur les marches du théâtre d’Épidaure.« Vous avez dit : un Journal de voyage ? », et aussitôt s’installe dans l’esprit du lecteur la terrible perspective d’avoir à effeuiller l’album-photo d’un autre, commentaires et exclamations à l’appui… Au moins, quand on est invité chez un couple d’amis qui insèrent une clef USB dans le téléviseur en frétillant à l’idée de vous faire défiler, et donc partager, leur bonheur vacancier, on se console en se gavant de chips et de limonade,…


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Que Faire ? n°7 : Vincent Engel. L’absence révoltée

Créer des mondes de fiction, construire des « romansonges » dans le sillage du « mentir-vrai » d’Aragon, laisser courir sa pensée, son imaginaire sur une multitude de claviers d’orgue… telles sont les trois thèmes musicaux qui se dégagent si l’on tente de condenser l’œuvre de Vincent Engel, tout à la fois écrivain, dramaturge, professeur de littérature contemporaine à l’Université catholique de Louvain, directeur de revue (il a repris la direction de Marginales ), directeur du Pen Club Belgique, éditeur. Dans le numéro 7 de la revue Que faire ? , les écrivains Jean-Pierre Legrand et Philippe Remy-Wilkin consacrent un dossier éblouissant qui se focalise sur le cycle toscan intitulé Le monde d’Asmodée Edern (réédité en 2023, Asmodée Edern & Ker Éditions). Œuvre majeure de Vincent Engel, le quatuor Retour à Montechiarro (Fayard, 2001), Requiem vénitien (Fayard, 2003), Les absentes (Lattès, 2006), Le miroir des illusions (Les escales, 2016), précédé par Raphael et Laetitia (Alfil/L’instant même, 1996), couronné par Vous qui entrez à Montechiarro (Asmodée Eder, & Ker Editions, 2023), délivre une saga romanesque qui, traversant des générations, des époques, auscultant les dessous de l’Histoire, se tient sous le regard d’un personnage éternel, Asmodée Edern. Comme l’analysent Jean-Pierre Legrand et Pierre-Remy Wilkin, Asmodée Edern s’éloigne de la figure démoniaque d’Asmodée dans l’ Ancien Testament et campe un ange bienveillant.Afin d’interroger le cycle toscan de Vincent Engel, qui, sous certains aspects rappelle Le quatuor d’Alexandrie ou Le quintet d’Avignon de Laurence Durrell, les auteurs plongent à mains nues dans l’architecture de chacun des tomes, mettent en évidence la maestria du romancier dans les jeux de construction formelle, le fil rouge de la musique, les questions de la judéité, de la condition humaine (baignée par l’ombre lumineuse d’Albert Camus), des luttes au niveau individuel et collectif entre les forces du bien et du mal ou encore les amours magiques, impossibles. On voyage entre l’analyse des périodes charnières de l’Italie que Vincent Engel met en scène, du repérage des récurrences de séquences historiques prises dans la répétition d’invariants anthropologiques et le décryptage des jeux littéraires, entre les lignes contrapuntiques des thèmes et des personnages et les mises en abyme du vécu, de la pensée de l’auteur dans les plis de la fiction. Vincent Engel a offert une machine de guerre romanesque et littéraire de très haut vol, qui combine la création pure et l’autofiction mais sans ostentation, sans « mauvais égocentrisme », l’appréhension du monde et de l’autre passant nécessairement par une quête de soi ouverte et généreuse, la construction d’un récit.  Levier d’une action sur le réel, d’une relecture plurielle des faits soumis à l’imaginaire du créateur, la fiction s’inscrit, pour Vincent Engel, dans un art romanesque générateur de complexité. Au travers de ses dédales, de ses puissances illimitées, de ses brouillages entre vécu et réalité, par l’art d’une variation dans la focale, la fabulation permet de dévoiler des pans de réel, de faire de l’imaginaire un royaume à effets réels. Elle s’affirme comme une terre de mots apte à libérer des vérités cachées, insupportables ou désireuse d’enfouir les vérités intimes et extérieures sous des voiles qui les rendent inaccessibles. Évoquant le personnage d’Asmodée Edern, alias Thomas (ou Tommaso) Reguer, Vincent Engel écrit : «  il n’a d’autre volonté que d’ouvrir les êtres qu’il croise aux multiples destinées qui s’offrent à eux.  »  On y lira un autoportrait du romancier. Le romancier en tant que jongleur qui assemble les facettes de vies diverses afin d’en jouer comme d’un miroir qu’il nous tend.    Véronique Bergen Plus d’information Vincent Engel, né en 1963, est devenu assez jeune, au tournant des années 2000, dans le sillage de ses romans Oubliez Adam Weinberger (2000) et Retour à Montechiarro (2001), une figure référentielle de nos lettres. Un parcours très riche et très varié, dont rendent compte sa fiche Wikipedia ou son site personnel, impressionnants (il enseigne la littérature contemporaine à l’Université Catholique de Louvain, il a monté des spectacles avec Franco Dragone, écrit plusieurs pièces de théâtre, etc.). Celui d’un auteur aux dons multiples mais d’un homme très engagé aussi (il a repris la direction de la revue Marginales ou du Pen Club Belgique, créé le site mémoriel Liber Amicorum, etc.). J’ai lu naguère avec plaisir quatre de ses livres (Les diaboliques, Alma viva, Les vieux ne parlent plus, Le miroir des illusions) mais une cinquième lecture, celle de son renommé Retour à Montechiarro, m’a bouleversé : je me sentais plongé dans un ouvrage majeur, d’une puissance rarement croisée en francophonie. Une sollicitation de la Revue générale m’a présenté l’opportunité de lui consacrer un article, paru en mars 2023. Lors de la préparation de celui-ci, en fin 2022, un échange avec l’auteur m’a révélé ce que j’assimilais à un deuxième signe (une deuxième synchronicité jungienne ?) : l’ensemble du « cycle toscan » allait être réédité en mai 2023. Je me suis immergé dans la fresque complète. Sa richesse et sa capacité à se renouveler m’ont sidéré, elles appelaient un traitement original et approfondi, j’ai sollicité l’intervention de Jean-Pierre Legrand, mon complice de maints dossiers dialogiques (Véronique Bergen, Luc Dellisse,…

Privé : Phénomène : Portraits d’Amélie Nothomb

Paru aux éditions Gründ sous le titre Phénomène , un beau-livre présente le travail de Marianne Rosenstiehl sur Amélie Nothomb. Quatre-vingts portraits photographiques sont ainsi rassemblés, assortis d’interviews accordées par l’écrivaine à l’émission À voix nue de France Culture. Actes de colloques, livres d’entretiens, monographies, abécédaire, parodies… les livres sur Amélie Nothomb sont désormais presque aussi nombreux que ceux écrits par la pourtant prolifique romancière. Phénomène explore un pan important de la présence publique et médiatique, voire de l’œuvre, de l’écrivaine : les photos. Depuis 2003 et Antéchrista , la couverture de chacun de ses romans est en effet invariablement ornée d’un portrait en pleine page, tandis que ses interviews dans la presse sont toujours agrémentées d’images artistiquement mises en scène. Au fil des années, Amélie Nothomb a collaboré avec de grands noms de la photographie. On pense par exemple à Jean-Baptiste Mondino, Sarah Moon ou encore Pierre et Gilles. Et, donc, Marianne Rosenstiehl . La portraitiste française, qui affectionne le noir et blanc, a travaillé avec plusieurs icônes – Mylène Farmer, Isabelle Huppert et Juliette Binoche notamment. Avec Amélie Nothomb, la collaboration, qui a donné lieu à une exposition à Paris à l’automne 2021, a été de longue durée. Les photos reproduites dans Phénomène s’étalent sur dix-huit années, de 1995 à 2013. Certaines sont très connues (Marianne Rosenstiehl a notamment signé la photo, lèvres rouges façon geisha , choisie pour la couverture de l’édition de poche de Stupeur et tremblements ), d’autres plus confidentielles, ou même inédites.Malgré la longévité du compagnonnage entre l’écrivaine et l’artiste, et bien que toute photographie fasse inévitablement resurgir un instant passé et révolu, le volume édité chez Gründ donne finalement assez peu l’impression du passage du temps. Les photos n’y sont d’ailleurs pas classées par ordre chronologique. Ce qui frappe surtout, c’est le goût de la photographe et de son modèle pour des mises en scène éloignées de l’iconographie traditionnelle de l’écrivain. Qu’elle installe la romancière dans un décor parisien ou japonisant, qu’elle la coiffe d’un chapeau, d’une voilette ou la laisse nu-tête, qu’elle pose son objectif dans un cimetière ou saisisse son modèle juché sur une échelle, Marianne Rosenstiehl donne à voir non l’écrivaine Amélie Nothomb, mais des scènes, des embryons de fiction tantôt poétiques, tantôt incongrus, tantôt drôles, dont la protagoniste a pris les traits d’Amélie Nothomb. Les thématiques desdites scènes font écho, de manière plus ou moins directe, plus ou moins détournée, aux questions qui innervent l’œuvre littéraire de l’écrivaine. La seule série de photos qui fasse référence à l’écriture – un exemplaire des Catilinaires ouvert, Amélie Nothomb un crayon dans la main – est aussi celle où la romancière apparait comme morte, allongée sur un grand bureau à côté de sa création.Cette belle sélection de clichés, luxueusement reproduits, est précédée de la transcription d’un entretien en cinq épisodes accordé à l’émission À voix nue de France Culture en 2019. Séduisant par la qualité des interviews menées par Marie-Laure Delorme, ce choix éditorial étonne par son arbitraire apparent : à aucun moment Amélie Nothomb n’évoque les réalisations de Marianne Rosenstiehl ni même, plus généralement, son rapport à la photographie ou à ses portraits. Entre le texte et l’image, entre Nothomb telle qu’elle se dit et Nothomb telle qu’elle se montre, les échos sont discrets. On les devine ainsi dans l’évocation du rapport de l’écrivaine à son propre corps et à son apparence. Mais aussi, peut-être, dans son refus de distinguer la fiction de l’autobiographie (« mes livres de fiction sont mon autobiographie intérieure »). Dans les quelques mots qu’elle écrit à la fin de l’ouvrage, Marianne Rosenstiehl évoque le travail de la romancière sous sa direction comme une recherche « non pas pour interpréter des personnages mais pour leur donner corps et les faire coïncider avec les multiples facettes de son imaginaire  ».Si le « phénomène » choisi comme titre évoque bien sûr l’excentricité généralement attribuée à Amélie Nothomb, il situe aussi les photographies reproduites dans le livre dans un espace entre apparence et réalité. Et l’on se souvient alors de ces mots que Nothomb prêtait à l’un des personnages de Péplum (1996) : Entre ce qui a eu lieu et ce qui n’a pas eu lieu, il n’y a pas plus de différence qu’entre plus zéro et moins zéro. Nausicaa Dewez En savoir plus Les cinq épisodes de l’émission À voix nue diffusés en août 2019 sont toujours disponibles en ligne sur le site de…

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