Ce volume fait suite à Cent Nouvelles pas neuves (éditions Galopin, 2005).
Maître réputé dans le collage d’images, André Stas n’est pas moins expert dans le collage de textes. Le principe de ces cent nouveaux textes aléatoires : ouvrir un livre au hasard, recopier la première phrase qui vous tombe sous les yeux, recommencer l’opération dix fois, et s’ébahir du résultat obtenu.
Certes, on est averti d’emblée du procédé, on sait que l’on a affaire à des textes truqués. Certes, en les lisant, on se rend bien compte que « quelque chose cloche ». Pourtant, on ne peut s’empêcher d’y chercher du sens, mieux : d’en trouver.
C’est que nous n’aimons pas lire pour rien. La lecture exige de nous un effort, dont nous attendons la juste récompense. Sous leur apparence ludique, ces « nouvelles » en disent long sur le fonctionnement de l’esprit humain, sa propension à chercher partout de la cohérence, et à en fabriquer s’il n’en trouve pas, pourvu que l’objet proposé ait les apparences d’une totalité ou d’une continuité.
Aussi, bien que conscients de l’artifice, nous nous efforçons de combler les lacunes, nous nous évertuons à trouver une unité à ces membres épars. Nous nous surprenons même à reprendre tel passage, persuadés que nous ne l’avons pas bien lu, que quelque chose nous y a échappé. Avant de nous rendre à l’évidence : non, rien ne nous a échappé, c’est le texte qui s’est rendu insaisissable.
Auteur de Un second cent de nouvelles pas neuves
C’est trop peu dire que de définir André Stas comme un ‘pataphysicien (n’oublions pas l’apostrophe introductive, aussi indispensable qu’un porche à une cathédrale bien qu’elle n’ait d’autre fonction que de susciter d’interminables querelles entre aficionados sur le non-sens qu’elle incarne). ‘Pataphysicien certes, mais aussi collagiste, surréaliste, poète, aphorismophile et, en fait, pratiquant toutes les facettes de l’art de fourrer ses doigts taquins dans les trous de nez de la littérature. Et voici qu’après un premier opus du genre, c’est un « Second cent de nouvelles pas neuves » qu’il fait rouler sur le tapis de jeu. Rappelons que ce titre, comme le précédent, fait référence aux Cent nouvelles nouvelles,…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…
La passion de la littérature, de la culture russe, l’existence aimantée par la…