Tout est près, tout est loin : les vestiges de l’enfance, l’amitié, les amours difficiles, la mémoire et l’oubli, la solitude et l’ombre de la mort, la grâce furtive de la vie ordinaire, la mer atteinte au bout du train, les autres observés de biais, soi-même aperçu dans la glace. Funambule sur la corde du temps, Karel Logist cultive une sorte de distraction méthodique – mais méfiez-vous des distraits : rien ne leur échappe.
On marche On vole parfois
des mots au paysage
On tournoie dans le vent
On prononce pierre et on la lance
On épelle fleur et on la cueille
On murmure source pour boire
On pense que c’est là la vraie vie
dans laquelle tout se réinvente
Et peut-être n’est-ce même pas
une pensée solide
mais la voix énervée
d’un rêve qui revient
Karel LOGIST, Tout est loin, L’herbe qui tremble, coll. « D’autre part », 2022, 120 p., 16 €, ISBN : 978-2-491462-39-0Tout est loin : voilà bien une logistisation, une karellogisterie – un flou entretenu qui a du charme. Car rien n’est plus vrai et rien n’est moins faux quand le sentiment de proximité nous saisit à chaque poème, renversant le titre du recueil, malicieusement. Avec une simplicité d’apparence, Karel Logist sait comment dessiner les contours du trouble en nous rapprochant par le poème des paysages humains.Se saisissant des mots de tous les jours, le poète esquisse ici les malentendus de l’existence. « Je ne trouverai point / de meilleurs compagnons…
William CLIFF , Immortel et périssable , choix anthologique et postface de Gérard Purnelle,…