L’impensé de l’IVG | Objectif plumes

L’impensé de l’IVG

RÉSUMÉ

Capucine est très claire : elle avait vingt-trois et vingt-six ans. Avec le même garçon, précise-t-elle. La première fois, il s’agit d’un oubli de pilule, mais comme ses règles sont irrégulières, elle ne s’en rend pas compte tout de suite. « Tant mieux si vous n’avez pas vos règles de temps en temps », lui avait dit une fois sa gynéco. Quand les nausées commencent, elle s’inquiète. « J’avais vingt-trois ans, j’étais aux études, et je n’avais même pas réfléchi à la possibilité d’avoir un enfant. C’était une évidence que je n’en voulais pas et mon copain non plus. »

La parole féminine se libère peu à peu dans de nombreux champs jusque-là secrets, ou discrets : les règles, le harcèlement, le viol, l’injonction à la jeunesse et à la minceur, le post-partum, et plus récemment l’endométriose ou la maternité regrettée. Pourtant, l’avortement reste toujours un tabou. De quoi ce silence est-il le signe ? Entre les discours clivants, il ne reste guère de place pour le vécu, le sensible, la singularité des expériences.

Forte de sa pratique d’écrivaine du réel, Dominique Costermans a rencontré douze femmes qui ont eu recours à l’IVG. Avec ces douze récits, ces douze confidences courageuses et souvent bouleversantes, l’autrice espère entrouvrir la porte à un autre discours sur l’avortement, bienveillant, respectueux, libérateur.

COUPS DE CŒUR ET SÉLECTIONS
À PROPOS DE L'AUTRICE
Dominique Costermans

Autrice de L’impensé de l’IVG

Née à Bruxelles, Dominique Costermans s'est lancée dans l'écriture de fiction il y a une vingtaine d'années. Disciple de Carver ou d'Annie Saumont, elle explore le champ de la nouvelle et du texte court, genre auquel elle a déjà consacré sept recueils.Cette nouvelliste maintes fois primée (Prix de la Francité, Prix International Annie Ernaux) est aussi l'autrice de nombreuses publications didactiques, de plusieurs ouvrages sur l'environnement, le développement durable ou la santé, destinés aux enfants et aux enseignants, et d'un essai sur les prénoms. Parallèlement, Costermans a entretenu une activité de photographe qui s'est concrétisée par deux livres et plusieurs expositions.En 2017, elle publie un premier roman, Outre-Mère (Wilquin), unanimement salué par la critique et finaliste du prestigieux prix Marcel Thiry. En 2021 aboutissent de nouveaux projets littéraires : Le Bureau des Secrets Professionnels (récits sur le monde du travail, en collaboration avec Régine Vandamme, deux tomes), et huitième recueil de nouvelles, Des petits Plats dans les grands, aux éditions Weyrich. Dominique Costermans est aussi une chroniqueuse régulière de la revue de géopolitique culturelle Ulenspiegel et tient un blog qu'on peut consulter sur son site internet.www.dominiquecostermans.be
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Une situation d’appel, une secousse, des pourcentages mais « [d]errière ces chiffres cependant, pas de chair, pas de vécu, pas d’histoire, guère de contexte ». Une question de départ donne alors corps à cet Impensé de l’IVG : « Qui sont ces femmes qui avortent ? » ou, à plus forte mesure, « que disent les femmes quand elles peuvent parler de leur IVG ? »L’on assiste alors à l’éclosion de la parole de Garance, Marguerite, Églantine, Lilas, Flora, Capucine, Iris, Rose, Daphné, Violette, Anémone et Jasmine. Douze récits d’expérience d’interruption volontaire de grossesse, d’histoires vécues glanées et cueillies, sans effluve débordant, par Dominique Costermans.« Ces…


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Promenade sur Marx : Du côté des héroïnes

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Dans un style clair et parsemé d’humour, l’auteure inscrit parfaitement son propos dans la collection micro r-m qui propose, à travers des courts textes, d’enrichir la réflexion politique et philosophique autour des enjeux du féminisme. Ce qu’aime Valérie Lefebvre-Faucher, c’est enquêter sur les liens qui unissent les écrivains, et tout particulièrement les écrivaines, et c’est bien là que se joue son projet d’écriture dans Promenade sur Marx . C’est une découverte qui l’obligera (pour son grand plaisir) à s'éloigner du sentier tout tracé de l’histoire, balisé depuis des années et tenant comme seul et unique chemin praticable. Avant de prendre l’autoroute des idées, il a d’abord fallu construire collectivement des chemins alternatifs, au grand dam de celles et ceux qui aiment les choses bien rangées. « Je suis toujours étonnée de croiser ceux qui ne marchent que sur les grands boulevards, qui ne lisent que les majuscules prétentieuses de l’histoire. 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