Sacha Guitry, ça rend fou, la littérature (L'Article n°23)

RÉSUMÉ

Editorial :

Roman Jakobson relit les nouveaux vers que lui présente Maïakovski. Il s’exclame « C’est bon, mais moins bon que du Maïakovski ». Dans La Génération qui a gaspillé ses poètes, après la mort du poète de la révolution, le formaliste russe déplorera la disparition de ses possibilités créatrices. Face à la perte d’un créateur, Gaëtan Faucer ouvre une voie qui aurait pu consoler Roman Jakobson, celle qui convient à l’admirateur, à l’amateur d’une œuvre.
Jouer le Faucer. Créer une pièce qui pourrait être celle de Sacha Guitry. L’exercice est complet pour le critique. Il doit connaître mieux que le style et le phrasé, mieux que les formes d’humour employées fréquemment par l’auteur. Il doit atteindre le cœur créateur, toucher à l’esprit. Écrire « dans l’esprit de », sans recourir à aucun plagiat. Une œuvre entièrement nouvelle qui ne regarde pas vers l’arrière, qui s’avance vers son présent, qui veut rencontrer l’avenir. Se prêter à être, à incarner un moteur créateur disparu.
Et le résultat sera soumis aux pairs qui devront se rendre à l’évidence. « C’est du Sacha Guitry, c’est même mieux que du Sacha Guitry ». Le rêve de prolonger l’œuvre… Seule la bande dessinée franchit ce pas de nos jours. Si les aventures de Blake et Mortimer se poursuivent, pourquoi celles de Sartre et d’Homère devraient-elles s’arrêter ? Quand donc lirons-nous les prochains textes de Beauvoir, Colette et Yourcenar ? C’est cette voie-là qu’ouvrent l’interrogation critique, le mot de Jakobson et le texte de Gaëtan Faucer.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Gaëtan Faucer

Auteur de Sacha Guitry, ça rend fou, la littérature (L'Article n°23)

Né à Bruxelles, le 31 décembre 1975. Dramaturge, poète, aphoriste et nouvelliste. C'est surtout le théâtre qui l'inspire sous toutes ses formes. Plusieurs de ses pièces ont été jouées dans divers lieux théâtraux.

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Marcel Lecomte. Les alcôves du surréalisme , Textes de Paul ARON et Philippe DEWOLF , lettres de René MAGRITTE , préface de Michel DRAGUET, Cahier n°22 des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 144 p., 20 € Exposition jusqu’au 18 février aux M.R.B.A.B., rue de la Régence, 3, 1000 Bruxelles. Une exposition et une publication rappellent le souvenir de Marcel Lecomte, acteur discret du surréalisme en Belgique, écrivain, poète et critique d’art qui publia en 1964 Le Carnet et les Instants – un titre qui accompagne depuis sa naissance la revue de la Promotion des lettres belges. La place de Marcel Lecomte (1900-1966) au sein du surréalisme en Belgique et d’autres mouvements d’avant-garde, est l’une des plus particulières qui soient : à dix-huit ans, il fréquente déjà le poète et graveur dadaïste belge Clément Pansaers, auteur du Pan-Pan au Cul du Nu Nègre . Un peu plus tard, par son entremise, Lecomte publie un premier recueil chez Paul Neuhuys à Anvers. 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Et l’on pourrait poursuivre, en soulignant qu’il était dès les années 1930 suffisamment proche de Jean Paulhan pour que ce dernier le publie dans la N.R.F. , et préface encore en 1964 son livre de récits Le Carnet et les Instants … qui a donné son nom à la revue et au blog de la Promotion des lettres belges.En dépit d’un titre qui semble plus racoleur que nécessaire ( Les alcôves du surréalisme …), l’exposition consacrée à Marcel Lecomte par les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique réussit à situer assez justement, par le recours à des chapitres groupant œuvres et documents, le parcours tout en réseaux multiples de cet homme aussi méconnu qu’atypique. Figure discrète au sein du surréalisme belge, qu’il ne parvint jamais tout à fait à quitter et dont il évite les polémiques, Lecomte fut souvent remarqué (et moqué) pour son physique ingrat, et pour son verbe d’une lenteur toute cérémonielle. 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