Auteur de Rimbaud révolution
Avec ce nouveau livre, Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques, poursuit son exploration de la trajectoire politique rimbaldienne. L’homme est loin d’en être à son coup d’essai puisqu’on lui doit déjà quelques textes devenus, depuis leur publication, des ouvrages incontournables sur le sujet. Après une étude rigoureuse publiée en 2007 sous le titre Rimbaud et Marx : une rencontre surréaliste ainsi que Salut et Liberté, regards croisés sur Saint-Just et Rimbaud en 2009, Frédéric Thomas a rassemblé en 2012, sous forme d’anthologie commentée, un choix des poèmes politiques du poète. Collaborateur également du Dictionnaire Rimbaud paru dans la collection « Bouquins », l’auteur est, depuis quelques mois, au centre d’une autre…
Réinventer le vers : Philippe Beck en conversation avec Jan Baetens
La collection d’essais des Midis de la poésie propose un dialogue intense et serré entre deux poètes, deux philosophes, deux chercheurs. Jan Baetens interroge Philippe Beck et, à travers leurs échanges, se déploie une réflexion sur la poésie d’aujourd’hui, sur sa place dans la vie de la langue et sa position dans la société. Lire aussi : « Portes et livres ouverts : Midis de la poésie » ( C.I. n° 198)Philippe Beck propose un portrait du poète en ostéopathe. Le travail du poète fait en effet craquer les articulations de la langue ; il les déplace pour en faire entendre les possibles. Il réfute ainsi l’idée que le poème invente une autre langue. Cette notion d’articulation, centrale dans sa pensée, le conduit à sonder le rapport de la poésie au discours logique. Tout un pan de la poésie contemporaine refuse en effet les articulations logiques et privilégie la parataxe. Philippe Beck ne s’inscrit pas dans ce refus et tente de faire sonner les différences entre la poésie et la philosophie, sans nier leurs zones de convergences et d’interférences possibles.La question du vers, que pratique Philippe Beck, occupe une place importante dans le dialogue. Philippe Beck rappelle l’antériorité du vers sur la prose et son rôle dans la transmission. La question centrale de la poésie est ainsi celles des conditions qui rendent un énoncé vivant et lui permettent de réveiller les conditions d’une communauté. Une forme de musicalisation de la langue permet, pour Philippe Beck, de réveiller le rapport de chacun à la langue commune dans laquelle il baigne. Une langue « éveillée » serait une langue en expérimentation perpétuelle. Son but n’est pas de détruire le langage ordinaire, mais de combler ses manques, de les souligner, de les renforcer, de jouer avec ses ombres.Jan Baetens souligne, à ce sujet, l’une des particularités de la poésie de Philippe Beck : la façon dont elle ne se contente pas de la cadence, c’est-à-dire du nombre de syllabes, mais joue aussi sur les accents et la longueur relative des voyelles à la manière du système anglo-saxon.La question de l’articulation de la poésie et du discours théorique est ensuite abordée. Philippe Beck est en effet l’auteur d’un art poétique : Contre un Boileau. La théorisation est cependant venue chez lui après la pratique, au fil de l’écriture comme un désir de lutte contre la naïveté.Cet art poétique permet d’interroger l’articulation de la poésie et de la prose. Philippe Beck réfute leur séparation totale. Il s’intéresse, au contraire, aux proses qui circulent dans la poésie et au devenir-prose qui guette le poème. Il s’agit alors de jouer avec le risque du poème dans la prose et de la prose dans le poème pour empêcher que chaque discours ne se fige. François-Xavier Lavenne Philippe Beck est poète et philosophe et sa pratique de la poésie est inséparable d’une réflexion sur la place de l’écriture dans la vie de la langue et dans la société en général. Son travail poétique donne une place essentielle au vers, qu’il est un des rares à considérer comme élément clé de la poésie d’aujourd’hui. Nourrie d’une grande érudition et d’un sens très aigu de la responsabilité sociale du poète, l’écriture de Philippe Beck s’interroge sur la possibilité de refaire poétiquement la langue et, partant, la vie. Ce volume retranscrit un entretien entre Philippe Beck et Jan Baetens qui s’est tenu à Bruxelles dans le cadre des conférences des Midis de la…
Edmond Vandercammen ou l'architecture du caché (essai d'analyse sémantique)
À propos du livre (texte de l'Avant-propos) Edmond Vandercammen a publié 22 recueils poétiques entre 1924 et 1977, et une quinzaine d'études critiques; il traduisait depuis les années trente les poètes de langue espagnole; il entretenait des contacts personnels et épistolaires avec de nombreuses personnalités du monde culturel et littéraire, était membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Plusieurs revues lui ont rendu hommage par un numéro spécial et la célèbre collection «Poètes d'aujourd'hui», aux éditions Pierre Seghers, lui a consacré le tome 124. D'autre part, ses uvres, reçues lors de leur parution avec un enthousiasme sincère, comme la presse et sa correspondance en témoignent, n'ont guère trouvé de lecteurs hors du milieu proche de la vie littéraire et n'ont plus été réédités. Les enquêtes réalisées auprès des libraires de Bruxelles nous ont prouvé que ses livres, dans la mesure où ils se trouvent en librairie, n'ont plus d'acheteurs. S'agit-il simplement d'un phénomène général lié à la situation sociale de la poésie d'aujourd'hui, ou bien la poésie d'Edmond Vandercammen fait-elle objet d'un paradoxe, d'une contradiction qui demande une explication? Son uvre, est-elle liée trop étroitement à son temps, et donc périssable, ou bien le dépasse-t-elle au point que seuls quelques initiés et ceux qui étaient proches de lui ont pu mesurer son importance? Jouissait-elle d'une conjoncture littéraire exceptionnelle des années trente ou des années cinquante, conjoncture dont a largement profité la génération née autour de 1900? Toutes ces questions nous ramènent à une constatation et à une réponse d'ordre général : surestimé ou sous-estimé en même temps, Edmond Vandercammen, s'il n'est pas méconnu, est certainement mal connu. Entouré d'amis, de poètes et d'admirateurs, vivant dans un monde paisible et apparemment hors des conflits et des difficultés que connaît notre société, il a pu s'affirmer, s'assurer une estime et une reconnaissance par-fois trop généreuses pour qu'elles puissent comporter aussi un jugement critique. Excepté quelques analyses approfondies. les articles qui lui sont consacrés témoignent avant tout d'une admiration sincère certes, mais qui n'aboutit pas toujours à une appréciation juste de l'uvre. Si notre but est donc de rendre justice à ce poète mal connu. nous devons tenter un jugement objectif. Et ce n'est pas lui faire une faveur spéciale que de souligner avec lui que juge-ment objectif ne veut pas dire jugement froid, «raisonné», contre lequel, pris à la lettre. il s'est clairement prononcé. Cependant, il nous paraît essentiel de tenter ce jugement objectif à travers ses textes poétiques et de montrer ainsi les correspondances entre l'homme et son univers, entre le poète et son oeuvre, entre la poésie et…
Le mouvement romantique en Belgique (1815-1850). II Vers un romantisme national
À propos du livre Nonum prematur in annum L'exigeant précepte d'Horace a trouvé, cette fois, sa rigueur dépassée, puisque c'est de 1948 qu'est daté le premier tome du présent ouvrage. Bien malgré nous, il est vrai : des occupations professorales absorbantes, la maladie ensuite, puis de cruelles épreuves familiales ont, trop longtemps sans doute, retardé la rédaction, la mise au point et l'achèvement de ce tome II et dernier. On s'en excuse. Après un tel délai, peut-être n'est-il pas inutile de rappeler à cette place le dessein qui n'a pas cessé d'être le nôtre. C'est de poursuivre, dans le milieu belge, entre 1815 et 1850, une enquête attentive sur l'évolution des idées, des tendances et des réputations littéraires. La suivant à la trace, nous avons cherché à en préciser la marche dans les esprits et dans les écrits de ce temps. Revues et journaux, préfaces et critiques nous ont fourni l'essentiel de notre documentation. Nous avons tenu le plus grand compte des influences étrangères, et singulièrement de celle du romantisme français, dont la contrefaçon multiplie alors les oeuvres parmi nous. Et nous n'avons pas négligé de mesurer, quand il y avait lieu, les répercussions des événements politiques ou sociaux sur le devenir, en nos provinces, de la «chose littéraire». Notre propos a donc été, dans l'essentiel, l'étude d'un mouvement d'idées. On aurait tort de chercher ici un relevé complet des auteurs belges de l'époque romantique et un catalogue de leurs ouvrages. Nous avons, pour notre modeste part, essayé de tracer un tableau abrégé de cette époque de notre passé littéraire dans quelques chapitres de la grande Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, dont nous avons naguère dirigé la publication avec notre savant confrère et collègue, M. Joseph Hanse. On nous permettra d'y renvoyer. Ici, la production nationale nous intéresse avant tout dans la mesure où elle rend témoignage de la marche des idées littéraires ou en illustre le cheminement. Volontairement réduites au minimum, nos indications bibliographiques sont, strictement, celles des textes qui ont fourni nos citations ou autorisé nos conclusions. En d'autres termes, notre dessein a été ici, avant tout d'apporter une contribution valable à l'histoire des idées, er souhaitant qu'elle puisse servir à illustrer un jour ce que notre regretté maître Fernand Baldensperger appelait «une sorte de philosophie de la vie et du mouvement en littérature». Nous ne nous flattons pas d'y avoir réussi. Du moins espérons nous qu'on pourra trouver aux pages du présent tome, comme à celles du précédent, des citations nouvelles ou peu connue: et des témoignages inédits,…