« Éloge, élégie ? À peine ai-je posé les yeux sur ma Belgique et sur la mer et l’enfance, qu’une mélancolie intempestive se lève, comme une vapeur ou une brume. Peut-être incommode, en début de livre. Et pourtant. Et pourtant, tout Belge sait que les choses commencent par du brouillard ; tout matin, par cette humidité opaque que les yeux ou les phares des autos doivent vaincre. Marie Gevers parle de “la source du gris”, qui est à la fin “une grande joie”. Le brouillard est un chemin, lui aussi. Un passage. Nous verrons où lui et la mélancolie nous mènent, vers quel jour, vers quelle lumière. »
Ce petit éloge, dense et poétique, transporte le lecteur au cœur de la Belgique.
Auteur de Petit éloge de la Belgique
Grégoire Polet consacre à la Belgique deux ouvrages parus simultanément : le premier à l’enseigne de Gallimard, le second dans la collection « Belgiquese.Dans Petit éloge de la Belgique, l’éloignement du pays natal pendant plusieurs années a sans doute éclairé d’une lumière nostalgique certains textes. Les épisodes de l’enfance à la Mer du Nord nous valent des pages à la poésie subtile, d’une grâce semblable aux aquarelles de Rik Wouters. Polet y écrit les rêveries d’enfant avec « des mots-voiliers sur l’horizon de la mer ».La diversité des tons du recueil en fait un kaléidoscope scintillant où s’entrelacent l’ironie douce-amère, l’espièglerie et la tendresse souriantes de l’auteur…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…