En fin d’après-midi, l’été, quand on va s’asseoir avec son livre sur le banc au fond du jardin, il y a de grandes chances pour que, à peine installé, on l’entende, du haut de la cheminée de la maison. C’est toujours elle qu’il choisit, à cette heure-là. (…)
Sur le banc, on quitte un instant son livre et on lève les yeux vers lui qui, là-haut, vous fait face, tête dressée, bec grand ouvert, et lance sans se presser ses phrases flûtées par-dessus les jardins et les toits du quartier, s’arrête un instant après sa tirade, se lisse une plume ou l’autre, étire une aile, puis reprend.
Autrice de Poids plumes
Illustrateur de Poids plumes
Qu’allait écrire Nicole Malinconi, après avoir donné voix à Theresa Stangl, la veuve de Franz Stangl, ex-commandant du camp d’extermination de Treblinka (Un grand amour, 2015) et entrepris sa première fresque historique (De fer et de verre. La Maison du Peuple de Victor Horta, 2017) ? Où son écriture allait-elle la mener ? Elle qui n’œuvre jamais dans la compétition, le calcul, le bruit et la fureur du temps présent n’a pas surenchéri ; elle est revenue à nu, sans documentation, au départ ; elle a retrouvé son fidèle regard, l’a ouvert sur l’alentour, le pas très loin ; elle est retournée vers ces vies minuscules à qui elle a toujours accordé une place de choix dans ses livres, vers les plus minuscules des minuscules, ces/ses oiseaux…
Autrice confirmée dès son premier roman, Nicole Malinconi prouve encore une fois sa géniale humilité à travers ce texte d’où elle tente de s’effacer afin de faire place aux oiseaux de chez nous. Le résultat, illustré par les gommes de Kikie Crèvecoeur, est paru cet automne chez Esperluète sous le titre Poids plumes.