Nu-tête

RÉSUMÉ

Cécile, une danseuse habituée à maîtriser son corps, découvre, dans sa vingt-deuxième année, qu’elle est atteinte de la maladie de Hodgkin.

L’occasion pour elle de s’interroger sur sa vie. Sur la vie. L’amour, la souffrance, la mort, le regard des autres.

Cécile se parle. Se découvre. Et, à l’intersection de ce dialogue, une autre voix se fait entendre. Celle du médecin qui la soigne. Il n’est pas malade, lui. Mais ça ne l’empêche pas de porter ses propres souffrances. Ses propres espérances. Et la voix du médecin fait ainsi étrangement écho à celle de Cécile. Ces deux voix qui avancent sur des chemins parallèles parviendront-elles à se rejoindre ?

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Nu-tête
Nu-tête

Première édition
Éditeur : Labor
Date : 1993
Format : Livre

À PROPOS DE L'AUTEUR
Anne François

Auteur de Nu-tête

Anne François lit six langues. Elle a voyagé, enseigné dans le secondaire, fait jouer une pièce de théâtre, réalisé des courts métrages, des émissions de télévision littéraires et médicales, organisé des ateliers d'écriture... Elle est de ces femmes qui "font" la RTBF et qu'on ne voit jamais, alors que le succès de Nu-tête a fait d'elle un écrivain connu. Lauréate du prix Rossel, elle en est à présent membre du Jury. Après la belle émission Si j'ose écrire, conçue et présentée par Dolorès Oscari, elle réalise actuellement Dites-moi de Michèle Cédric, sans perdre de vue son troisième roman en cours d'écriture. C'est une femme qui vit au rythme de son temps. Ses activités professionnelles lui permettent, comme elle le déclare elle-même, de valoriser le travail des artistes et plus spécifiquement encore des auteurs et des poètes, tandis que ses romans témoignent d'un intérêt passionné pour le facteur humain : l'amour, la souffrance, la mort qui guette... Une oeuvre pudique et réaliste qu'il convient de lire comme un témoignage sur son époque. Les romans d'Anne François ne sont pas autobiographiques. Cécile, l'héroïne de Nu-tête, et Lucile, celle de Ce que l'image ne dit pas, sont des êtres de papier. Le lecteur est prévenu dès la première page de chaque livre : "Ce roman est une oeuvre de fiction, toute ressemblance avec des personnages, des situations ou des lieux réels ne serait que pure coïncidence". La vérité des deux oeuvres est ailleurs. Ecrivain réaliste, Anne François situe des personnages imaginaires dans des lieux et des situations qu'elle connaît, qu'elle a rencontrés elle-même en d'autres circonstances. Passionnée de danse, mais romaniste de formation, elle crée le personnage de Cécile, jeune danseuse obligée par la maladie de renoncer à son métier. Les étapes de la maladie de Hodgkin si scrupuleusement décrites, elle les a connues elle-même en 1980-1981. Elle en a guéri et, si elle se fiance en 1982, ce n'est pas avec le médecin. Les connaissances qu'elle a puisées dans la maladie pour écrire son premier livre, elle les demande pour le second à son métier. C'est la réalisatrice de la RTBF qui imagine un reportage chez une femme qui vit seule avec une enfant autiste. Les remerciements qu'elle adresse en postface à "Lucile" nous éclairent sur une de ses sources d'information. Trois lignes de force soutiennent la vie de cet écrivain. Le goût des lettres se manifeste le premier quand elle choisit la philologie romane à Louvain (1976-1981). Il chemine dans l'atelier d'écriture romanesque ou le séminaire d'écriture théâtrale. Il se montre au grand jour avec une pièce de théâtre Marthe et le mandarin (1987). Il trouve sa consécration dans la publication de deux romans, Nu-tête (1991) et Ce que l'image ne dit pas (1995). Il se manifeste encore avec l'adaptation théâtrale du Petit homme d'Arkhangelsk de Simenon (2003). Un troisième roman, Du tango comme art martial, est en cours d'écriture. Le goût de l'image et du spectacle est une seconde ligne de force. De brillantes études à l'INSAS (1984-1988) lui permettent, après avoir occupé divers postes d'assistante et de régisseur sur films de long métrage (Patrick Conard, Lili Rademaekers, Claude d'Anna, Herman Van Eyken) et au journal télévisé de la RTBF, d'être nommée réalisatrice à la RTBF. Mais le portrait d'Anne François serait incomplet si l'on omettait les noms de ses deux fils. Adrien, né en avril 1991, entre l'assurance de la carrière (1990) et la publication de Nu-tête (août 1991), bientôt consacré par les prix Rossel et NCR (National Cash Register), illumine l'année de tous les bonheurs. En 1994, Hugo précède de peu le second roman. Anne François, née à Hasselt le 20/09/1958, est dans la force de l'âge. Nous rencontrerons encore son nom. Anne François est décédée en 2006 au terme d'une longue maladie.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Nu-tête, paru chez Albin Michel, vient de valoir à Anne François le Prix NCR, chose qui ne doit pas lui peser davantage que son couronnement au prix Rossel. Anne François joue les frêles, mais c’est pour mieux ne pas gaspiller cette étonnante volonté qui transforme les êtres éprouvés en vrais écrivains. Ecrire, dit-elle, comme on filme. Un film que nul ne verrait jamais sur grand écran, un film destiné à l’intime projection de la lecture. A quel cinéma joue-t-on ? Deux personnages, le médecin et la danseuse, s’apprivoisent en un long champ/contre-champ de cent quarante pages. Très « Nouvelle vague », ils ne se disent presque rien, le corps suffit d’abord à faire plier tous les langages. Ils racontent, chacun à leur tour, et sans désordre,…


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Âme blanche

La postérité est quelquefois injuste, le présent trop souvent amnésique et le public belge francophone peu conscient de son patrimoine littéraire. Ainsi des écrivains de valeur connaissent-ils les affres du purgatoire et leurs œuvres restent-elles absentes des rayons des librairies. Pour les femmes, la difficulté est accrue par le fait que l’Histoire littéraire a été écrite par des hommes. Pourtant, dès le début de la Belgique, certaines ont tenté de percer dans un monde des lettres encore exclusivement masculin et ont bravé les préjugés qui entourent les femmes artistes. Ce sont ces figures oubliées que la jeune maison d’édition Névrosée , dirigée par Sara Dombret, entend sortir de l’ombre en publiant une première série de douze livres de femmes écrivains belges. Parmi celles-ci, certains noms sont connus comme Caroline Gravière ou Madeleine Bourdouxhe, alors que d’autres ont totalement disparu de la mémoire collective. Marguerite Baulu et Jeanne de Tallenay, dont le roman L’invisible constitue une remarquable découverte , se voient ainsi remises à leur juste place grâce à cette initiative. Parmi ces femmes de lettres belges, Marguerite Van de Wiele (1857-1941) est la première à avoir vécu de sa plume. Célibataire, à la fois journaliste et romancière, acclamée par les plus grands écrivains de son temps, chargée de missions officielles, mais aussi souvent en butte à la misogynie ambiante, elle a ouvert des portes aux générations suivantes de femmes de lettres belges. Elle livre, dans ses romans, des portraits de femmes confrontées au corset empesé de normes que leur impose leur milieu. Doivent-elles se soumettre et consentir à se laisser détruire ou tenter de se libérer au risque de voir s’abattre les jugements réprobateurs, de devoir s’endurcir et, peut-être, de se perdre ? Évangéline, le personnage principal d’ Âme blanche, est prise au cœur de ce dilemme. 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Elle montre ainsi l’envers de cet âge d’or, qu’on se plait à rêver, d’une Belgique florissante dans la deuxième moitié du 19e siècle.Évangéline est une enfant privée d’enfance par la faute d’une faillite des adultes, qui se révèlent incapables de remplir leur rôle protecteur et encore moins de comprendre les besoins d’un enfant. La première de ces adultes irresponsables est la mère. Elle ne peut cependant être blâmée, car elle est une victime, rejetée par sa famille et enfermée dans un asile. Les premières pages du roman évoquent le paradis perdu de la petite enfance. Quelques sensations suffisent à faire renaître le souvenir enchanté et mélancolique d’un temps où l’affection maternelle était associée à la musique et à la vivacité d’un trop-plein d’émotions, libres de s’exprimer. Déjà, la petite fille éprouvait une sourde inquiétude, comme un voile posé sur ses ravissements d’enfant, voile que la distance du souvenir ne fait qu’accentuer et muer en tristesse. Elle semblait pressentir le drame, qui la précipiterait à jamais hors de l’enfance : l’effondrement de sa mère en elle-même. La culpabilité que ressent la jeune femme à la mort de son mari désorganise en effet cette âme trop sensible. Elle se met à délaisser sa fille avant d’être internée. Lorsqu’Évangéline vient la visiter, bravant l’interdit familial, sa mère est incapable de la reconnaître. Elle tente alors une thérapie par la tendresse. Chez Marguerite Van de Wiele, la sensibilité du cœur est à la fois une fragilité, qui peut mettre en danger, mais aussi l’espoir de se sauver. Si Évangéline parvient à ranimer sa mère, elle provoque toutefois une inversion de génération puisque celle-ci se met à l’appeler « maman ». L’enfant se voit contrainte de rassurer l’adulte et de faire face, seule, à des problèmes qui ne sont pas de son âge.Avec la maladie de sa mère, Évangeline a en effet été placée dans sa famille paternelle, une famille où le cœur n’a pas sa place et qui est dominée par un adulte-roi, capricieux et égoïste, le grand-père, dont la toute-puissance du désir profite de l’allure respectable que confèrent l’âge et de la dignité du médecin. Dans cette famille, les femmes sont reléguées dans la cuisine-cave. Elles vivent en se privant de tout, unies dans le culte du mari et du père, tandis que cette idole familiale parade, confortablement vautrée sur un matelas de mensonges, et exige d’elles sans cesse plus de sacrifices jusqu’à les abandonner dans sa chute. Le portrait de la tante Josine révèle le drame que vivent ces êtres de l’ombre et la manière dont il modèle leur personnalité. La vieille fille apparaît d’abord comme un être sec, dépourvu d’amour, avant de révéler son caractère tragique. Elle est l’exemple de ces femmes que leur milieu a empêchées de s’épanouir et a enfermées dans une dictature du dévouement. Contrairement à sa mère, elle n’est pas aveuglée par la vénération de son père, mais tente tant bien que mal d’assumer la responsabilité de ce parent irresponsable et de gérer le désastre qu’il a laissé pour seul héritage. Une fois libérée de ce poids familial, elle s’en choisit un autre, puisqu’elle part se consacrer aux blessés et aux malades de la guerre du Transvaal.Cette vocation austère, faite de devoirs et de renoncement à soi, attire Évangeline, même si l’espoir d’une vie réconciliée avec la sensibilité de l’âme reste présent au plus profond d’elle. Lorsqu’elle découvre le foyer de son oncle maternel, une telle existence paraît soudain possible, mais l’illusion s’estompe rapidement. Elle y rencontre en effet une autre forme de ces adultes frivoles, incapables d’incarner des repères pour des jeunes gens. Sa tante ne voit en elle qu’un enfant-jouet, une poupée qu’elle se plaît à habiller dans l’espoir de parader dans son cercle d’amies et dont elle se lasse vite.Cette tendance à réduire l’enfant à une chose qui doit correspondre au désir de l’adulte est illustrée, de manière délirante, par une voisine, dont la petite fille est décédée. Profitant de la ressemblance stupéfiante entre les deux enfants, la voisine décide de faire jouer à Évangeline le rôle de la jeune morte en la faisant poser dans ses habits au milieu de ses frères en deuil devant l’objectif d’un photographe, comme si elle était redescendue, pour un instant, du ciel. La mère, tout à la réalisation de son fantasme, ne se rend pas compte du trouble qu’elle provoque dans l’âme mystique d’Évangéline. Pendant longtemps, je vécus dans le regret inconsolable de n’être pas Henriette, d’exister si loin du séjour de paix et de lumière, pressenti, comme par miracle, tandis que je posai pour elle et où j’aurais juré avoir vu des archanges m’appelant, tendant vers moi des bras ailés, alors qu’un objectif était braqué sur ma forme matérielle. L’épisode souligne toutefois la nature angélique de la petite fille, la fluidité de son identité et son envie d’échapper à la pesanteur du milieu bourgeois, où ne l’attend qu’une destinée en…