« Écrire, c’est se perdre avec l’air de celui qui semble savoir où il va, car écrire passe par cet état de perte, hors de contrôle, qu’il sera toujours temps de contrôler. Il faut accepter cet inconfort, suivre le mouvement de son texte et lui faire confiance jusqu’à gagner en liberté et ouvrir son imaginaire. Au fil des expérimentations, on cherche à trouver son propre gabarit littéraire, autrement dit, sa langue, sa forme, son propos.
Écrire, c’est aussi se confronter à un formidable catalogue d’œuvres qui font la littérature. Si elles nous fascinent tant, c’est que nous y avons appris à voir le monde par les yeux de celles et ceux qui se sont posé les mêmes questions adaptées à leur époque, suscitées par elle et la longue mémoire des siècles » (J. R. et N. S.).
Comment Racine, Flaubert ou Proust se sont-ils « trouvés » ? Et tant d’autres, de Kerouac à Bernhard, de Woolf à Duras, en quoi leur œuvre peut-elle apporter des réponses aux romanciers en proie à la passion d’écrire, mais aussi aux blocages, aux doutes, aux errances… ? Puisant dans l’histoire des lettres comme dans la pratique des ateliers d’écriture, Jean Rouaud et Nathalie Skowronek nous proposent un voyage aux sources de la création, mêlé de conseils et d’exercices, pour délivrer un art poétique tout personnel.
Autrice de Nécessaire d'écriture
Un nécessaire de couture comporte de nombreux objets : patron, ciseaux, aiguilles, fil, etc. Il en est pareil de ce Nécessaire d’écriture. Conseils aux jeunes romanciers, de Jean Rouaud et Nathalie Skowronek. On y trouve des recommandations sur l’art d’écrire, des propositions d’exercices, des réflexions sur la littérature, de l’histoire littéraire, et surtout l’expression de leurs propres expériences.L’essai est centré sur le roman, malgré la difficulté, énoncée d’emblée, de pouvoir définir ce que l’on entend par là, d’autant que sa conception a varié avec le temps. L’idée centrale est qu’un genre est largement influencé par l’époque. Il était ainsi inconcevable que Racine se…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…