Le mouvement romantique en Belgique (1815-1850). II Vers un romantisme national

RÉSUMÉ

À propos du livre

Nonum prematur in annum… L’exigeant précepte d’Horace a trouvé, cette fois, sa rigueur dépassée, puisque c’est de 1948 qu’est daté le premier tome du présent ouvrage. Bien malgré nous, il est vrai : des occupations professorales absorbantes, la maladie ensuite, puis de cruelles épreuves familiales ont, trop longtemps sans doute, retardé…

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Table des matières

AVANT-PROPOS

1. — LENDEMAINS DE RÉVOLUTION

Déclin de l'activité littéraire dans l'intensité de la vie politique.

i. — Le Saint-Simonisme. — Sa propagande en Belgique. — Accueil contrasté et rapide décadence. — Les Chants de Réveil de Ch. Donald. — Ses imitateurs.

II. — La poésie politique. — L'influence de Béranger, de Casimir Delavigne, d'Auguste Barbier, de Barthélemy et Méry. — Leurs disciples belges. — La vogue de la cantate.

III. — Le retour à la littérature. — Quelques mises au point. — Le type du «Jeune Belgique». -- Caractères du « bousingot » belge. -- Les suicides romantiques. — Le cas van Beveren et les commentaires qu'il suscite.

IV. — Faible action des lettres étrangères. — La gloire de Byron et de Walter Scott. — Mistress Trollope et lady Morgan. — Un nouvel astre au ciel anglais : Bulwer-Lytton. — La mort de Goethe. — Intérêt pour la poésie épique allemande. — Bürger et Uhland. — Boerne et Jean-Paul. — Révélation de Henri Heine. — Mickiewicz et la poésie polonaise. — Gloire de Silvio Pellico.

II. — LE FLOT ROMANTIQUE (1830-1835)

Le Retour aux lettres.

i. — Éclipse passagère de Chateaubriand. — Permanence de la gloire lamartinienne. — Des vers de Charles Froment. — Parallèle avec Casimir Delavigne. — Une épître de Mme Van Langendonck. — Un voyage en Belgique manqué.

II. — Victor Hugo. — Un hommage liégeois. — Une épître belge dans l'Avenir. — L'accueil fait aux Feuilles d'Automne : enthousiasme d'une part, réserves et éloges mesurés d'autre part. — Réaction contre l'horrible. — Le fort et le faible de Notre-Dame de Paris. — Intérêt pour Littérature et philosophie mêlées.

III. — Fâcheux débuts d'Alfred de Musset. — Éloges du Spectacle dans un fauteuil. — Enthousiasme d'André Van Hasselt et ironie de J.-B. Vautier. Musset, héraut du romantisme. — Réticences devant le Stello de Vigny. -- L'apologie du poète et du romancier par Auguste Baron. — Éloges concordants de l'Emancipation et de l'Indépendant. Les amitiés belges de Sainte-Beuve. — Accueil mélangé réservé au poète. — Divergences autour de Volupté.


IV. — La révélation de George Sand. — Résistances à Lélia. — Byronisme ou satanisme ? — Un greffier paladin. — Son apologie de George Sand. — Autour du Secrétaire intime et de Jacques. — Éloges unanimes du style et condamnation des tendances de l'oeuvre.


V. — L'astre de Balzac à l'horizon belge. — Les Romans et contes philosophiques l'imposent à l'attention. — Semi-échec des Contes drolatiques. — Le «peintre de la femme». — Le Médecin de campagne. — Succès d'Eugénie Grandet. — La réédition des Chouans.

VI. — Vogue de Lamennais. — Succès foudroyant des Paroles d'un Croyant. — Polémiques autour de ses idées ; accord sur sa valeur littéraire. — Gloire sans lendemain. — Celle de Charles Nodier se maintient. — Son voyage en Belgique de 1835. — Déclin de Mme Desbordes-Valmore. — Ses oeuvres en prose le précipitent.

VII; — Réputation de Mérimée. — Attention peu avertie pour Stendhal. — Le Rouge et le Noir mis à son rang. — Révélation d'Eugène Sue. — Curiosité pour le roman maritime. — Con-damnation du genre. — Le Bibliophile Jacob et Michel Raymond. — Vogue fugitive de Gustave Drouineau. — Jules Janin et Saintine. — Brillants débuts de Frédéric Soulié. — Quelques minores.

III. — L'APOGÉE DU DRAME (1830-1835)
À PROPOS DE L'AUTEUR
Gustave Charlier

Auteur de Le mouvement romantique en Belgique (1815-1850). II Vers un romantisme national



Gustave Charlier appartient à cette élite de grands savants qui conçoivent la recherche et l'enseignement comme un apostolat. Né 1e 20 juillet 1885 à Huy, où son père est instituteur, il parcourt brillamment le cycle des humanités à l'athénée de sa ville natale. Inscrit à l'Université de Liège, il choisit la section de philologie romane, créée récemment par Maurice Wilmotte. Encouragé par ce maître dynamique, il s'oriente vers l'histoire de la littérature moderne, un domaine que la science universitaire, chez nous, avait négligé. Du premier coup, il fait merveille. Sa thèse de doctorat présentée en 1908, Le sentiment de la nature chez les romantiques français, remaniée à Paris sous la direction de Gustave Lanson, couronnée en 1912 par la Classe des lettres de l'Académie et publiée ensuite par ses soins, réussit à embrasser, par le biais d'un thème, les soixante-dix années (1760-1830) d'une évolution cruciale, à concilier la rigueur qu'exige le fait historique avec la finesse que réclame la valeur esthétique et, par respect de la hiérarchie des talents, à doser ce qui est dû aux grands et ce qui revient aux minores. En 1912, l'auteur de cet ouvrage original, remarquable par son érudition, sa méthode et son style, n'a que vingt-sept ans. Une maîtrise prodigieusement précoce!

Alors que, au terme de deux séjours fructueux à l'étranger, l'un à Florence, l'autre à Bonn, effectués grâce à une bourse de voyage, il se trouve dans une situation précaire, l'Université libre de Bruxelles, en décembre 1912, fait appel à lui pour remplacer le professeur Hermann Pergameni, tombé gravement malade et décédé peu après, en avril 1913. C'est le début d'une longue et féconde carrière professorale, qui prendra fin en septembre 1955, à l'heure de la retraite. On n'en rappellera ici que deux moments. En 1920, Gustave Charlier, promu professeur ordinaire, est chargé de la section de philologie romane, qui, sous sa tutelle et avec la collaboration de l'hispanisant Lucien-Paul Thomas, un peu plus tard de la médiéviste Julia Bastin, sera la pépinière d'historiens, de philologues et d'exégètes accomplis. En novembre 1941, en qualité de président de la Faculté de philosophie et lettres, il fait partie du conseil d'administration qui décide de fermer l'institution plutôt que de se soumettre aux exigences de l'occupant. Ce courage lui vaut, ainsi qu'à ses collègues du conseil, d'être incarcéré à la citadelle de Huy de décembre 1941 à mars 1942, ensuite de vivre sous la menace constante d'une détention comme otage. Il endure ces épreuves avec un admirable sang-froid et la tranquille certitude de la déroute inéluctable de l'ennemi.

L'œuvre de Gustave Charlier (vingt-huit livres, d'importantes contributions à des ouvrages collectifs, quelque cent soixante articles) frappe par son ampleur et sa variété. Aucune époque de l'histoire des lettres françaises n'a été exclue du champ de ses investigations. La liste est impressionnante des écrivains illustres qu'il a traités tantôt dans le flux d'un courant, tantôt à propos d'une œuvre ou d'une incidence biographique : Villon, Commynes, Marot, Ronsard, Montaigne, d'Urfé, Corneille, Molière, Bossuet, Racine, Voltaire, Rousseau, Diderot, le prince de Ligne, Chénier, Chateaubriand, Lamennais, Stendhal, Lamartine, Vigny, Balzac, Hugo, Mérimée, Sainte-Beuve, Musset, Gautier, Gobineau, Charles De Coster, Baudelaire, Camille Lemonnier, Verlaine, Van Lerberghe. Plus fournie encore serait l'énumération des auteurs secondaires dont il a marqué la place. Estimant qu'on perd le fil de l'histoire littéraire si l'on coupe de leur contexte les œuvres maîtresses, il s'est appliqué à mettre en lumière les précurseurs perdus de vue, les contemporains laudateurs ou détracteurs, les épigones plus ou moins doués.

Deux recueils de ses études, De Ronsard à Victor Hugo (1931) et De Montaigne à Verlaine (1956), ont pour sous-titre : «Problèmes d'histoire littéraire.» La clef de Clitandre, l'énigme de la première version de Tartuffe, la relation d'Athalie avec les malheurs de Jacques II et des siens, la genèse du Dernier Jour d'un condamné, celle de Mateo Falcone : parmi beaucoup d'autres également semées d'embûches, ce sont quelques-unes des questions que l'historien traite avec l'autorité d'un savoir encyclopédique que traverse l'éclair des intuitions.

Son séjour en 1910 à l'Università degli studi de Florence est à l'origine de sa passion pour la littérature italienne. Elle lui a inspiré notamment le Manzoni (1924), le Torquato Tasso (1928) et le Machiavel (1935) parus dans la fameuse collection des «Cent chefs-d'œuvre étrangers.»

Comparatiste, il s'est intéressé aux relations qui s'établirent entre la littérature française et notre pays. Là aussi, il lui a fallu élucider pas mal de points obscurs comme on s'en avise à la lecture de Stendhal et ses amis belges (1931) et de Passages (1947).

Son édition critique (1922) des Lettres à Eugénie sur les spectacles du prince de Ligne est le modèle d'un genre exigeant qu'il a pratiqué à diverses reprises : en 1931, Trage-comédie pastoralle (1594) de Claude Bassecourt; en 1932, Jours de solitude d'Octave Pirmez; en 1954, Lettres à une jeune fille de Charles Van Lerberghe.

Évocation magistrale de la vie intellectuelle de nos provinces au XVIIIe siècle, l'introduction aux Lettres à Eugénie inaugure la série des travaux qu'il a consacrés au passé littéraire national. On lui doit, dans ce secteur de ses recherches, plusieurs exposés de grande amplitude, parmi lesquels les chapitres qu'il a signés dans l'Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique (1958), publiée sous sa direction et celle de Joseph Hanse, et – pièce maîtresse de son œuvre – Le Mouvement romantique en Belgique (1815-1850). I. La Bataille romantique (1948); II. Vers un romantisme national (1959). Il corrige les épreuves du tome II de cet ouvrage monumental lorsque la mort vient le frapper le 8 avril 1959. Depuis le décès de son épouse, l'historienne Suzanne Tassier, il languissait. Comblé d'honneurs à l'étranger comme dans son pays, il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 18 janvier 1923.


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