Luc Baba – Cartographie d’une Cendrillon mutine

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Auteur prolifique et multiforme, le poète est quant à lui aussi rare sur papier qu’il se révèle généreux sur la scène. Luc Baba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous revient cependant avec un troisième recueil, La colère est une saison, dans un registre qu’il éprouve et expérimente depuis quelque temps déjà : l’art du portrait.

Auteur prolifique et multiforme, le poète est quant à lui aussi rare sur papier qu’il se révèle généreux sur la scène. Luc Baba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nous revient cependant avec un troisième recueil, La colère est une saison, dans un registre qu’il éprouve et expérimente depuis quelque temps déjà : l’art du portrait.

Après deux biographies très remarquées,…



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Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux

Poète voyageur « aux semelles de vent », arpenteur de la poésie du cosmos, grand errant du verbe sauvage, Timotéo Sergoï n’a jamais pactisé avec les écrivains institutionnels, cotés en bourse, avec les assis et les fondés de pouvoir du poétique. Dans son dernier recueil poétique Marcher loin des écrans fait de nous des oiseaux , il délivre un protocole d’action poétique qui prend la forme d’un texte s’étirant sur 801 kilomètres. L’exergue condense la visée du voyage géographique, esthétique et politique : «  801 km de poésie / pour un marchand de yaourt / qui a voulu changer le monde  ». Rupture avec le joug des routines, opération de guérilla, plastiquage des formes d’oppression du néolibéralisme et du dire-penser qu’il impose… marchant durant deux mois et demi, de Namur à Brive-la-Gaillarde où vivent ses petits-enfants, Timotéo Sergoï a épousé le cycle circadien, longé la Meuse, dormi à la belle étoile, chez l’habitant, déposé sur huit cents kilomètres des textes qu’il a collés sur les murs, les fenêtres, sur des arrosoirs, des containers ou des panneaux routiers. Le recueil comporte les photos des bancs, des plaques d’égout, des portes, des poteaux, des pneus, des bulles de verre, d’un Christ en croix sur lesquels le poète errant a gravé ses pensées, des éphémérides de l’insurrection, de la désobéissance qui font songer à la poésie action, à la poésie-éveil de Serge Pey, à ses bâtons, avec une touche de puissance vaudou à l’écoute des mondes invisibles. L’ode à la Terre, à sa beauté est d’autant plus vibrante qu’elle s’élève sur une Terre saccagée par l’Anthropocène. La Terre est morte, mes cieux,Blessée par la lame du tracteur,Soignée à l’eau de Javel,Nourrie d’insecticides,D’alcools et de mégots, Piquée d’ondes lascives. Charleville, Reims, Troyes, Nevers, Peyrat-le-Château, Tarnac, Tulle, Aurillac… autant de stations, de traversées de villages, de bois, de prairies, autant de poèmes libertaires gravés, saupoudrés, semés, autant de rencontres avec l’ombre de Rimbaud, avec Raoul Vaneigem, avec Miss Univers, avec le langage des étoiles, des champs, du «  grand bal des montagnes bleues  », histoire de dénouer les lacets de la rage de se heurter à un monde pollué, à une nature saccagée, histoire de haler des mots sauvages le long des fleuves, le long d’un monde qui s’effondre. Le monde s’écroule, le monde se noie et nous tentons de sauver le peu que nous possédons. Une rame. Une bouée de caoutchouc. Une botte. C’est vain (…) J’écris sur le poteau : « Je veux quitter le sang des capitales ». Il y a aussi la présence en filigrane d’Emmanuel Faber, ex-PDG de Danone qui a été évincé, la complicité entre le langage des arbres, des oiseaux, des lézards, de l’eau et le langage du poète, le choix de la désertion loin d’un monde «  carnassier  », la souche d’arbre qui accueille un texte signé Timotéo après 252 kilomètres de marche. Tout le monde se lève pour la Terre,Pour l’eau, les zèbres, les mainates,Les coquelicots et les lombrics,Les neiges mortes et les phosphates.Nos vies ont goût de guérillas.Pas d’actions chez les actionnaires. Leur chaises sont en plein soleilEt le Soleil a goût se rouille Le soulèvement de la Terre passe par celui de mots qui, ôtant la rouille des corps, des consciences, des désirs, nous reconnectent avec les formes du vivant, avec l’énergie d’un langage traversé par la vie. Timotéo Sergoï expérimente un nouvel écosystème poétique, au plus loin de vocables sous contrôle, ogémisés. Véronique Bergen Plus d’information Timotéo Sergoï a marché trois mois durant, dormi dehors souvent, croisé des sourires et des colères, pris des nouvelles des voisins. Nous sommes tous voisins ici, puisque venus à pied dans ce café, cette forêt ou ce marché. Pourquoi a-t-il marché ces 801 km ? Pour porter un cadeau d’anniversaire à ses petits-enfants. « Car il s’agit avant tout d’habiter poétiquement le monde » disait Hölderlin, chaque jour, les marqueurs sont sortis pour écrire sur les murs, les plaques d’égout ou les fenêtres. Mot d’amour ou réflexion sur le monde d’aujourd’hui, sur cette insupportable pression des porte-monnaies, sur nos poches sous les yeux. La marche finit en danse pourvu…

La colère des Mac Gregor

Dans le grenier de sa grand-mère, Nelson, un jeune écolier fort raisonnable, trouve de vieux objets abandonnés et entend soudain des voix dans sa tête. Ce sont celles de ses ancêtres paternels, les de Trieu, enfermés dans les objets à la suite d’une malédiction datant du 15ème siècle, infligée par un seigneur écossais, Roy Mac Gregor. Nelson passe beaucoup de temps à dialoguer avec sa famille et se surprend à parler avec un râteau, une assiette en faïence, un sabre ou un poêle à bois. Il garde pour lui ce secret mais, à la mort de sa grand-mère, ses parents vendent la maison et les aïeux ! Ceux-ci se retrouvent chez un antiquaire véreux de Bruxelles, qui les disperse un par un. Nelson se sent dépassé par l’énormité de la tâche à accomplir pour retrouver sa famille, il ne peut s’en ouvrir à son père, dont l’extrême émotivité l’empêche quasiment de vivre. Il fait alors la connaissance de Victoria, une vieille dame pleine d’énergie et de ressources. Ensemble, ils vont explorer la ville, à la recherche de vases, d’assiettes et autres vieilleries afin de lever la malédiction qui pèse sur la famille et de faire en sorte que les ancêtres de Nelson puissent enfin reposer en paix. Après Bjorn le Morphir, roman de fantasy humoristique récemment adapté en bande dessinée, Thomas Lavachery publie son deuxième roman, qu’il a écrit pendant deux ans avec une classe de CM1/CM2 d’une école de Bruxelles. Le résultat est amusant, l’écriture est enlevée, les dialogues savoureux et l’idée de départ originale. A côté de la quête opiniâtre de Nelson, il y a aussi l’évocation de sa vie quotidienne et de ses relations avec ses parents, notamment avec ce père si fragile, que Nelson veut préserver à tout prix. Ce garçon est fort malgré son âge et sa quête donne de la force à ceux qu’il aime. C’est aussi ce côté-là de l’histoire…

Œuvres

Édition établie et présentée par Roland…