On connaît déjà les différentes collections littéraires et imagées des éditions belges Esperluète, cette maison qui soigne particulièrement les écritures singulières alliées à un art visuel de choix. La rentrée littéraire est pour Esperluète l’occasion de présenter une toute nouvelle collection, « Orbe », qui offre à lire, sous la forme des dialogues, des réflexions d’auteurs à propos de leur pratique d’écriture et de lecture. « Qui suis je ? C’est la question que les autres posent – et elle est sans réponse. Moi ? Je suis ma langue » écrivait si justement le poète palestinien Mahmoud Darwish dans Une rime pour les Mu’allaqât en 1995. C’est par cette question complexe posée à l’auteur que s’entame chacun des dialogues d’« Orbe ». On…
Romancière, poète, cinéaste, metteuse en scène, Frédérique Dolphijn bâtit une œuvre attentive aux infra-voix, aux mouvements souterrains qui ouvrent sur d’autres mondes. La finesse subtile avec laquelle elle mène les dialogues de la très belle collection Orbe aux éditions de l’Esperluète (dialogues avec Isabelle Stengers, Anne Herbauts, Ève Bonfanti et Yves Hunstadt, Jaco Van Dormael, Colette Nys-Masure) compose la basse continue d’Au bord du monde, un roman explorant les non-dits, les lames désirantes de personnages pris dans la logique du songe.C’est autour d’un lieu de vacances baptisé Mon Rêve que Frédérique Dolphijn campe les glissements de terrains, les éboulements psychiques qui affectent une série de personnages vivant des histoires parallèles dont le…
Lucie, Violette, Olivia et les autres. Un groupe de femmes que l’on souhaiterait assurément rencontrer et pas seulement parce qu’elles se réunissent pour des parties de pêche à la mouche. D’emblée une amorce inattendue pour ce roman plein d’originalités que de nous présenter un cercle féminin de « pêcheuses » à la ligne surnommée les Women Fly Fishing. Pour échapper, l’espace d’un week-end, au quotidien enserré entre la famille et le boulot, ces amies ont pris l’habitude de se rassembler dans un chalet au bord de l’eau pour s’adonner à leur hobby. Nous les retrouvons à ce moment-là, en fin de semaine, en plein préparatif de leur Fishing Party. Avec intelligence, Frédérique Dolphijn campe le décor et dessine les contours de ces femmes modernes de la…
Huitième opus de la collection « Orbe », créée en 2017 par les éditions Esperluète, Le mot ne dit pas tout résulte d’un dialogue entre Frédérique Dolphijn et Nicole Malinconi. La méthode a fait ses preuves et ne change pas ici : Nicole Malinconi se prête au jeu et pioche des petits papiers sur lesquels figurent des mots, choisis par son interlocutrice, qui constitueront le point de départ d’une réflexion sur l’écriture. Le style est spontané, le tutoiement naturel et les silences traduisent les hésitations et les doutes.Ce n’est pas raconter qui prime pour moi, explique l’autrice, ce serait plutôt le désir de dire « au présent », de laisser aller l’écriture au départ d’une situation, d’un événement, d’un réel… Dans ce texte, comme dans son…
Septième titre de la très belle collection « Orbe », Fabriquer des mondes habitables descend à pas de loup et de colombe dans la forge de l’écriture de la philosophe et éthologue Vinciane Despret, de la mise en récit et en pensée de questions à l’interface de la philosophie et de l’éthologie. Adoptant le principe heuristique de la collection — celui d’un piochage dans un massif de mots choisis par Frédérique Dolphijn —, le dialogue emprunte des chemins qui ressaisissent l’articulation entre espace du livre, traduction/accueil des animaux et des morts, proposition de mondes. Le questionnement du comportement des animaux, des oiseaux passe par l’invention d’un rapport à ces derniers qui se place sous le signe de l’alliance, d’une écoute d’êtres singuliers,…
Frédérique DOLPHIJN, Les oubliés, Esperluète, 2024, 128 p., 19,50 €, ISBN : 9782359841916Qui se souvient de la famine qui a frappé la jeune Belgique à la moitié du 19e siècle ? Cet épisode tragique s’est produit suite à des récoltes de blé ruinées, puis celles de pommes de terre gâchées par la maladie, alors que ces denrées assuraient la sécurité alimentaire de la population[1]. Et quand la spéculation s’en mêle, que les prix grimpent, c’est la survie des plus pauvres qui est menacée. En cette année 1847, certains n’hésitent pas à émigrer en quête d’un avenir meilleur, notamment aux États-Unis dont les programmes de peuplement envoient des recruteurs dans les villes et les campagnes, avec la bénédiction des autorités.Frédérique Dolphijn a choisi…