L'œuvre poétique wallonne de Henri Bragard


RÉSUMÉ

Défenseur de la romanité dans les territoires wallons du IIe Reich, acteur de l’intégration des cantons dits de l’Est dans la Belgique, ardent antinazi qui trouva la mort au camp de Sachsenhausen, Henri Bragard (1877-1944) fut un poète de qualité qui ne publia jamais de recueil. Ses œuvres furent éparpillées dans des journaux locaux et des ârmonac´ aujourd’hui quasi introuvables, ou restèrent à l’état de manuscrit. La fragilité des documents rendait urgente leur sauvegarde dans une édition critique, qui viendrait enrichir la connaissance du dialecte malmédien, si renommé.

Tantôt l’auteur évoque dans un souffle épique les combats pour la liberté culturelle du roman pays natal, tendrement aimé ; tantôt il croque personnages et scènes de rues avec un humour tendre, avant de persifler les travers de la petite-bourgeoisie ou de ceux qu’il considère comme des traîtres à la cause wallonne. Sensible à la fatalité de la condition humaine, il pousse des cris de révolte devant la misère de ceux que la société a abandonnés. La maîtrise du vers et du style, jamais gratuite, l’art du non-dit et les thèmes lyriques vivifiés par une émotion toujours présente, élèvent Henri Bragard au rang des grands poètes.

Outre l’édition de quelque 180 poèmes, l’ouvrage comprend une introduction à la fois biographique, littéraire et linguistique, des notes abondantes, un glossaire étendu, une bibliographie, notamment de et sur Henri Bragard, ainsi qu’un index des poèmes. Quinze illustrations, dont la majorité sont inédites, complètent l’information tout en agrémentant l’ouvrage.


À PROPOS DE L'AUTEUR
Henri Bragard
Auteur de L'œuvre poétique wallonne de Henri Bragard
Henri Bragard est né à Malmédy le 27 janvier 1877.  Il fonde en 1898, avec son oncle l’abbé Nicolas Pietkin, curé de Sourbrodt, et d’autres Malmédiens, le Club wallon. Il publie de nombreux textes sous le pseudonyme Fré Mathî — chacun des membres du Club wallon signant leurs écrits d’un pseudonyme commençant par Fré  Après la première guerre mondiale, il fut l’une des chevilles ouvrières pour le retour de la Wallonie malmédienne à la Belgique. Même plus, aux yeux de la Belgique de son époque, il est devenu le symbole même de la désannexion. Son combat en fait une figure politique incontournable.  Dès 1919, il fonde l’hebdomadaire La Warchenne, puis la revue Lu Vî Sprawe. Ces deux organes de presse lui permettent de diffuser ses idées et sa volonté farouche de défendre la romanité de la région malmédienne.  Au-delà de cette action militante, pour laquelle il est surtout connu et pour laquelle il a beaucoup écrit en français et en wallon, Henri Bragard publie de nombreux écrits littéraires. C’est la poésie lyrique qui a sa faveur. Sa source d’inspiration première, c’est Malmedy bien sûr. On ne s’étonne pas de le voir privilégier les thèmes qui s’opposent au Kulturkampf mis en place par les Prussiens, ou de reprendre des récits historiques ou littéraires mêlant envahisseur oppressant et peuple oppressé. Les valeurs traditionnelles sont également largement présentes chez lui : la nature, la famille, le travail, le folklore, ont une place prépondérante.  La plupart de ses écrits gardent une forme classique, mais dans laquelle il parvient à insérer avec virtuosité des procédés de style qui soutiennent son propos. Les comparaisons, les métaphores, mais aussi le recours à des décors et des personnages, sa capacité à suspendre son discours et à suggérer ou à interroger plutôt qu’à imposer, font la force de ses écrits. Le jeu des sonorités est favorisé par une maîtrise du lexique malmédien peu commune.  Il écrit également des pièces de théâtre lyriques en vers dont certaines sont mises en musiques par des compositeurs et compositrices de l’époque et qui lui valent un certain succès.  Après 1931, il se désolidarise du Club wallon pour créer un groupe dissident, Chantecler, qui publia notamment un almanach, L’Armonac walon d’ Mâm’di entre 1935 et 1940. Durant les années 1930, il s’oppose farouchement à des groupes germanophiles, voire pronazis, qui se multiplient en Belgique.  Et durant la seconde guerre, même s’il a cessé toute action politique officielle, il reste suspect aux yeux de la Gestapo, parce que ses nombreuses prises de position n’ont pas été oubliées. Il est arrêté à Spa et déporté en juin 1943 et décède au camp d’Oranienburg en mars 1944. 

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