Henri Bragard   1877 - 1944

PRÉSENTATION
Henri Bragard est né à Malmédy le 27 janvier 1877.  Il fonde en 1898, avec son oncle l’abbé Nicolas Pietkin, curé de Sourbrodt, et d’autres Malmédiens, le Club wallon. Il publie de nombreux textes sous le pseudonyme Fré Mathî — chacun des membres du Club wallon signant leurs écrits d’un pseudonyme commençant par Fré  Après la première guerre mondiale, il fut l’une des chevilles ouvrières pour le retour de la Wallonie malmédienne à la Belgique. Même plus, aux yeux de la Belgique de son époque, il est devenu le symbole même de la désannexion. Son combat en fait une figure politique incontournable.  Dès 1919, il fonde l’hebdomadaire La Warchenne, puis la revue Lu Vî Sprawe. Ces deux organes de presse lui permettent de diffuser ses idées et sa volonté farouche de défendre la romanité de la région malmédienne.  Au-delà de cette action militante, pour laquelle il est surtout connu et pour laquelle il a beaucoup écrit en français et en wallon, Henri Bragard publie de nombreux écrits littéraires. C’est la poésie lyrique qui a sa faveur. Sa source d’inspiration première, c’est Malmedy bien sûr. On ne s’étonne pas de le voir privilégier les thèmes qui s’opposent au Kulturkampf mis en place par les Prussiens, ou de reprendre des récits historiques ou littéraires mêlant envahisseur oppressant et peuple oppressé. Les valeurs traditionnelles sont également largement présentes chez lui : la nature, la famille, le travail, le folklore, ont une place prépondérante.  La plupart de ses écrits gardent une forme classique, mais dans laquelle il parvient à insérer avec virtuosité des procédés de style qui soutiennent son propos. Les comparaisons, les métaphores, mais aussi le recours à des décors et des personnages, sa capacité à suspendre son discours et à suggérer ou à interroger plutôt qu’à imposer, font la force de ses écrits. Le jeu des sonorités est favorisé par une maîtrise du lexique malmédien peu commune.  Il écrit également des pièces de théâtre lyriques en vers dont certaines sont mises en musiques par des compositeurs et compositrices de l’époque et qui lui valent un certain succès.  Après 1931, il se désolidarise du Club wallon pour créer un groupe dissident, Chantecler, qui publia notamment un almanach, L’Armonac walon d’ Mâm’di entre 1935 et 1940. Durant les années 1930, il s’oppose farouchement à des groupes germanophiles, voire pronazis, qui se multiplient en Belgique.  Et durant la seconde guerre, même s’il a cessé toute action politique officielle, il reste suspect aux yeux de la Gestapo, parce que ses nombreuses prises de position n’ont pas été oubliées. Il est arrêté à Spa et déporté en juin 1943 et décède au camp d’Oranienburg en mars 1944.