Liminaire l’ombre

À PROPOS DE L'AUTEUR
Harry Szpilmann

Auteur de Liminaire l’ombre

Harry Szpilmann est l'auteur d'une dizaine de recueils poétiques ainsi que d'un recueil d'aphorismes. Ses textes ont en outre été publiés dans une trentaine de revues. En 2012, son recueil Sable d'aphasie fut couronné par le prix Émile Polak et, en 2015, il fut lauréat de la bourse de poésie SPES. Photographe amateur et expérimentateur musical (Bewater, Overseas Nova, Kid Algodon, Lucky Numbers, Plan 9), il réside depuis longtemps à Mexico City où il officie aujourd'hui comme professeur de sémiotique dans une école de cinéma.
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À la lecture de Liminaire l’ombre, me revient en tête une image, elle inaugure la scène première d’un western fabuleux, La prisonnière du désert. L’écran est d’abord noir puis quelqu’un, une femme, ouvre une porte et l’on devine que l’on était dans une cabane, et l’on voit ce que la femme voit, le monde lumineux des prairies, des ciels bleus, des espaces ouverts battus par les vents, et l’action peut commencer. Liminaire l’ombre n’a rien d’un western, bien sûr, et Harry Szpilmann n’a que faire de « mettre en scène » un héros à la John Wayne. Mais comme cette femme ouvrant littéralement une porte sur le monde, Harry Szpilmann et son livre se tiennent comme qui dirait au bord,…


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Pubers, pietenpakkers : relaas / Pubères, putains : récit

Il n’est pas dans les habitudes du Carnet de recenser les traductions d’œuvres littéraires belges francophones vers d’autres langues. Une exception pourtant aujourd’hui tant l’entreprise qui voit le jour constitue une première, un défi relevé et entamé il y a trois ans par Christoph Bruneel, relieur de formation et animateur avec Anne Letoré des éditions L’Âne qui butine. Le pari ? Traduire intégralement en néerlandais un recueil de Jean-Pierre Verheggen, en l’occurrence Pubères, Putains , sans doute l’un des textes les plus connus, les plus aboutis du poète. Un pari assez fou en effet d’autant que Verheggen se plaît à rappeler avec humour que même en français il n’a jamais été adapté, empruntant en cela à Jules Renard sa formule ironique à l’encontre de l’auteur d’ Un coup de dés jamais n’abolira le hasard , «  Mallarmé, intraduisible même en français !  » Voilà donc trois ans que le traducteur Christoph Bruneel, lui-même auteur, poète et performeur polyglotte, s’arcboute sur la prose verheggenienne et butine dictionnaires, lexiques et autres grammaires pour apprivoiser la langue sauvage de l’auteur d’ Artaud Rimbur. Outre le soin et l’élégance apportés à l’objet-livre qui constituent la marque de fabrique de la maison, le livre, présenté dans sa version bilingue, donne littéralement une seconde vie à ce texte conçu comme une véritable épopée de l’adolescence.Bruneel aura dû s’accrocher pour contourner les nombreuses embûches et ornières linguistiques qui parsèment le récit. D’un côté, les nombreuses chausse-trappes langagières, les métaphores et autres mots-valises qui voisinent avec les termes issus des vocabulaires les plus spécifiques passant de l’ornithologie à la médecine et que le traducteur aura dû faire siens. Mille exemples peuvent être donnés à l’instar de ces «  liparis culdorés  », papillons de l’espèce bombyx dont on ne trouve que trois occurrences sur Google et que Bruneel traduit par le superbe et imagé «  bastaardsatijnvlinders  ». Véritable jeu de ping-pong entre le Capitaine Haddock de nos lettres et le traducteur fou du roi, de nar vertaler !Mais la plus grande prouesse est à chercher du côté du travail effectué sur les sonorités, sur le rythme de la langue que l’on perçoit sans doute le mieux lorsque les deux acolytes se livrent en public à une joute verbale. Il suffit de s’attarder sur le «  pietenpakkers  » du titre, mot-valise que je laisse au lecteur le soin de décortiquer, pour se rendre compte du jeu allitératif constant du traducteur afin de proposer sa propre vision d’une langue inventive et jouissive. C’est en effet lorsque l’on entend Bruneel dire le texte à haute voix que le résultat est le plus frappant d’ingéniosité langagière et rythmique.Comme il le précise dans sa préface-abécédaire, le traducteur qui s’aventure dans cet univers de dérision et de distorsion langagières doit se laisser aller, à lui de s’éventrer la panse lexicale, d’en découdre et de recoudre mot à mot, son à son, l’ambiance foutraque et à lier.  Voilà enfin une lacune comblée, notre Rabelais gembloutois qui s’invite à la table de Vondel, un repas qui ne se refuse pas ! Nous étions des pubères. Des putains. Nous aimions beaucoup les jeux de mains que l’on dit de vilains. Les bains. Les ablutions. Les traîtrises. Les grandes trahisons.   We waren pubers. Pietenpakkers. We hielden veel van handtastelijkheden gekend als viezigheden. Het baden. Het afpoedelen. De valsheid. Het…

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