L´étonnant sourire de Samuel Beckett

RÉSUMÉ

Interview de Jean Van der Hoeden, auteur d’un ouvrage sur Samuel Beckett

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Liliane Schraûwen

Auteur de L´étonnant sourire de Samuel Beckett

Née à Bruxelles en décembre 1946, Liliane Schraûwen a connu une enfance africaine, ayant vécu au Congo jusqu'en 1960.Après des études secondaires dites classiques (gréco-latines), elle entre à l'Université Catholique de Louvain où elle obtiendra une licence en philologie romane, puis une agrégation. Liliane Schraûwen est mère de quatre enfants. Son parcours professionnel est riche et varié. Il va de multiples intérims et emplois temporaires dans l'enseignement de la Communauté française à rédactrice publicitaire en passant par journaliste courriériste (à Bonne soirée et à Femmes d'Aujourd'hui), mais elle a aussi assuré la gestion et l'informatisation de bibliothèques scolaires. On notera encore qu'elle dirige la collection Histoire et Mystères chez Marabout, et qu'elle a été membre de divers jurys de recrutement, fonction qu'elle assure toujours aujourd'hui dans un Service parastatal belge. Et puis, n'oublions tout de même pas de le dire : Liliane Schraûwen est écrivain, "nègre", puisqu'elle fait de l'écriture pour d'autres, de la réécriture ("rewriting") et elle assure des corrections d'épreuves, notamment pour les Éditions Octogone et Les Éperonniers.

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À la recherche de notre humanité charriée par la rivière Nyabarango

En quoi la littérature relative au génocide des Tutsis au Rwanda a-t-elle permis de rendre compte d'une vérité qui échapperait à d'autres façons de dire le monde ? Véronique Tadjo :  Je ne crois pas que la littérature puisse véritablement rendre compte de la réalité du génocide. Aucun mot n'en est capable, aucun roman aussi bien écrit qu'il puisse l'être n'en est capable. Je suppose que seuls les témoignages de survivants parviennent à nous faire comprendre ce qui a pu se passer et l'horreur dans laquelle ils se sont retrouvés pendant les événements. Par contre, la littérature peut permettre d'attiser les consciences et de garder en mémoire une page de l'Histoire qui autrement serait vite effacée, oubliée quand le quotidien reprend ses droits. Personne n'aime apprendre de mauvaises nouvelles. Personne ne veut savoir que nous ne sommes pas à l'abri de la cruauté et de la destruction. La littérature est là pour encourager les hommes et les femmes à sortir de leur apathie naturelle et à briser leur crainte de savoir ce qui nous menace tous, si nous n'y prenons pas garde. La littérature a la capacité de s'infiltrer dans la vie courante d'une façon plus aisée que les livres d'histoire ou les traités scientifiques. Si elle est sincère, elle peut développer une plus grande identification à l'Autre et parvenir ainsi à faire comprendre que nous sommes tous concernés par les graves crises qui secouent notre monde. Sans cette prise de conscience, rien ne se passe. La littérature est donc un m oyen de briser l'indifférence et l'abandon. Avec au bout, l'espoir que les lecteurs continueront à vouloir en savoir plus et à s'impliquer davantage. Monique Ilboudo : En 1998, des écrivains africains ont décidé de passer deux mois dans ce pays, puis d'écrire des oeuvres de fiction sur cette tragédie. Le projet était totalement fou, mais la folie ne devient-elle pas raison, quand la raison fout le camp ? Nous voulions aller à la rencontre de ce peuple meurtri, l'écouter, essayer de comprendre. Comprendre par quel mécanisme on pouvait déterminer des hommes, des femmes, des enfants à massacrer d'autres hommes, d'autres femmes, d'autres enfants (voisins, amis d'hier, conjoints, fils, filles, inconnus...), à l'échelle d'un pays, et sans autre raison que leur appartenance à une prétendue ethnie. Compatir à la douleur des survivants, comprendre leurs peurs et leur désir de justice. La démarche s'affichait généreuse, expression de solidarité, mais elle n'était pas complètement désintéressée : quatre ans auparavant, nous avions vécu, par médias interposés, le drame rwandais, totalement impuissants. Nous avons voulu rompre ce silence assourdissant, tenter de reconquérir notre dignité bafouée par ce génocide, agir plutôt que nous résigner à cette impuissance qui tue à petit feu. Dès le départ, il était convenu que les objectifs du projet ne se limitaient pas au séjour. Comme les autres, je m'étais engagée à écrire et à retourner au Rwanda avec mon texte. Mais après le séjour, le doute s'est installé en moi : suis-je capable d'écrire et de quel poids pèsera mon écrit ? Il a fallu écrire, pas seulement parce que je m'y étais engagée. Plus qu'un exutoire, écrire Murekatete fut un acte d'exorcisme pour reprendre le cours de la vie. Ma conviction est qu'à la suite des journalistes, politologues, historiens..., les écrivains pouvaient, par la magie de la fiction, apporter leur touche empreinte de sensibilité et d'émotion pour que jamais personne n'oublie ce qui s'est passé au Rwanda, entre le 6 avril et le 4 juillet 1994 ! Il ne s'agissait pas de relater, à chaud ou à froid, les faits ni de les analyser. Il s'agissait de nous en inspirer, de nous inspirer des récits des rescapés et même des présumés génocidaires, des lieux, des analyses des spécialistes... pour inventer des histoires en mesure de toucher nos lecteurs, de les choquer, d'éveiller leur curiosité... Que celles et ceux qui ont vécu la tragédie ne se sentent pas trahi(e)s, que celles et ceux qui la découvrent sentent le besoin d'en savoir plus et gardent la mémoire de ce mal absolu. Le choix de la fiction paraît judicieux à cet égard. Mais les Rwandais que nous avons rencontrés nous l'ont assez répété, et nous l'avons admis : nos fictions doivent respecter la réalité historique. C'est un genre nouveau. Avons-nous été à la hauteur ? L'écrivain(e), être à la sensibilité écorchée, refuse son rôle de spectateur passif et veut influer sur le cours des événements. Même lorsqu'il ou elle s'en défend, l'écrivain(e) n'écrirait pas s'il ou elle ne croyait pas au pouvoir des mots contre les maux de sa société ou du monde. Le projet « Rwanda : écrire par devoir de mémoire » a, dès le départ, été placé sous le double signe du devoir de mémoire et de l'engagement. Face aux guerres et aux conflits qui se répètent sur le continent africain, face particulièrement à ce terrible génocide du Rwanda, nous n'avons pas voulu nous limiter au seul acte de création. Nous avons voulu nous impliquer plus, nous impliquer autrement. Avons-nous tenu parole ? Certains mieux que d'autres. Mais le but était de ne plus rester aphone face à nos propres tragédies. Réfléchir aux moyens de réagir collectivement en pareil cas. Comment mettre en contact ces voix qui s'élèvent mais en vain, parce qu'isolées et trop faibles ? Comment réagir ensemble lorsque cela va si mal aux quatre coins du continent ? Que faire pour que plus jamais un drame comme celui du Rwanda ne se déroule dans un silence quasi absolu des autres Africains ? A posteriori, certains ont semblé remettre en cause la démarche comme étant ethnocentriste. Au nom d'un certain universalisme, il faudrait avoir un regard égal et impartial sur les souffrances du monde. Certes, un génocide n'importe où dans le monde me choquera tout autant. Mon indignation n'est pas sélective mais ma voix s'entend mieux en Afrique et surtout y est plus attendue. En outre, le monde est encore si injuste, si impitoyable avec nous, que nous avons une obligation particulière envers notre continent. * Est-ce que le génocide et votre expérience de résidence d'écriture dans le projet «Rwanda: écrire par devoir de mémoire » ont changé votre travail de créateur? Véronique Tadjo : Tout à fait. Ma résidence d'écriture à Kigali et mon implication dans le projet ont renforcé mon sens de la responsabilité par rapport à mon travail d'écrivain. La mémoire est un bien précieux. Sans elle, nous ne sommes rien, puisque nous perdons notre passé, qu'il soit heureux ou douloureux. C'est en se souvenant que nous pouvons progresser et tirer les leçons de nos erreurs et de nos succès. Primo Levi a écrit que toute personne qui prend la plume doit se tenir pour responsable des effets que telle idée ou telle image est susceptible de produire sur le lectorat. Le métier d'écrivain n'est donc pas à prendre à la légère. Cela dépend bien entendu des sujets que l'on traite. Mais en ce qui me concerne, j'ai pris pleinement conscience de cette dimension après le Rwanda. Depuis, je continue mon travail sur la mémoire dans ce qu'elle a de personnel et collectif à la fois. Vingt ans après le génocide des Tutsis au Rwanda, l'important demeure la nécessité de comprendre les mécanismes sociaux, culturels, politiques et économiques qui ont engendré le génocide. Plus nous en saurons là-dessus, mieux nous pourrons agir contre un tel échec humanitaire. Car ce qui s'est passé au Rwanda est irréparable et seul nous reste la nécessité de nous prévenir contre le mal. Si les conditions sont réunies, et si rien n'est fait pour intervenir à temps, un génocide peut se produire dans d'autres pays, que ce soit en Afrique ou ailleurs sur la planète. Accueillons donc tous ceux qui cherchent véritablement à lever le voile sur cette part sombre de notre histoire. Il n'existe pas un ouvrage ou une oeuvre littéraire qui…