Babelio a lancé la deuxième édition de ses prix littéraires avec la publication de ses sélections couvrant dix catégories différentes. Deux auteurs belges figurent parmi les 100 titres sélectionnés.
Les prix Babelio
Réseau social francophone dédié au livre, Babelio a créé ses propres prix littéraires en 2019. Ils couvrent dix catégories : littérature française, littérature étrangère (en traduction), polar et thriller, jeunesse, bande dessinée, manga, jeune adulte, imaginaire, roman d’amour et non-fiction. La désignation des lauréats s’établit en deux tours. Tout d’abord, dix livres sont sélectionnés dans chacune des catégories. Ces sélections sont constituées des 10 livres les plus populaires sur le site de Babelio, c’est à dire ceux qui ont été les plus ajoutés dans les bibliothèques des lecteurs et qui ont été les plus appréciés/les mieux notés. Cette première sélection une fois établie, les membres de la communauté sont invités à voter pour leur livre favori dans chacune des catégories. En 2019, ils étaient 6.000 votants.
Les sélections dans la catégorie Polar et thriller
Dans la catégorie Polar et thriller, le dernier roman de Barbara Abel, Et les vivants autour (éditions Belfond), est l’un des dix titres retenus. Il raconte l’histoire d’une famille qui se déchire autour de Jeanne, une jeune femme allongée depuis quatre ans dans un hopital, en état végétatif.
Tête-à-tête, 15 petites histoires pas comme les autres
Comment évoquer cet album d’origine néerlandaise sans perdre toute la finesse et la drôlerie de chaque dialogue. Dans chaque petit conte philosophique, deux animaux se rencontrent, s’écoutent réfléchissent en laissant passer les silences et posent aux lecteurs les grandes questions de la vie, la mort, l’amitié, l’intelligence… Jean de La Fontaine serait heureux et certainement hilare de lire ces dialogues, car il y a bien de sa pate (si je puis m’exprimer ainsi) mais sans belle morale humaniste pour clore l’histoire. Nos animaux évoquent des petites choses de rien mais qui font tout : un éléphant qui recule la date de sa mort pour assister à l’anniversaire de son ami l’escargot ; un rhinocéros un peu simple nous parle du plaisir de l’égocentrisme, un ver de terre convint une poule qu’il n’est pas ver de terre, un moustique et une araignée évoquent la force qu’ils peuvent avoir ensemble… Toutes ces réflexions parfois ironiques et toujours très profondes sont superbement illustrées en pleine page par Klass Verplancke, qui nous offre des éléphants roses attendrissants, une poule au regard bête et drôle. Des illustrations à croquer franchement craquantes. Klass Verplancke, qui après des études de publicité, de photographies et d’art graphiques, s’est orienté vers le domaine éditorial et travaille maintenant comme illustrateur indépendant. Récompensé en 2001 à la Foire Internationale du Livre Jeunesse de Bologne, Klass est aujourd’hui un illustrateur à la renommée internationale. Quant à l’auteur belge, Geert de Kockere, il a suivit des études pour devenir instituteur et s’est finalement tourné vers le journalisme. Il écrit également de la poésie pour les enfants et est aujourd’hui rédacteur en chef d’un magazine pour les 11/14 ans. Tête-à-tête à été découvert par Karine Leclerc - qui s’occupe des albums, des contes et également des achats étrangers aux éditons Milan- lors de la Foire Internationale de Bologne en 2002 chez un éditeur belge : De Eenhoorn. Elle a tout de suite craquée pour cet album original qui venait de remporter le prix Bologna Ragazzi Award (ce qui correspond au grand prix attribué chaque année à la foire dans la catégorie des illustrations.) Elle est assistée par d’Étienne Schelsttraete (qui travaille régulièrement à la traduction du néerlandais pour les éditions Milan. Il a notamment traduit Fais de beaux rêves, doudoun et Un nœud à mon mouchoir). Ensemble, ils ont su réécrire à merveille cet ouvrage. Pour ce présent album, la traduction est restée fidèle au texte néerlandais. Cependant, il arrive parfois que les traducteurs soient dans l’obligation de changer certains termes ou tournures pour une compréhension correcte du lecteur francophone. Le seul changement opéré pour Tête-à-tête est au niveau de la couverture. Le catalogue Milan ne fourmille pas forcément d’ouvrages traduits, cependant, les éditions ont récemment accru le nombre d’achats dans le domaine du cinéma d’animation avec notamment : Le voyage de Chihiro et Le château dans le ciel (Je vous conseille vivement d’aller voir ces deux chefs-d’œuvre et de vous replonger ensuite avec délice dans la lecture à travers ces deux ouvrages qui ont su parfaitement reproduire les images du dessin animé.) Beaucoup des choix…
Un récit initiatique où se croisent un cerf mélancolique, un chat sportif, un petit…
Stagiaire au spatioport Omega 3000 : et autres joyeusetés que nous réserve le futur
Avant d’être nouvelliste, Ploum , alias Lionel Dricot, est blogueur. Celles et ceux qui le suivent sur ploum.net y découvrent régulièrement, en français et en anglais, des réflexions sur les logiciels libres, sur les monopoles des GAFAM ou sur notre dépendance aux médias sociaux. C’est que l’impact des technologies sur l’humain préoccupe Lionel Dricot, qui est ingénieur de profession. Sur son blog, il raconte son départ des réseaux, puis, à partir de janvier 2022, son expérience de déconnexion totale, lors de laquelle il ne s’est plus autorisé que quelques minutes quotidiennes d’accès au web. Ses billets, volontiers didactiques, nourris d’expériences personnelles ou professionnelles, sont ponctuellement prolongés par des textes de fiction, récits d’anticipation ou uchronies. On ne s’étonnera donc pas que Ploum signe cet ouvrage de science-fiction, paru dans la collection sous licence libre de l’éditeur suisse PVH.Comme tous les premiers recueils d’écrivains travaillés par la fiction depuis l’adolescence, Stagiaire au spatioport Omega 3000 … présente une certaine hétérogénéité, heureusement amoindrie par l’omniprésence d’un humour tantôt absurde, tantôt sardonique. On y trouve des nouvelles de dimensions diverses, écrites de 1999 à 2022. La huitième, « Le mur du cimetière », est une microfiction de cinq lignes ! La majorité des autres se séparent en deux catégories : des écrits plus anciens, souvent inspirés de rêves et qui regardent vers l’âge d’or de la science-fiction, et des écrits récents qui s’inscrivent dans le champ de l’anticipation et empruntent certains codes du cyberpunk. Au fil de notre lecture, nous passons dès lors d’Isaac Asimov à David Graeber.Le livre lui-même semble vouloir s’inscrire dans une tradition : sa couverture monochrome, qui mélange aplats et points de trame, rappelle l’époque de la sérigraphie. Quant au choix du papier, il évoque nécessairement les pulp magazines . La posture de blogueur ressurgit aussi à chaque détour, car Ploum fait suivre ses nouvelles d’un encart explicatif, où il décrit son objectif ou ses inspirations. Notons en outre le procédé original du « titre caché » : une nouvelle non renseignée au sommaire est insérée tête-bêche à la fin du recueil, à la manière des chansons bonus rencontrées dans certains albums de musique.En deux-cents pages à peine, Ploum couvre un large panel de thèmes : l’aliénation par le travail vide de sens, l’absurdité administrative, l’escalade sécuritaire, les arnaques marketing, le danger du tabagisme… Je ne sais si je redoutais le plus de prendre la parole ou de devoir écouter les longues jérémiades de ces inconnus persuadés de pouvoir apprendre quelque chose en racontant leur vie et dormant quelques heures sur une chaise. J’avais assez d’expérience professionnelle pour savoir que toute compétence durable ne s’apprenait qu’à travers un processus long et laborieux, que le terme « formateur » n’était qu’un pudique néologisme pour « assistant social en charge des employés qui gagnent leur vie, mais qui s’emmerdent ». Il existe, le long de tels fils rouge, quelques méchantes ornières : en premier lieu, le cynisme et la démagogie. Ploum s’en garde généralement, mais glisse parfois dans certaines facilités, telles les poncifs des « irresponsables politiques » ou des « cancers causés par les fumées de cannabis ». C’est surtout dans quelques nouvelles de la veine anticipative que tout son talent se révèle. Deux d’entre elles, en particulier, sont issues des « lettres du futur » qu’il publiait sur son blog. Dans « La nuit où la transparence se fit » (encore un clin d’œil à Asimov), il évoque les transports du futur, la recherche d’emploi via algorithme, la finance décentralisée et la fuite générale de données personnelles. Ce récit, d’une actualité brulante, vise juste et rappelle que la science-fiction touche au politique. Le technocapitalisme est magique : les pauvres ne peuvent pas le remettre en question. Les riches ne veulent pas le remettre en question. L’ultime nouvelle, rédigée lors du festival des Imaginales 2022, évoque les univers de William Gibson. On achève donc sa lecture avec de l’appétit pour un second recueil, qui serait entièrement consacré à la « nouvelle matière » de l’auteur, centrée sur notre rapport aux technologies du quotidien et aux multinationales qui nous les imposent.Un bémol quand même : tout est contemporain ou innovant sous la plume de Ploum — jusqu’à la publication sous licence libre —, mais il y a une exception : l’orthographe, qui est restée bloquée avant 1990. Pour un prochain recueil, il ne serait pas insensé d’appliquer la réforme. Julien Noël Plus d’information Pourriez-vous devenir le premier Madame pipi mâle de la station spatiale Omega 3000? Ou optimiser le rendement des mines de chocolat de la Lune? La vie privée étant abolie, percerez-vous l'identité secrète de l'homme le plus riche du monde? Comment lutter contre les monopoles informatiques si, lassée de vous voir taper à la machine, votre famille vous inscrit à une initiation aux ordinateurs? Jouerez-vous un rôle majeur dans le destin de la galaxie ou resterez-vous…