Les prix Babelio 2020 : les sélections

Babelio a lancé la deuxième édition de ses prix littéraires avec la publication de ses sélections couvrant dix catégories différentes. Deux auteurs belges figurent parmi les 100 titres sélectionnés.

Les prix Babelio

Réseau social francophone dédié au livre, Babelio a créé ses propres prix littéraires en 2019. Ils couvrent dix catégories : littérature française, littérature étrangère (en traduction), polar et thriller, jeunesse, bande dessinée, manga, jeune adulte, imaginaire, roman d’amour et non-fiction. La désignation des lauréats s’établit en deux tours. Tout d’abord, dix livres sont sélectionnés dans chacune des catégories. Ces sélections sont constituées des 10 livres les plus populaires sur le site de Babelio, c’est à dire ceux qui ont été les plus ajoutés dans les bibliothèques des lecteurs et qui ont été les plus appréciés/les mieux notés. Cette première sélection une fois établie, les membres de la communauté sont invités à voter pour leur livre favori dans chacune des catégories. En 2019, ils étaient 6.000 votants.

Les sélections dans la catégorie Polar et thriller

Dans la catégorie Polar et thriller, le dernier roman de Barbara Abel, Et les vivants autour (éditions Belfond), est l’un des dix titres retenus. Il raconte l’histoire d’une famille qui se déchire autour de Jeanne, une jeune femme allongée depuis quatre ans dans un hopital, en état végétatif.



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Johnsons & Shits. Notes sur la pensée politique de William S. Burroughs

Laurent DE SUTTER , Johnsons & Shits. Notes sur la pensée politique de William S. Burroughs , Léo Scheer, 2020, 96 p., 15 €, ISBN :  9782756113227«  Hé mec, vous tenez là un grand livre, un livre dément. Une bombe  ». Voilà ce que William S. Burroughs s’exclamerait s’il éprouvait l’envie de quitter le monde des morts pour faire un tour dans le marécage du 21e siècle. À coup sûr, la qualité des substances psychotropes le décevrait mais l’essai de Laurent de Sutter Johnsons & Shits. Notes sur la pensée politique de William S. Burroughs qu’un dealer de Bruxelles lui fournirait en bonus l’exalterait. Si  Burroughs est connu et reconnu comme écrivain majeur de la Beat Generation ( Le festin nu, Les garçons sauvages , La machine molle, Junky, Queer, Nova Express… ), la vision du monde qu’il élabora dans ses essais et conférences n’a pas fait l’objet de nombreuses recherches. C’est au cœur des observations burroughsiennes sur le monde, sur la pensée, les techniques de contrôle que Laurent de Sutter nous plonge, nous dotant d’une arme conceptuelle fabuleuse pour penser et agir sur le présent. Burroughs comme de Sutter connaissent le potentiel subversif des typologies. La typologie que le second exhume dans l’œuvre du premier est celle des Johnsons et des Shits qui, s’ils évoquent à première vue des marques de cigarettes ou des noms de code, recouvrent deux types d’êtres humains. Empruntant le terme « Johnsons » aux Mémoires du célèbre truand Jack Black, William Burroughs définit ces derniers comme une tribu d’êtres dont la ligne éthique est celle du «  laisser être et du laisser faire  ». La mythologie des Johnsons ne se construit que grâce à leur repoussoir qu’il nomme les Shits, les Merdeux «  qui pourrissent la vie des autres  » écrit Laurent de Sutter.Descendant dans les textes de Burroughs, les articulant finement au sein du système philosophique desuttérien, l’essai questionne la manière dont, depuis que le monde est monde, les Shits colonisent viralement le cerveau afin de s’assurer le monopole du pouvoir. L’angle est à la fois généalogique et prospectif, métaphysique et politique, conceptuel et performatif : l’axiome de base posant que les Shits se définissent par une capacité de nuisance illimitée qu’ils ont illustrée au travers de leurs institutions, de leurs actions (l’Église, l’Inquisition, les Conquistadors, la colonisation, Hiroshima…), comment dès lors se débarrasser des Shits ? Leur étendard, leur fond de commerce c’est de claironner que la pensée est vertébrée par les catégories du DROIT et de la RAISON, qu’ils incarnent ceux qui ont raison. De là découle qu’ils imposent cet étalon viral aux Johnsons. Leur credo — il faut des règles sous peine de verser dans le chaos — implique que les déréglés, ceux qui ne se soumettent pas à la police de la pensée, doivent être reformatés ou éliminés. Avec brio, vitesse de frappe et déduction implacable, Laurent de Sutter analyse les deux auxiliaires d’une «  reprogrammation cérébrale  » des réfractaires que Burroughs a pointés, à savoir le Verbe et l’Image, tous deux dotés de puissances magiques, d’une efficience performative. Quelque part, les Shits sont les frères de Humpty-Dumpty de Lewis Carroll, lui qui déclarait à Alice : «  Lorsque j’utilise un mot, il signifie exactement ce que j’ai décidé qu’il signifierait  ».L’on sait que le thème burroughsien du contrôle sera activé par Deleuze  lorsqu’il interrogera le nouvel âge dans lequel nous sommes entrés, non plus la société disciplinaire pensée par Foucault, mais la société de contrôle. Deleuze crédite Foucault d’avoir pressenti ce tournant vers un âge dont Burroughs a défini les contours, les mécanismes. Il n’y a de société de contrôle que par la grâce d’une intériorisation par les acteurs eux-mêmes des mots d’ordre, de la police de la pensée que l’on (les Shits) entend leur inoculer. Avec subtilité et force, serti dans une langue souveraine (on ne parlera jamais assez du style de Laurent de Sutter), l’essai montre le malentendu véhiculé par la théorie de la société de contrôle (qui court de Deleuze à Negri avant de devenir un leitmotiv un peu creux) : jamais Burroughs ne parlait de «  société  » dont il se souciait comme d’une guigne mais bien de techniques de contrôle. Or, qui dit techniques de contrôle dit possibilité de s’en libérer.La puissance conceptuelle absolue de l’essai de Laurent de Sutter délivre toute sa visibilité lorsque, plus Johnson que tous les Johnsons, il court-circuite les déplorations quant à l’installation d’un contrôle généralisé en rappelant la thèse burroughsienne des deux talons d’Achille du contrôle que sont sa limite externe et sa limite interne. Sans nier que son exercice bousille la vie de bien des gens, les condamne à l’inexistence, le secret du contrôle est d’être par essence, de juris et de facto , un contrôle raté. À s’auto-déployer dans l’illimité, le contrôle s’annule de ne plus rencontrer de résistance. À réussir (à coloniser, squatter intégralement les esprits), il échoue dès lors qu’il ne règne plus que sur des automates. Autrement dit, Johnsons & Shits. Notes sur la pensée politique de William S. Burroughs nous procure les leviers théoriques et pratiques pour renverser les Shits, mettre fin à leur monopole et ce, en retournant leurs armes contre eux, en dégoupillant une bombe qui, quelque part, rappelle celle de Bartleby : en oeuvrant  à « un conflit pour la fin des conflits  », en opposant l’éthique de la qualité, de la sortie de l’ego des Johnsons à la politique merdique de la quantité, du pouvoir et de la RAISON des Shits. C’est pourquoi Burroughs substituait à l’idée de «  révolution  » celle d’«  évolution  », au sens de devenir. Pour en finir avec le pouvoir, il faut en finir avec ceux qui veulent le pouvoir ; pour en finir avec le pouvoir, il faut donc faire en sorte que les Shits (…) soient mis hors d’état de nuire. Les Johnsons opposent un contre-brouillage (à l’image des cut-up de Burroughs) au brouillage codé du Verbe et de l’Image concocté par les Shits afin de contrôler les esprits et les corps. Mais, poussés à bout par la toxicité des Shits qui polluent le monde par leurs nuisances, les Johnsons sont amenés à propager des émeutes qui déboulonneront les Shits. Prédestination oblige ? Burroughs ne pense pas qu’un Shit puisse devenir un Johnson et vice-versa.Laurent de Sutter signe un des opus les plus éblouissants de ces dernières années. Dans le système burroughsien, la volonté étant à la source de tout, Burroughs est immortel. Il n’a dès lors point besoin de remonter de l’outre-monde. C’est du haut de son immortalité que, tapant sur l’épaule de Laurent de Sutter, il balancerait : « Hé mec, vous avez lâché un grand livre, un livre…

Mon jardin des plantes : poèmes et photographies

Jan BAETENS  et Marie-Françoise PLISSART , Mon jardin des plantes : poèmes et photographies , Impressions nouvelles, 2024, 136 p., 18 € / ePub : 7,99 € , ISBN :978-2-39070-145-3 Jan Baetens (1957) est l’auteur de vingt recueils de poésie, dont récemment Après, depuis (2021, prix Maurice Carême de poésie 2023 ) et Tant et tant (2022). Styles et thèmes de ses livres varient mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne repensée par l’art et la littérature. Auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont Le roman-photo (avec Clémentine Mélois) ou Adaptation et bande dessinée : éloge de la fidélité , dans son essai Illustrer Proust , il présentait et discutait les réponses successives données depuis plus d’un siècle par les artistes et leurs éditeurs au désir et à la difficulté d’illustrer Proust. Il a publié le remix d’une collection privée de ciné-romans-photos, Une fille comme toi (2020) et un essai contre l’oralisation de la poésie : À voix haute. Poésie et lecture publique (2016). Marie-Françoise Plissart (1954) est l’une des figures majeures de la photographie belge. Comme Baetens, elle s’est intéressée très tôt aux rapports entre un texte et une image, réalisant avec Benoît Peeters le livre Correspondance (Yellow Now, 1981), début d’une bibliographie abondante. Photographe free-lance depuis 1987, elle a réalisé de nombreux travaux dans de multiples domaines tels que l’architecture, le théâtre, le portrait et l’illustration. Ses photographies ont été notamment exposées à Bruxelles, Liège, Paris, Genève, Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Berlin et Vienne. Elle est aussi une vidéaste captivée par l’exploration du tissu urbain et par ses transformations. Texte et image entretiennent une relation complexe, souvent de dépendance, sauf dans le cas où sa polysémie et celle du poème se superposent en échos infiniment répercutés et ouverts , comme dans l’effet-miroir. Mon jardin des plantes : poèmes et photographies est une composition photo-textuelle à quatre mains avec pour thèmes l’eau et l’arbre et une approche des coïncidences des contraires, qui culmine dans le magnifique effet-miroir de la photo du Parc royal de Bruxelles (M.F.  Plissart, 2011). Ce concept de l’effet-miroir est présent dans toute l’anthropologie culturelle et symbolique : il nous met en présence d’une perception, d’une imagination ou d’une croyance en une surexistence par rapport au monde donné, qui n’est ni un irréel ni un délire. Une conscience d’un mode spécifique s’y fait jour, celui d’une apparition ou d’une épiphanie, sous forme de synchronicités, de dévoilements, de rencontres avec un au-delà du visible. Ce non visible ouvre sur l’expérience du sacré, en tant que celui-ci fait surgir dans notre sensibilité ou nos représentations un plan d’inaccessibilité ; on ne peut l’instrumentaliser, il est un inter-dit. Comment rendre compte de ces catégories si souvent associées, d’invisible, de secret et de sacré ? Comment permettent-elles de structurer et de comprendre une part d’ombre de notre expérience du monde et des autres ? L’art est une voie d’accès à cette sur-réalité : Johannes Vermeer, « Vue de Delft »Soustraire sans rien  perdre, pour la beauté du geste,         puis additionner en vue de la sainte multiplication, chaque chose à sa place, puis proliférant     jusqu’à occuper une autre place dans l’eau,qui l’amène à d’autres négoces et trafics encore.     Converti en brique et azur, le nombre d’or   Garde ses droits, unissant pour mieux régner. Le livre est composé de sept « chapitres » : les poèmes et les photographies offrent une relation de miroir, non d’illustration. L’eau a toujours été l’un des éléments les plus efficaces pour équilibrer le corps et l’âme : elle est le signe d’un éveil spirituel, permettant de lâcher prise. L’arbre est un symbole de vie et de verticalité incarnant le caractère cyclique de l’évolution cosmique. Tous deux offrent une dialectique entre permanence et métamorphose. Ainsi au fil des poèmes, le lecteur est invité à considérer le proche et le lointain, le connu et l’inconnu, le quotidien et l’indéfinissable, le simple et le complexe, motifs qui se déclinent aussi par miroitements en ceux du voyage, de la perte des repères, des relations inattendues entre topos et tempus, nature et culture, à la recherche de l’unité originelle :[…] Lentement le sens se dépouille des mots qui l’emportent, Elle dit que le jardin se fait son havre. […] Enfin la main qui crée l’objet qu’elle touche, Qui aide à défaire sans peur l’articulation du monde, À ne plus nous lamenter que les choses parlent à notre place. L’amour du trivial est figure…