Le Roi du Colorado

À PROPOS DE L'AUTEUR
Robert Goffin

Auteur de Le Roi du Colorado

Robert Goffin naît le 21 mai 1898 à Ohain, où son grand-père est pharmacien. Fils de mère célibataire, il n'hésitera jamais à évoquer ses origines (il obtiendra l'acquittement aux assises d'une mère infanticide en s'écriant qu'il a vécu la situation douloureuse de l'enfant sans père, et l'un de ses recueils de poèmes, paru en 1977, s'intitule Enfance naturelle). Sa mère est très pieuse et le destine à la prêtrise; Robert est inscrit au Petit Séminaire de Basse-Wavre. Indiscipliné, il n'y fait qu'un court séjour. Il est, en effet, renvoyé en 1916. C'est à l'Athénée de Saint-Gilles qu'il achève ses humanités classiques. Ses condisciples feront tous une carrière dans la politique, la peinture ou l'enseignement : Paul-Henri Spaak, Paul Delvaux, Georges Bohy, Marc Somerhausen, Henri Simon, Félicien Favresse. Attiré très tôt par la littérature et les courants modernistes, Robert Goffin fréquente le milieu dadaïste. Curieusement, son premier ensemble poétique est d'un étonnant classicisme. Paru en 1918, Le Rosaire des soirs est une plaquette très proche de l'esprit de Francis Jammes. L'année suivante, il s'inscrit en droit à l'Université de Bruxelles, encore installée rue des Sols, fréquente Michaux, Odilon Jean Périer, Clément Pansaers. Et puis, c'est la découverte du jazz, qui bouleverse sa vie. La passion que cette musique éveille en lui le pousse à publier dans Le Disque vert de Franz Hellens le tout premier texte consacré à ce sujet et à écrire un recueil de poèmes, Jazz-band (1922). À Paris, il fait la connaissance de Max Jacob, de Chagall et de Blaise Cendrars. Devenu avocat à la cour d'appel de Bruxelles, il n'hésite pas à créer, notamment avec Ernst Mœrman et Marcel Cuvelier, une formation de jazz dans laquelle il joue de la trompette. L'orchestre se produit avec succès au Palais des Beaux-Arts. Robert Goffin vit intensément : il devient un fidèle adepte de Paul Vanderborght et de sa Lanterne sourde, fréquente les endroits à la mode, s'adonne à la gastronomie et ne cache pas son intérêt pour les femmes. En 1928, il se marie. Six mois plus tard, son épouse est victime d'un accident qui la laissera handicapée jusqu'à son décès en 1965. Le jeune écrivain est très marqué par ce coup du sort. Tout en vouant à sa compagne une grande affection, il se lance dans une activité trépidante. En 1932, après dix longues années de silence (il a cependant écrit trois ouvrages sur le droit financier), il fait paraître Aux frontières du jazz, avec une préface de Mac Orlan. C'est la première histoire du phénomène musical qui fait fureur. Le livre connaît un grand succès public. Malgré ses activités débordantes, Robert Goffin se lance à corps perdu dans l'écriture; désormais, ses parutions seront régulières et toucheront aux domaines les plus divers, de la poésie au roman, de l'essai à la biographie, de l'étude du genre animal à l'histoire et aux souvenirs personnels. Il faut faire un choix dans cette production, abondante mais inégale. D'autant plus que Robert Goffin s'intéresse à tout et que son éclectisme pourrait remplir plusieurs vies. Durant les cinq années qui précèdent la seconde guerre mondiale, il publie treize livres : deux essais sur Rimbaud, deux romans, trois recueils de poèmes (notamment Sang bleu en 1939, chronique lyrique des dynasties européennes), trois longues études sur les anguilles, les rats et l'araignée, deux ouvrages sur l'épopée des Habsbourg et la destinée des impératrices Charlotte et Élisabeth et aussi une sorte de guide Michelin de la gastronomie : Routes de la gourmandise (1936). En moins de dix ans, l'écrivain a montré toutes les facettes de ses multiples talents qu'il ne cessera de faire prospérer. Après avoir créé un hebdomadaire contre le nazisme, Alerte, Robert Goffin se réfugie aux États-unis en mai 1940. Il y devient l'ami de tous, à Hollywood ou à Harlem, prend la défense de Léopold III dès le début des hostilités, fonde le journal pro-gaulliste La Voix de la France. Rentré au pays en 1945, il retourne à ses activités juridiques, devient président du Pen Club de Belgique. À ce titre, il voyage aux quatre coins du monde. Il consacre des études à Verlaine, à Rimbaud et à Mallarmé et se lance dans la critique poétique (Fil d'Ariane pour la poésie, 1964), écrit des romans d'espionnage et d'aventures avec une facilité déconcertante, devient un intime de Cocteau et d'Aragon. Il se passionne toujours pour le jazz (une Histoire du jazz tirée à quatre cent mille exemplaires en 1946, une étude sur la Nouvelle-Orléans la même année et une biographie de Louis Armstrong en 1947), établit le record du monde du kilomètre lancé en voiture, rédige pour le film Autant en emporte le vent des sous-titres en français. Il est vraiment partout. Il écrit maints recueils poétiques baroques et foisonnants, dans une luxuriance de paroles qui témoignent de ses emballements comme de ses colères, de ses douleurs maîtrisées comme de sa présence à l'actualité de l'art et du monde. Le Voleur de feu (1950), Filles de l'onde (1954), Sablier pour une cosmogonie (1965) et Chroniques d'outre-chair (1975) dominent cette production poétique surabondante. Après avoir publié Les Wallons fondateurs de New York (1970), Robert Goffin rédige ses mémoires. Deux volumes savoureux paraissent successivement en 1979 et en 1980 : Souvenirs à bout portant et Souvenirs avant l'adieu. On ne peut rêver meilleure introduction à une vie et à une œuvre presque légendaires, en raison de leur diversité et de l'impression de force qu'elles dégagent. Les Américains ne le surnommeraient pas en vain «The amazing Dr Goffin». (le fantastique Dr Goffin). Robert Goffin meurt à Ohain le 27 juin 1984. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 18 avril 1953.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Le Roi du Colorado"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Tant mieux

D’Emmanuel Carrère à Maria Pourchet en passant par Catherine Millet, les mères des écrivains seront l’un…

Les sept visages de l'eau

" Je sens ses bras autour de ma taille. Il me serre si fort. Je n'ose ouvrir les yeux. La chaleur de sa langue sur la mienne, que c'est doux, que c'est bon. Je profite de ce baiser qui n'en finit pas, de ses mains qui crient tendresse, de ses jambes qui disent caresses, de ce corps qui surgit de l'arbre en chantant l'Amour !". Les sept visages de l'eau, un mariage d'amour et de haine où le passé imprègne le présent et détermine l'amour. FranMi nous emmène à travers une recherche d'identité, d'un rôle social dans une communauté villageoise qui, à l'instar de Saint-Léger, son village d'adoption, présente plein de contradictions. Comment vivre, comment demeurer dans un environnement où les traditions et habitudes anciennes se frottent à la consommation et la vitesse…

Thomas J. Willson, ses filles, son fils, et la fin des temps

Tom est un jeune quadragénaire qui élève seul ses trois enfants, Agnès, Axel et Aude, qui ont respectivement 15, 9 et 6 ans. Même s’il exercice un métier qui le passionne – auteur pour la jeunesse –, le quotidien est une épreuve pour lui depuis le décès de sa femme. Il s’efforce de garder le cap un jour après l’autre pour aller de l’avant malgré sa tristesse. Heureusement, ses enfants sont là, avec leur caractère bien trempé, pour animer ses journées et combler le silence de la solitude. Il faut dire qu’avec une ado en guerre contre le patriarcat constamment greffée à son portable, un garçon hyperactif qui pose beaucoup de questions et une petite fille particulièrement intelligente, il n’a pas de quoi s’ennuyer. Grâce à eux, Tom se laisse porter par ce joyeux bordel, qu’il doit tout de même recadrer de temps à autre pour éviter les débordements. C’est donc en compagnie d’un reportage sur la famine grandissante sur le continent africain que nous dégustons notre poulet rôti, notre salade de maïs et notre pain, accompagnés d’une sauce aux champignons un peu trop liquide. – Pourquoi n’ont-ils rien à manger ? demande Axel. – Le capitalisme et les puissances mondiales les privent de leurs propres ressources en attisant des conflits internes pour s’approprier leurs terres, lui explique Aude. Ils alimentent la guerre civile afin de faire du profit au détriment du peuple qui souffre. Je suis fasciné par son intellect. Moi, à son âge, j’avais pour ambition de lécher tous les marqueurs de ma trousse afin de déterminer si le goût changeait en fonction des couleurs. La réponse est non. Du moins pour l’arrière-goût. – Ne t’occupe pas de ça, dis-je à Axel. Ça se passe loin d’ici. Un jour, Aude annonce l’arrivée des signes de la fin des temps. Au début, Tom n’y croit pas et tente de la convaincre du contraire en associant cette lubie au décès de sa femme, symbole de la fin du monde pour sa fille. Des événements étranges apparaissent cependant dans le monde entier : une vague de violences inexpliquées, des intempéries suivies de pillages, des lucioles rouges figées dans l’air, des milliers d’animaux qui disparaissent dans tel pays, se multiplient dans tel autre… Ces phénomènes interpellent Tom, d’autant plus qu’il est amené à vivre des situations inexplicables troublantes qui le poussent à croire de plus en plus à la prophétie de sa fille…Lorsqu’une folie meurtrière se manifeste dans le monde entier suite au passage d’une comète, Tom ne doute presque plus de l’issue des événements récents. Sa seule priorité est alors de protéger ses enfants et de les rassurer face à leurs questions dont il ignore les réponses : est-ce vraiment la fin des temps ? Que faut-il faire ? Essayer de l’arrêter ? Si oui, comment ? Ou accepter l’issue inéluctable et faire comme si de rien n’était en l’attendant ?On pourrait imaginer que le récit Thomas J. Willson, ses filles, son fils et la fin des temps est une dystopie grave et pesante, mais il n’en est rien. Le récit de Julien Léonard est davantage une histoire drôle sur la fin des temps, même si cela parait difficile à croire de prime abord. Nous voyons évoluer au quotidien une famille qui tente de ne pas disjoncter face à un événement grave qui se profile à l’horizon, et comme le protagoniste ne se prend pas au sérieux et est animé par un pragmatisme prudent face à toute cette absurdité, nous pouvons lire des scènes cocasses assez savoureuses («  Je me souviens qu’autrefois j’étais son héros. Désormais, je crois qu’elle me prend pour une sorte de chimpanzé moitié savant moitié débile  »).Mais ne vous y trompez pas, derrière cette folie douce se cache une vraie profondeur, avec des questions existentielles sur le sens de la vie et des vérités générales justes parfois cruelles.– Faut qu’on refasse le cinéma 4D ! dit Axel. – Non, on retourne au manoir hanté ! revendique Aude. – Eh ! C’est grâce à moi qu’on est ici, alors c’est moi qui décide, intervient Agnès. On se refait le Super Flash ! J’ai déboursé deux cent cinquante euros pour les tickets et bravé les embouteillages durant plus de quarante-six minutes pour arriver jusqu’ici, mais apparemment, c’est grâce à Agnès qu’on y est. Soit ! Après tout, ressentir l’euphorie et l’excitation de mes gosses n’a pas de prix. Quelques jours plus tôt, nous étions terrés dans une cave, apeurés, guettant les échos d’un monde devenu cinglé, et nous sommes là à nous demander quelle sera la prochaine attraction. Le monde se remet toujours à tourner. L’être humain est fragile, il fait ce qu’il peut pour se détourner de ses peurs et se mettre à l’abri de la folie du monde. Tom Willson arrivera-t-il à protéger ses enfants face à la fin des temps ? Séverine…