Voyageuse des confins de l’Europe baltique, Anna Ayanoglou y puise la matière de ses poèmes. Un monde de rues désertes «noyées sous le feuillage», aux instants discrets, gardant l’écho lointain des tragédies du XXe siècle. Le «familier» que scrute Anna Ayanoglou court «dans les venelles, dans les cours comme dans des greniers défendus». C’est aussi dans la suite des années, l’expérience de la dissolution amoureuse, celle d’un chemin de vie pas à pas ressaisi dans la parole du poème que l’auteure compose aujourd’hui son propre chant.
Pour ce premier recueil, Anna Ayanoglou a clairement choisi le camp du poème, seul capable d’enregistrer les subtilités perdues, sans nostalgie. L’auteure fait entendre ici une petite musique très singulière, loin des artifices de mode, fidèle plutôt à sa chanson intime. Le fil des traversées s’offre ainsi comme un relevé d’émotions profondes, d’étonnements captés à chaud, l’ordinaire mystérieux d’un quotidien qui sait se faire entendre à condition qu’on l’écoute.
Autrice de Le fil des traversées
Anna AYANOGLOU, Le fil des traversées, Gallimard, 2019, 97 p., 12,50 € / ePub : 8.99 €, ISBN : 978-2-07-284427-0Créé en 1913, le personnage de Barnabooth, voyageur libre et délicat, nous entraîne à travers l’Europe du début du 20e siècle. Sous la plume précieuse de Valery Larbaud, les villes du vieux continent se succèdent, se déplient, de Moscou à Londres, de Paris à Berlin. Occasion pour Barnabooth de dessiner une cartographie intime et personnelle que le lecteur devine au fil des fragments compilés du journal et des poèmes. L’un de ceux-ci éclaire particulièrement le contexte sentimental dans lequel s’effectue cette traversée,Des villes, et encore des villes ;J’ai des souvenirs de villes comme on ades souvenirs…
L’innocence souvent insolente de l’adolescence et cette envie de fuite que l’on jette à la face du monde quand…