Helléniste de première force, traductrice et biographe des grands classiques, Marie Delcourt, éminent professeur à l’Université de Liège, était une chercheuse de haut niveau hantée par le souci de communiquer son savoir. C’est ainsi qu’excellente cuisinière, elle tint à publier un manuel culinaire à l’usage des femmes exerçant des professions particulièrement absorbantes, souvent intellectuelles.
Dans le même esprit, elle accéda à la demande du quotidien Le Soir qui, à deux reprises, à la veille de la seconde guerre mondiale, puis de 1960 à 1970, lui confia la rédaction d’éditoriaux d’intérêt général. Le journal, signe qu’il les portait en grande estime, les publiait en première page, comme autant de rappels discrets à l’essentiel.
Discrets parce que l’érudite, attentive à la « politesse du style », n’aimait pas les grandes phrases ni les mots compliqués. Essentiel parce que « l’autre regard » de Marie Delcourt était légèrement ironique et porteur de significations plus fondamentales.
Michel Grodent a sélectionné parmi ces textes ceux qui ont le mieux résisté aux atteintes du temps. De fait, certains d’entre eux semblent avoir été écrits aujourd’hui même. Proches et en même temps distanciés, on y sent, sous la chroniqueuse, la philosophe qui fait feu de tout bois.
Auteur de L'autre regard : Chroniques du journal Le Soir
À l’occasion du premier anniversaire du décès de Jacques De Decker , de nombreux écrivains, artistes, collègues ou proches livrent un puissant hommage à « l’incurable rêveur de lumière » qu’il était. Composé à l’initiative de sa compagne Claudia Ritter , le livre Je vais promener ma truffe se présente comme un « hymne multiforme » où chacune des (180 !) contributions met en lumière une facette de la personnalité de Jacques De Decker. À l’instar de l’insatiable curiosité de l’homme qui ne fut pas seulement le Secrétaire perpétuel de l’Académie de 2002 à 2020 mais aussi et avant tout un remarquable homme de lettres , le présent ouvrage est émaillé de photographies d’objets, d’œuvres, de lieux et de livres symbolisant sa philosophie généreuse, insolite et amoureuse.Invitant à l’émerveillement, cette balade dans l’univers singulier de Jacques De Decker traverse les villes qu’il a foulées, plonge dans son œuvre, évoque les écrivains qu’il a contribué à faire connaître au travers d’articles ou au détour d’une conversation. Elle témoigne aussi de moments où il était tout simplement présent – où nous l’apercevions, comme l’écrit Rilke, « entier, découpé dans le ciel. »La tonalité des contributions est tantôt mélancolique, tantôt joyeuse, tantôt pudique ; elles adressent à Jacques De Decker un salut fraternel autant qu’elles brossent le portrait d’un monument de nos Lettres belges. Puisqu’il maîtrisait parfaitement les trois langues nationales, ce livre est plurilingue et s’enrichit par ailleurs de contributions en anglais, en italien ou en catalan, témoignant de l’amour que Jacques De Decker portait à la langue et à l’autre. Puisqu’il maîtrisait divers genres littéraires, ce livre est protéiforme : anecdotes, poésie, dialogues, œuvres plastiques et musicales vibrent à l’unisson pour célébrer cet « homme-orchestre ».À la lecture de ce livre-hommage, l’on comprend que Jacques De Decker n’est pas et ne sera jamais un homme du passé. Doué d’une impressionnante vivacité d’esprit et d’un sens du dialogue exceptionnel, il continue à faire rayonner les Lettres et nous adresse un sourire espiègle avant de reprendre sa balade et d’aller « promener sa truffe ». C’est une certitude : nous continuerons à l’apercevoir…
Préface de Jean Tordeur Textes de Jacques Detemmerman, Georges-Henri Dumont , Philippe Jones , Raymond Troussson À propos du livre (4e de couverture) Quelque soixante ans après sa mort (1936), la personnalité…