L'autre regard : Chroniques du journal Le Soir


RÉSUMÉ

Helléniste de première force, traductrice et biographe des grands classiques, Marie Delcourt, éminent professeur à l’Université de Liège, était une chercheuse de haut niveau hantée par le souci de communiquer son savoir. C’est ainsi qu’excellente cuisinière, elle tint à publier un manuel culinaire à l’usage des femmes exerçant des professions particulièrement absorbantes, souvent intellectuelles.

Dans le même esprit, elle accéda à la demande du quotidien Le Soir qui, à deux reprises, à la veille de la seconde guerre mondiale, puis de 1960 à 1970, lui confia la rédaction d’éditoriaux d’intérêt général. Le journal, signe qu’il les portait en grande estime, les publiait en première page, comme autant de rappels discrets à l’essentiel.

Discrets parce que l’érudite, attentive à la « politesse du style », n’aimait pas les grandes phrases ni les mots compliqués. Essentiel parce que « l’autre regard » de Marie Delcourt était légèrement ironique et porteur de significations plus fondamentales.

Michel Grodent a sélectionné parmi ces textes ceux qui ont le mieux résisté aux atteintes du temps. De fait, certains d’entre eux semblent avoir été écrits aujourd’hui même. Proches et en même temps distanciés, on y sent, sous la chroniqueuse, la philosophe qui fait feu de tout bois.


À PROPOS DE L'AUTEUR
Marie Delcourt
Auteur de L'autre regard : Chroniques du journal Le Soir
Marie Delcourt est née à Ixelles en 1891. Elle a passé son enfance à Arlon. Cette époque ne lui laissait guère de souvenirs heureux : l'école des sœurs, les bancs de l'église, l'impossibilité d'entrer à l'école normale parce que la poliomyélite l'avait rendue infirme. Mais elle a l'âme et le corps robustes, elle marche vite, elle apprend à nager avec les bras, comme les anciens Grecs. Elle prépare l'examen du jury central qui lui ouvrira l'Université, car en ce temps les jeunes filles n'étaient pas admises aux humanités. Personnage combattant, elle impressionne... La guerre interrompt des études qu'elle terminera en 1919. Docteur en philosophie et lettres, elle suit à Paris les cours de la Sorbonne et de l'École Pratique des Hautes Études. De retour à Liège, elle enseigne à l'Institut Supérieur de Demoiselles de la Ville, qui deviendra Lycée Léonie de Waha. En 1925, son premier livre est couronné par l'Académie Royale de Belgique. L'intérêt qu'elle y témoigne pour la traduction marquera toute son oeuvre. En 1929 est créé pour elle à l'Université un cours d'histoire de l'humanisme, car ses premiers travaux sont consacrés au rôle des œuvres de l'Antiquité dans la culture française. Elle se lie d'amitié avec Mr et Mme Mayrisch, mécènes luxembourgeois, chez qui elle rencontre quelques personnalités du monde des lettres. Mais c'est à l'Université de Liège, où sa charge augmente, qu'elle fait la connaissance d'Alexis Curvers, alors étudiant. Dans cette vie menée avec autorité et tout entière consacrée à la recherche, un grand amour naît qui ne s'éteindra jamais. En 1932, elle épouse un futur grand romancier qui n'est encore qu'un jeune poète peu conventionnel. «Le mariage, disait-elle, en parodiant Giraudoux, est une lutte permanente pour conserver son sang-froid.» En 1938 avait commencé la série des grands livres consacrés à la mythologie grecque. On reste confondu devant la diversité de cette oeuvre immense où, entre les lignes de force de l'humanisme, du théâtre, de la mythologie et de la traduction, se faufilent mille travaux éclairés par l'intelligence. En 1940, elle est nommée professeur ordinaire et quitte le Lycée. La formation didactique de ses étudiantes l'y ramène chaque année chez ses anciennes élèves, devenues professeurs. Émérite en 1961, elle travaille intensément à la traduction des lettres d'Érasme. Puis vient le temps des renoncements. Elle regarde une dernière fois l'arbre qu'elle a planté à Colpach au château Mayrisch. «Je ne reviendrai plus ici». La voix est sereine. Elle abandonne l'étude du sanskrit pour sauver sa vue. Elle ne sort plus, mais ses lettres poursuivent le dialogue amical. Sa dernière lecture sera Montaigne, qu'elle peut prendre et laisser. Elle ne quittera plus sa chambre. Son mari, aidé de quelques amies, la soignera jusqu'au bout. Elle meurt le 11 février 1979. Son dernier souci : la fatigue d'Alexis.

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