La vie des abeilles

AFFICHEZ LES FICHES LIÉES
La vie des abeilles
La Vie des abeilles / L’Intelligence des fleurs

Première édition
Éditeur : Espace Nord
Date : Juin 2020
Format : Livre

À PROPOS DE L'AUTEUR
Maurice Maeterlinck

Auteur de La vie des abeilles

Lorsqu'il est désigné par le roi Albert, le 19 août 1920, parmi les fondateurs de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, Maurice Maeterlinck a déjà une prodigieuse carrière littéraire derrière lui. Il est, avec Émile Verhaeren, l'écrivain qui, par la Flandre, a donné à la littérature française de Belgique une audience internationale et une identité. Trente années se sont écoulées depuis l'article dithyrambique, paru dans Le Figaro du 24 août 1890, où Octave Mirbeau déclarait La Princesse Maleine, publiée un an auparavant, à trente exemplaires, l'œuvre la plus géniale de son temps et son auteur, un inconnu, comparable à Shakespeare. Ce coup du destin projette du jour au lendemain sur la scène mondiale le Gantois, né le 29 août 1862. C'est la gloire pour l'ancien élève du Collège Sainte-Barbe, pour l'avocat, stagiaire chez Edmond Picard, et pour l'auteur des Serres chaudes (1889), analogies végétales des visions insolites de la subconscience, qui allaient devenir le maître-livre du symbolisme européen. Secrète coïncidence d'une sensibilité, d'un espace géographique aux confins de deux cultures et d'une âme, Maeterlinck livre, en à peine six années, la concentration la plus pure et la plus subtile de l'esthétique symboliste, au point qu'il l'incarne dans les milieux littéraires de l'Europe entière. Se succèdent les drames en un acte, dont il fonde le genre — L'Intruse et Les Aveugles (1890) — vite traduits dans les grandes langues européennes, Les Sept Princesses (1891) et, en 1892, l'apogée de la nouvelle dramaturgie : Pelléas et Mélisande. Deux ans plus tard, paraissent, chez Deman à Bruxelles, les trois petits drames pour marionnettes, Alladine et Palomides, Intérieur et La Mort de Tintagiles. On peut chercher l'explication de la convergence de ces œuvres singulières dans la mise en écriture des enseignements d'une révélation, décisive, selon Joseph Hanse, pour l'orientation de son art : celle que lui apporte l'œuvre du mystique de Groenendael, Ruysbroek l'Admirable, lue dès 1895, et dont il traduit L'Ornement des noces spirituelles (1891), accompagné d'une très significative Introduction. La découverte de la spiritualité mystique incarnée dans le Flamand, auquel il est lié par des affinités congénitales, rejoint chez le traducteur-poète en quête d'une écriture plus conforme à sa sensibilité, celle du symbole authentique, qui émaille la prose de Ruysbroeck. «Depuis que je l'ai vu, note-t-il, notre art ne me semble plus suspendu dans le vide. Il nous a donné des racines. Révélation, parce que dans la syntaxe tétanique de la prose du primitif, la pensée suggère, au lieu de décrire, use d'analogies, d'approximations et d'images puisées dans le quotidien, pour amener au jour ce qui n'a pas de représentation.» La traduction des Disciples à Saïs et des Fragments de Novalis, publiée quatre ans plus tard, s'inscrit dans le sillage de la découverte de l'homme intérieur, inspirant à Maeterlinck cette réflexion qui synthétise sa recherche : «Car c'est à l'endroit que l'homme semble sur le point de finir que probablement il commence...» On peut lire Le Trésor des humbles (1898) comme une sorte de diététique de l'âme, où Carlyle et le bon Emerson ouvrent la voie au sens pratique et réaliste, dont La Sagesse et la destinée (1898) est l'aboutissement. Y demeure cependant très présent le fameux sentiment de l'infini, ferment permanent de l'œuvre maeterlinckienne. L'essai célèbre sur Le Tragique quotidien complété par sa réflexion sur «le mystère, l'inintelligible, le surhumain»… qui alimente la Préface au Théâtre de 1901, pose le dramaturge comme le père-fondateur du théâtre statique. Cette année-là, paraît l'album des Douze chansons, illustré par Charles Doudelet, témoignage de l'ascèse du langage à laquelle se livre le poète pour que seul subsiste l'indicible dans ses chansons de toile. Aglavaine et Sélysette (1896), à la charnière du nouveau théâtre, dont Monna Vanna (1902) est le document, présente désormais le rayonnement de la beauté morale et de l'amour comme une issue au tragique. Dans ce nouveau contexte, s'inscrivent Sœur Béatrice (1901), Joyzelle (1903), Ariane et Barbe-Bleue (1907). L'activité de l'auteur dramatique n'exclut pourtant pas la recherche du scientifique éclairé. Du Temple enseveli (1902) au Double Jardin (1904), Maeterlinck poursuit sa méditation, qui alterne avec l'observation rigoureuse des insectes et des plantes. Il en livre les résultats dans La Vie des abeilles (1901), premier volet d'un triptyque complété par La Vie des termites (1927) et La Vie des fourmis (1930). Il faut y joindre L'Intelligence des fleurs (1907). En fait, dans ces livres qui deviennent vite des best-sellers, l'observation scientifique est sous-tendue par la même foi spiritualiste, puisée initialement dans les doctrines mystiques et rejointe chez les philosophes de la Nature, dont Le Grand Secret (1921) retrace les étapes. La croyance à la symbiose universelle assure la continuité de sa méditation. Composée en 1908 à la manière du «Märchen» ésotérique novalisien, L'Oiseau bleu, sous le couvert d'une quête initiatique, livre le message de la foi dans l'unité vivante du monde, où tous les conflits finissent par se dénouer. Le prix Nobel en 1911 couronne Maeterlinck pour l'idéalisme de son œuvre. Après avoir mis sa plume au service de la patrie occupée (Le Bourgmestre de Stilmonde et Le Sel de la vie), Maeterlinck reprend son interrogation sur l'énigme de la destinée dans des recueils de fragments, d'où émergent quelques beaux aphorismes, tels La Grande Loi (1933), Devant Dieu (1937) et L'Autre Monde ou le Cadran stellaire (1942) — ce dernier ouvrage publié à New York durant la deuxième guerre mondiale. Le livre Bulles bleues (1948), s'il réunit les souvenirs du grand Gantois que la mémoire a quelque peu embellis, confirme sa croyance dans l'unité fondamentale du cycle infini de la nature, aussi vivante en lui à la fin de sa vie qu'à ses débuts. Maurice Maeterlinck meurt à Nice le 6 mai 1949.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Maurice MAETERLINCK, La vie des termites, Préface de Michel Brix, Bartillat, coll. « Omnia Poche », 2019, 160 p., 10 €, ISBN : 978-2-84100-676-6Maurice MAETERLINCK, La vie des fourmis, Préface de Michel Brix, Bartillat, coll. « Omnia Poche », 2019,198 p., 12 €, ISBN : 978-2-84100-677-9 L’œuvre de Maurice Maeterlinck (1862-1949) dégage une impression générale aussi puissante que celle du massif de l’Everest, quand il n’était arpenté que par quelques rares alpinistes téméraires et aventureux : on ne sait par quelle face il faut l’aborder. Maeterlinck, figure de proue du symbolisme, se dresse presque malgré lui tel un sommet (à ce jour seul prix Nobel-ge de littérature, en 1911), constitué d’innombrables cimes et…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:vie sociétés ruche oeuvre - "La vie des abeilles"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Entre le deuil du monde et la joie de vivre

Dans ce livre de « mémoires » collectives…

Plaisirs Suivi de Messages secrets : entretiens avec Patricia Boyer de Latour

Le doute, la mémoire, l’amour, le double, Venise, la musique, les Primitifs flamands, les visages, les miroirs, la Belgique… autant de portes d’entrée du voyage qui mena Dominique Rolin et Patricia Boyer de Latour à tisser un ensemble d’entretiens réunis sous le titre Plaisirs. Dès 1999, bien après Les marais, Le lit, La maison la forêt , Le corps, Les éclairs, à l’époque où paraissent des œuvres majeures comme La rénovation, Journal amoureux , débute une série d’échanges placés sous le signe de «  la promenade dans un jardin  » (Rolin), le jardin Rolin dont les fleurs s’appellent le doute, la passion, l’enfance, l’écriture comme «  investissement total de l’être  ». Une des lames de fond de l’univers existentiel et créateur de Dominique Rolin, sur laquelle elle revient sans relâche, a pour nom le doute. Non pas un doute cartésien qui, s’hyperbolisant, accouche d’une certitude irréfragable, mais un doute énergisant, qui, sans se convertir en conviction ferme, transmue la peur en force mentale. En dépit d’une irréconciliation avec soi, du démon de l’inquiétude, des «  mouvements noirs  » d’une enfance marquée par un père qui la rejette, l’écrivain et dessinatrice tire de sa dualité une vocation à l’allégresse. «  Je vis en permanence sur deux niveaux : il y a l’extrême bonheur de vivre, et l’extrême peur de vivre  ». Au fil des entretiens, Dominique Rolin exhume les alluvions de l’œuvre, les nappes phréatiques qui l’impulsent : les territoires de l’enfance à Boitsfort, de la forêt de Soignes, la fibre mystique, les sortilèges du rêve et de la surréalité, la fascination pour Breughel, Vermeer, Rembrandt, les élans oniriques des Primitifs flamands et la passion inouïe, éternelle qui la lie à Philippe Sollers… Lire aussi : Sollers-Rolin : une constellation épistolaire (C.I. n° 201) Art de vivre, l’écriture est inséparable de l’amour, consubstantielle à la présence de l’Amoureux, Jim/Philippe Sollers qui la sauve, qui «  l’embryonne  » (Sollers), qui lui ouvre leur port d’élection, Venise, et les vertiges de la musique. La découverte du jazz, de la musique classique, la révélation de la lumière australe, des canaux de la Sérénissime surgissent comme des expériences qui transforment la pratique de l’écriture. Abordant la littérature sous l’angle d’un laboratoire de vie, Dominique Rolin écoute, capte les phénomènes qui relancent son souffle de liberté. Transie par le temps, la substance de l’écriture est celle des transformations, des métamorphoses, des renouvellements formels, sensitifs, conceptuels. «  Ma rencontre avec Jim [Philippe Sollers] a complètement transformé mon écriture. Écrire et tenir le coup, c’est se laisser secouer sismiquement par tous les événements extérieurs et toutes les évolutions intérieures qui en sont la conséquence. Il faut l’exercice d’un talent cru, le sens du rêve…  ». Lire aussi : notre recension des  Lettres à Philippe Sollers 1958-1980 Les textes qui composent Messages secrets ont pour origine les entretiens réalisés par Patricia Boyer de Latour entre 2007 et 2009. Celle qui vivra presque un siècle (1913-2012) entre alors dans sa nonante-quatrième année. Méditations sur la sur-vie, sur l’après-vie, sur les songes, conversion à la foi, coexistence proustienne du présent (l’appartement le « Veineux » rue de Verneuil à Paris) et du jadis (la maison d’enfance à Boitsfort), ces textes condensent une métaphysique de la sensation, une phénoménologie des existants. Ils explorent l’écriture comme expérience intérieure proche du sacré, évoquent les amours avant Sollers — Robert  Denoël, Bernard Milleret —, les extases artistiques — les Mémoires de Saint-Simon, Breughel l’Ancien —, les amitiés avec Violette Leduc, Raymond Queneau, Roger Nimier ou encore l’attirance pour les escaliers en tant que passages du temps et lieux secrets.  «  La forêt des mots  » que Dominique Rolin planta, de livre en livre, s’offre comme la prolongation de son amour pour les forêts de sa jeunesse. Ces forêts que, pris dans une spirale suicidaire, le XXIème siècle massacre, ces étendues boisées qu’on assassine, provoquant l’effondrement irréversible de la biodiversité, l’auteur de L’infini chez soi, L’enragé (sur Breughel) , Les géraniums les vénère avec la lucidité de qui sait qu’il n’y a monde que dans l’alliance entre les formes du vivant et que la disparition de la richesse des espèces animales et végétales prélude à notre anéantissement. Une ville est l’œuvre des hommes, mais les arbres… Ils donnent de la sève aux immeubles, aux rues et à cet environnement qui sans eux serait coupé de son âme. Nous devrions leur en être éternellement reconnaissants […] J’ai été élevée dans cet amour des forêts et je me souviens très bien de mes premières sensations, de mes premiers rêves et de mes premiers contacts liés à cette nature ombreuse,…