« La maison de l’âme, c’est un rituel. Au fil de votre vie, vous offrez à des étrangers ou des gens de passage de quoi abriter, nourrir, vêtir et parer votre âme ou bien celle d’un proche, après la mort. Inutile de donner aux membres de la famille : c’est un héritage, pas un don. Les héritages pèsent sur les âmes. Il faut quelque chose de léger, gratuit… Dans ce rituel, tout se joue sur la confiance entre deux personnes qui se rencontrent par hasard, l’une qui donne et l’autre qui reçoit. En réalité, elles sont trois si l’on compte l’âme disparue .»
Qu’est-ce qui sépare une journaliste radio à Paris, spécialiste des conflits en Afrique, et un jeune ethnologue roumain ? Suffisamment de choses pour que Claire, dans un premier temps, décline poliment l’invitation de l’énigmatique Stefan M. à venir réaliser un reportage sur la Roumanie de l’après Ceausescu. Et qu’est-ce qui, mystérieusement, les relie pour qu’elle se ravise et rejoigne l’ethnologue qui ne la connaissait jusque là que par sa voix ? La voix, c’est tout le thème de ce roman que l’on sent de bout en bout adressé. Dans le petit village de Snagov, Claire découvre la chape de silence par-dessus les tensions, amertumes et violences d’autant plus sensibles un an à peine après la révolution de 1989 qu’au bord de ce lac renommé les victimes du pouvoir côtoient encore leurs bourreaux. Peu à peu elle donne la parole à ceux qui se désignent eux-mêmes comme « démolis » de l’ancien régime, victimes d’un Plan parmi d’autres, où ils ont été forcés de détruire leur maison et d’habiter des immeubles construits par le pouvoir. Son intention pourtant n’est pas de réaliser un reportage…
Dans ce village meurtri, la journaliste et l’ethnologue s’attendent, se cherchent et se perdent, chacun prisonnier de ses hantises. Ils n’ont que quelques jours pour accomplir le rituel qui seul peut les sauver…
À la fois livre de l’intime et livre d’enquête, ce roman clôture une trilogie commencée par l’auteur avec La Plus que mère et La Cérémonie des Poupées, tous deux parus chez maelstrÖm et traversés par cette même obsession du non-dit et de la prise de parole, du rituel et de la catharsis.
Auteur de La Maison de l’âme
Quand j’étais petit, les cosmonautes vivaient aussi longtemps que les chênes
Un homme, dont on devine le grand âge, entreprend un périple d’Anvers à Venise en train. Il a parsemé le parcours d’étapes amicales au cours desquelles il prendra le temps des retrouvailles avant de continuer sa route. De ce pèlerinage, on aura vite compris que l’effet recherché est de savourer l’instant présent. Le voyageur scrute les paysages qui défilent et cueille les images furtives quoi s’offrent à lui. Il en est de même des êtres qu’il croise et sa disponibilité lui vaut une belle galerie de rencontres éphémères mais toujours placées sous le signe de l’étonnement positif. À Luneville, la première de ses étapes, il retrouve Martin, jeune travailleur social actif dans un service pour handicapés mentaux. Avec lui, il observe les résidents et explore les surprises de l’altérité. Non sans passer de bons moments à table en compagnie de mets et flacons dignes d’un dernier repas, rituel constant des étapes amicales. Le train le conduit ensuite au bord du lac de Constance auprès d’Anton, avec qui il devise de cinéma et de littérature. Puis à Matrei am Brenner, village tyrolien où l’attend Louise, une anthropologue à la retraite avec qui il scrute les cultures multiples du monde. Suit encore Vérone, où vit Mirek, un historien de l’art polonais avec qui il revisite les œuvres qui les ont touchés. À chaque fois, la même magie joue. L’ami est une personne dont la compagnie réveille des souvenirs mais surtout avec qui se déroulent les rubans d’un patrimoine européen inépuisable, démarche faite de découvertes et d’émotions, de bouleversements tout à la fois intimes et partagés, bribes d’un trésor collectif. Le prisme varié des rencontres, qui touchent à différentes facettes du savoir, décuple les approches sans les hiérarchiser, offrant un kaléidoscope aux combinaisons infinies.À Venise, où il a prévu de passer du temps seul face à lui-même, une rencontre ultime l’attend, imprévue celle-là. Comme il est prêt à en saisir la chance, elle ne sera pas moins riche que les autres, que du contraire. À telle enseigne que ce voyage, qui pourrait être le dernier, est tout sauf un adieu. La présence au monde de cet homme est à son maximum : il aborde les choses avec une sagesse positive qu’on lui envie, sans renoncer en rien à ses rêves d’enfant, avec un art subtil de prendre le meilleur sans le pire.Au terme de ce périple narré en termes élégants qui célèbre la culture partagée par-delà les diversités d’âge, d’origine et de formation, on se prend, sans que la chose soit nommée, à mesurer une des chances de l’Europe, celle qui permet aux gens de circuler, d’échanger sans entrave…
Neuf cercles de l’enfer, de l’extase, neuf parts d’un festin cannibale où s’entre-dévorent les pulsions Éros dans…