Alexandre Valassidis / Louis Adran

PRÉSENTATION
Alexandre Valassidis est né à Liège en 1984, il écrit également sous le pseudonyme de Louis Adran.
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Le Carnet et les Instants

Rarement les sortilèges du verbe se font sentir avec une telle fulgurance, une telle intensité à l’occasion d’un premier recueil. Premier ouvrage publié par Louis Adran né en 1984 à Beyrouth, le recueil poétique Cinq lèvres couchées noires délivre une sidérante puissance. Entre récit placé sous le signe du mystère et magie d’une langue réinventant ses lois, le recueil campe l’errance d’un groupe de soldats jetés sur les routes des villes, des campagnes, d’une guerre dont l’auteur tait la teneur. En exergue, un extrait du grand magicien des Lettres, Julien Gracq dont Louis Adran convoque Liberté grande, l’unique recueil poétique de l’auteur du Rivage des Syrtes, Au château d’Argol, La forme d’une ville. Disposé en deux parties, le récit poétique plante…


Le Carnet et les Instants

Après un éblouissant premier recueil poétique Cinq lèvres couchées noires, paru aux Éditions Cheyne en 2020, Louis Adran nous plonge dans l’incandescence fauve d’un deuxième recueil, Nu l’été sous les fleurs précédé de Traquée comme jardin.

Qu’est-ce que la syntaxe ? Comment épouse-t-elle une autre langue après avoir consommé le divorce avec la langue officielle ? L’économie poétique de Louis Adran est celle d’un écrire qui rompt avec le dire. L’écrire surgit dans l’après-désastre, dans l’après-temps perdu et revient sur ce passé. Poussant plus avant le mouvement d’effacement, le poète inscrit dans le verbe même le frôlement d’aile du non-écrire, l’interruption de la lettre. Sa langue porte trace des guerres qu’on a menées contre…


Le Carnet et les Instants

Alexandre VALASSIDIS, Au moins nous aurons vu la nuit, Gallimard, coll. « Scribes », 2022, 112 p., 15,50 € / ePub : 10,99 €, ISBN : 978-2-07-299536-1Nous sommes dans une banlieue indéfinie, dans l’ombre de tours de béton, et la vie s’écoule sans que l’on puisse penser qu’il fera meilleur demain. Le narrateur, qui ne livre pas son nom, nous parle de Dylan, dont il était si proche et qui a disparu au creux de la nuit. Il nous dit leur univers commun, celui qu’ils trouvent en lisière de la cité, là où on peut respirer une fois passée la voie ferrée. Entre eux, peu de mots, au mieux quelques regards, une forme de complicité tacite qui ne dit pas non plus son nom.Entre nous, ça avait tout de suite pris, si je puis dire. Dès la première fois où nos regards s’étaient…


Le Carnet et les Instants

Tirer s’étire dans la dentelle subtile d’une narration taiseuse. Pourtant muni d’un revolver et coincé derrière la porte mystérieuse d’un appartement, le narrateur conclut que « c’était à peu près tout ». La dentelle se fait alors doublure, la mémoire défaillante du narrateur l’aiguillant vers la superposition confortable de deux époques morcelées, qui aurait raison de l’existence du livre :Au fond, la plage est plutôt apparue en surimpression de l’appartement du septième étage et de tout ce qui l’a précédé de peu. Dans mon esprit, ça donnait aux deux mondes une profondeur particulière en même temps qu’une inconsistance fantomatique. Ça faisait des images imprécises aux couleurs trop mélangées. Et je me suis dit que, d’une certaine manière,…