La main

RÉSUMÉ

Carino Bucciarelli est né en 1958 à Charleroi. Poète remarqué pour l’originalité de son oeuvre, il vit toujours dans cette région. Après la Main, roman où la frontière entre le merveilleux et le réel n’existait pas, Carino Bucciarelli nous plonge, avec ces nouvelles, dans un tourbillon de situations insolites. En des lieux aussi précis qu’imaginaires, des personnages fantasques, et pour tout dire grotesques, se cherchent, se piègent, s’aiment et se combattent. Un tableau de nos folies.

Au cours de l’hiver, C. reçut une lettre de L. : «Nous menons plusieurs vies sans le savoir. J’ai tout ce qu’il faut ici. Une table, une chaise, du papier et des stylos-bille. Le logement est petit, c’est une aubaine.» Où voulait-il en venir ?Dans les semaines qui suivirent, des envois réguliers lui parvinrent : quelques pages rédigées soigneusement, sans la moindre lettre. Les récits de L. se partageaient en deux tonalités : certains textes semblaient constituer l’autobiographie d’un personnage non nommé ; d’autres renvoyaient à des thèmes ou à des personnages généraux. Les envois cessèrent six mois plus tard. C. apprit bientôt la mort de L., retrouvé dans un fossé au bord de la route. Ce volume regroupe les textes envoyés par L. à C., en respectant l’ordre de réception et les titres originaux.Ces «contes d’un fou peu ordinaire» se partagent en deux tonalités : des textes toujours écrits à la première personne, sorte d’autobiographie imaginaire d’un personnage non nommé ; et des chapitres relativement courts renvoyant à des thèmes ou à des personnages généraux. Une constante toutefois dans ces nouvelles : le style et l’imaginaire à la fois baroque et quasi surréaliste de cet auteur atypique et doué.

DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)
Les premières lignes Au cours de l’hiver dernier, je reçus une lettre de L. Des années s’étaient écoulées depuis le jour où, pour la dernière fois, je l’avais vu.Les liens d’amitié qui s’étaient noués entre nous ne résistèrent pas longtemps. D’un caractère versatile, je dirais même instable, il instaurait entre lui et ses proches des rapports de rivalité et de tension aboutissant à d’inévitables ruptures.Il me remit un jour un manuscrit assez mince où il relatait un souvenir d’enfance, le propos en était anodin, mais l’écriture, d’un style sûr. Je lui en fis la remarque ; toutefois, plus jamais par la […]
À PROPOS DE L'AUTEUR
Carino Bucciarelli

Auteur de La main

Issu d'un milieu d'ouvriers immigrés italiens dans la région de Charleroi où il est né en 1958 et a toujours vécu, Bucciarelli ne se sent pas l'héritier d'une tradition culturelle méditerranéenne. D'autre part, appelé par ses origines sociales à suivre une scolarité essentiellement tournée vers l'apprentissage technique, il échappe notamment à l'enseignement de la poésie des classes d'avant-dernière année de l'enseignement secondaire général. C'est donc, comme il le confesse lui-même, «par hasard» qu'il en vient à découvrir les «univers» de la littérature.Au départ, il se passionne simplement pour l'astronomie, univers qu'il découvre à treize ans dans un fascicule qui traînait chez lui, arrivé mystérieusement dans ce monde où les livres n'existent pas. Cette découverte le passionne au point que le jour où il apprend qu'il existe en ville une bibliothèque publique où l'on peut emprunter ce genre d'ouvrages, il court s'y inscrire et dévore de nombreux volumes de vulgarisation scientifique.Cette passion va s'atténuer, mais il gardera l'habitude de flâner dans cette bibliothèque et il passera, sans trop s'en rendre compte, aux rayons littéraires. Le hasard le guidera d'abord dans ce vaste univers. Assez vite probablement, un sentiment d'étrangeté, pour un garçon d'une grande curiosité intellectuelle, l'amène intuitivement sur les chemins que Kafka et Lautréamont ont balisés avant lui. Mais ce sentiment, dont il reconnaît bien volontiers qu'il découle de son goût pour les livres dans un monde familial qui n'en compte quasiment pas, n'apparaît qu'à la fin de l'adolescence.C'est peut-être d'ailleurs la seule différence qu'il éprouve entre lui et son milieu (la périphérie industrielle de Charleroi). La situation de dénuement matérielle qui est celle des familles du quartier est la même pour tous les enfants de son âge. Par ailleurs, les populations belge et immigrée vivent là dans un climat de bonne entente. Aussi son identité culturelle, vierge à de nombreux égards, peut-elle d'entrée de jeu s'ouvrir sur le monde : suivront ainsi pêle-mêle Samuel Beckett, Henri Michaux, Garcia Lorca et plus tard Yannis Ritsos et Constantin Cavafy, ainsi que de nombreux autres; il a alors la sensation de découvrir une famille de créateur.Ses premiers essais poétiques seront bien accueillis dans les petites revues, mais il sait ce qui le sépare des poètes qu'il lit avec passion et qu'un travail énorme l'attend. Il sait aussi que la particularité de n'avoir aucune formation littéraire pourra devenir une arme. Et, après avoir publié deux recueils à compte d'auteur, Carino Bucciarelli va «trouver»Les poèmes de ce qu'il considère comme son premier livre: «Le Jour d'Attila». Il a cette fois l'impression d'écrire ce qu'il veut écrire. Parallèlement à ce chemin, une vie professionnelle en usine dans un milieu où il ne se reconnaît pas l'amènera à une plus grande scission encore entre vie sociale et vie créative. Il juge d'ailleurs qu'il est encore trop tôt pour parler de cette expérience. Il est aujourd'hui enseignant dans une école technique.

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