La bouche des carpes : entretiens avec Michel Robert


RÉSUMÉ

« On n’est pas forcé d’aimer mes livres… » « Mon ambition était de devenir danseuse étoile… »« Je crois dans les anges visibles… » « Pourquoi nierais-je que je suis un être pervers ? » « J’ai voulu mourir à cause de la laideur de la bouche des carpes… »   Dans un café ou sous la pluie, chez elle ou chez lui, ou encore… dans les bois : l’auteur d’Hygiène de l’assassin, de Stupeur et tremblements et des Prénoms épicènes a accordé une série d’entretiens à Michel Robert. Au fil de leur conversation – parfois sage ou sincèrement drôle, parfois folle ou même intime – est née une amitié.Amélie Nothomb se livre ici comme rarement, évoquant aussi bien sa vie privée que la création littéraire, l’Europe, la Chine et le Japon, son sens de l’amitié et sa vision de l’amour, son goût de la solitude et des « orgies intellectuelles »… Ainsi se dessinent les thèmes majeurs d’une œuvre en plein devenir.Un document exceptionnel, donnant à voir dans toutes ses dimensions un écrivain aussi déroutant que capital.


À PROPOS DE L'AUTRICE
Amélie Nothomb
Autrice de La bouche des carpes : entretiens avec Michel Robert
«Je est un autre» écrit Rimbaud. Je suis profondément d’accord mais il me semble que c’est incomplet : «Je est plusieurs autres», telle serait ma version de cette phrase. Il y a en moi une foule d’individus qui ne demandent qu’à vivre : je les laisse s’exprimer à travers ma plume, en leur donnant la parole à tour de rôle. Ce sont tous des inconnus et je suis toujours étonnée de ce qu’ils me font écrire. C’est pourquoi mes livres n’appartiennent à aucun genre en particulier : ils sont disparates à l’image de leurs innombrables auteurs qui, en vertu d’une bizarrerie identitaire, s’appellent tous Amélie Nothomb. Né à Kôbe (Japon) le 13 août 1967, elle passe son enfance et son adolescence en Extrême-Orient. Elle est licenciée en Philologie romane de l’ULB. Elle ne fait rien d’autre qu’écrire…


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Amélie Nothomb a connu un automne foisonnant : son roman annuel – le réussi Les prénoms épicènes –, a été rapidement suivi par un livre d’entretiens signé Michel Robert, La bouche des carpes.

« Signé » est-il d’ailleurs le terme approprié ? Dans sa préface, Jacques De Decker qualifie certes Michel Robert de « maître d’œuvre » du livre, mais tant la couverture que la page de titre présentent Amélie Nothomb comme l’autrice. Un choix des éditions de l’Archipel (le livre n’est pas publié par l’éditeur attitré de la romancière, Albin Michel) qu’explique peut-être cet échange entre l’écrivaine et Michel Robert :
– Vous êtes donc un instrument…


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