La Belgique littéraire | Objectif plumes

La Belgique littéraire

RÉSUMÉ

Introduction de Paul GorceixÀ propos du livre (extrait de l’Introduction)

Rares sont les ouvrages concernant l’histoire de la littérature qui, quelques décennies passées, ne nous paraissent pas vieillis, difficilement exploitables pour la recherche et même parfois peu lisibles. Le petit livre de Remy de Gourmont, La Belgique littéraire, compte parmi ces heureuses exceptions. L’essai, écrit sur cette littérature qu’on appelle aujourd’hui «la Littérature…

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Lire un extrait La longue histoire de la formation de la Belgique, tour à tour province de la maison de Bourgogne, de la maison d'Autriche, province espagnole, assemblage de villes livres, partie intégrante de la Hollande, enfin royaume autonome, fait bien comprendre que rien de ce qui ressemble à une littérature nationale n'a pu fleurir sur cette terre incertaine, avant les dernières années du dix-neuvième siècle. Cependant, n'y a-t-il pas eu une littérature des provinces Belgiques, des provinces flamandes ou wallonnes, avant le moment où il sied de parler d'une littérature belge? Adènes le Roi qui écrivit un des poèmes les plus célèbres du moyen âge : Berte aux grands pieds, ne naquit-il pas en Brabant, ne vécut-il pas sous un comte brabançon? Et Froissard, ne fut-il pas de Valenciennes, et Comines, de Comines, à une époque où Valenciennes et Comines étaient, non des villes françaises, mais des villes flamandes, à l'époque où les Flandres étaient bourguignonnes? Et plus tard, le prince de Ligne, écrivain du meilleur esprit français, né à Bruxelles en 1735, ne peut-il être donné à la Belgique mieux qu'à la France ? Sans vouloir en rien réformer une habitude qui nous enrichit de forts beaux noms, on peut tout de même noter que la Belgique n'est pas la terre sans tradition littéraire que l'on croit et que ses racines plongent au plus profond des êtres. À vrai dire, l'expression littérature belge n'est légitime et n'est adoptée que depuis très peu d'années. J'en placerais la naissance vers 1881, sinon en cette année même où parut le premier numéro d'une revue appelée la Jeune Belgique, mais, bien avant cette date, Bruxelles, si grandie et si remplie dans la Révolution, était un centre littéraire. Le prince de Ligne avait écrit partout, publié partout, au hasard des chevauchées de guerre, ceux qui virent après lui, sans guère le connaître, d'ailleurs, eurent des destinées plus sédentaires. C'est à cela qu'on reconnaît qu'un pays, ne fût-il encore qu'une province, manifeste la volonté de se créer une littérature, c'est que des écrivains y naissent, y vivent, y meurent, qu'ils y ont cherché un public dans la capitale du territoire, qu'ils dépendent de ses mœurs et de ses idées, qu'ils ont cessé, en un mot d'être, comme le prince de Ligne, comme Jean-Jacques Rousseau, détachés de leur milieu.
Table des matières Introduction Chronologie La Belgique littéraire Préface I. Des origines à Georges Rodenbach II. Émile Verhaeren III. Van Lerberghe et les autres poètes IV. Camille Lemonnier et le roman V. Maurice Maeterlinck Note sur les revues Index des noms cités Le livre des masques (extraits) Préface Maurice Maeterlinck Émile Verhaeren Georges Eekhoud Max Elskamp Promenades littéraires (extraits) Émile Verhaeren L'originalité de Maeterlinck

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Le fantastique dans l’oeuvre en prose de Marcel Thiry

À propos du livre Il est toujours périlleux d'aborder l'oeuvre d'un grand écrivain en isolant un des aspects de sa personnalité et une des faces de son talent. À force d'examiner l'arbre à la loupe, l'analyste risque de perdre de vue la forêt qui l'entoure et le justifie. Je ne me dissimule nullement que le sujet de cette étude m'expose ainsi à un double danger : étudier l'oeuvre — et encore uniquement l'oeuvre en prose de fiction — d'un homme que la renommée range d'abord parmi les poètes et, dans cette oeuvre, tenter de mettre en lumière l'élément fantastique de préférence à tout autre, peut apparaître comme un propos qui ne rend pas à l'un de nos plus grands écrivains une justice suffisante. À l'issue de cette étude ces craintes se sont quelque peu effacées. La vérité est que, en prose aussi bien qu'en vers, Marcel Thiry ne cesse pas un instant d'être poète, et que le regard posé sur le monde par le romancier et le nouvelliste a la même acuité, les mêmes qualités d'invention que celui de l'auteur des poèmes. C'est presque simultanément que se sont amorcées, vers les années vingt, les voies multiples qu'allait emprunter l'oeuvre littéraire de M. Thiry pendant plus de cinquante années : la voie de la poésie avec, en 1919, Le Coeur et les Sens mais surtout avec Toi qui pâlis au nom de Vancouver en 1924; la voie très diverse de l'écriture en prose avec, en 1922, un roman intitulé Le Goût du Malheur , un récit autobiographique paru en 1919, Soldats belges à l'armée russe , ou encore, en 1921, un court essai politique, Voir Grand. Quelques idées sur l'alliance française . Cet opuscule relève de cette branche très féconde de son activité littéraire que je n'étudierai pas mais qui témoigne que M. Thiry a participé aux événements de son temps aussi bien sur le plan de l'écriture que sur celui de l'action. On verra que j'ai tenté, aussi fréquemment que je l'ai pu, de situer en concordance les vers et la prose qui, à travers toute l'oeuvre, s'interpellent et se répondent. Le dialogue devient parfois à ce point étroit qu'il tend à l'unisson comme dans les Attouchements des sonnets de Shakespeare où commentaires critiques, traductions, transpositions poétiques participent d'une même rêverie qui prend conscience d'elle-même tantôt en prose, tantôt en vers, ou encore comme dans Marchands qui propose une alternance de poèmes et de nouvelles qui, groupés par deux, sont comme le double signifiant d'un même signifié. Il n'est pas rare de trouver ainsi de véritables doublets qui révèlent une source d'inspiration identique. Outre l'exemple de Marchands , on pourrait encore évoquer la nouvelle Simul qui apparaît comme une certaine occurrence de cette vérité générale et abstraite dont le poème de Vie Poésie qui porte le même titre recèle tous les possibles. Citons aussi le roman Voie-Lactée dont le dénouement rappelle un événement réel qui a aussi inspiré à M. Thiry la Prose des cellules He La. Je n'ai donc eu que l'embarras du choix pour placer en épigraphe à chaque chapitre quelques vers qui exprimaient ou confirmaient ce que l'analyse des oeuvres tentait de dégager. Bien sûr, la forme n'est pas indifférente, et même s'il y a concordance entre les thèmes et identité entre les motifs d'inspiration, il n'y a jamais équivalence : le recours à l'écriture en prose est une nécessité que la chose à dire, à la recherche d'un langage propre, impose pour son accession à l'existence. C'est précisément aux «rapports qui peuvent être décelés entre ces deux aspects» de l'activité littéraire de Marcel Thiry que Robert Vivier a consacré son Introduction aux récits en prose d'un poète qui préface l'édition originale des Nouvelles du Grand Possible . Cette étude d'une dizaine de pages constitue sans doute ce que l'on a écrit de plus fin et de plus éclairant sur les caractères spécifiques de l'oeuvre en prose; elle en arrive à formuler la proposition suivante : «Aussi ne doit-on pas s'étonner que, tout en gardant le vers pour l'examen immédiat et comme privé des émotions, il se soit décidé à en confier l'examen différé et public à la prose, avec tous les développements persuasifs et les détours didactiques dont elle offre la possibilité. Et sa narration accueillera dans la clarté de l'aventure signifiante plus d'un thème et d'une obsession dont son lyrisme s'était sourdement nourri.» Car, sans pour autant adopter la position extrême que défend, par exemple, Tzvetan Todorov dans son Introduction à la littérature fantastique, et qui consiste à affirmer que la poésie ne renvoie pas à un monde extérieur à elle-même, n'est pas représentative du monde sensible (et d'en déduire — j'y reviendrai dans la quatrième partie — que poésie et fantastique sont, pour cette raison, incompatibles), on peut cependant accepter comme relativement sûr que la traduction en termes de réalité ne s'opère pas de la même façon lors de la lecture d'un texte en prose ou d'un poème. C'est donc tout naturellement qu'un écrivain recourra à la prose, dont l'effet de réel est plus assuré, dont le caractère de vraisemblance est plus certain, chaque fois qu'il s'agira pour lui, essentiellement, d'interroger la réalité pour en solliciter les failles, d'analyser la condition humaine pour en déceler les contraintes ou en tester les latitudes. Le développement dans la durée permet l'épanouissement d'une idée, la mise à l'épreuve d'une hypothèse que la poésie aurait tendance à suspendre hors du réel et à cristalliser en objet de langage, pour les porter, en quelque sorte, à un degré supérieur d'existence, celui de la non-contingence. Il n'est sans doute pas sans intérêt de rappeler que, dans un discours académique dont l'objet était de définir la fonction du poème, M. Thiry n'a pas craint de reprendre à son compte, avec ce mélange d'audace et d'ironie envers lui-même qui caractérise nombre de ses communications, cette proposition de G. Benn et de T. S. 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