Kalloo, le village imaginé : récit

RÉSUMÉ

Kalloo, Le village imaginé est le dernier ouvrage paru du vivant de Constant Burniaux. Y est mis en scène un héros vieillissant, double fictionnel de l’auteur, jouant avec les souvenirs de son enfance. Ce héros est décrit comme étant à la fois un « souveneur » et un « réinventeur ». Au fur et à mesure des pages, les souvenirs sont ainsi successivement déformés, travestis par trois genres littéraires : le conte fantastique, le récit autobiographique, la nouvelle.

Sous-titré récit, au singulier, Kalloo, le village imaginé se compose donc d’éléments hétéroclites qui se recoupent pour former une image fugace, un sentiment de l’enfance et de la vie d’un héros vieillissant. La première section, intitulée Images de Kalloo, voit se succéder neufs brefs contes à caractère fantastique qui se nourrissent des images de l’enfance. La seconde section, intitulée Souvenirs de Kalloo, se fait davantage autobiographique : en pensées, le héros devenu vieillard se projette auprès des figures de son passé, quand ce n’est pas l’enfant qui lui rend visite. Ces figures du passé et les lieux de l’enfance sont finalement définitivement mis au service de la fiction dans la troisième section, Kalloo, le village imaginé, relevant du genre de la nouvelle.  Un narrateur autodiégétique, Jean Perouse, en pleine crise conjugale, se promène dans le village de son enfance, lieu réinventé aux effluves flamandes. Il y est à la recherche de ses premières amours au milieu des fantômes de ce qu’il fut. Après une errance physique et temporelle, Jean Perouse retrouve son épouse par hasard et regagne, de guerre lasse, le domicile conjugal. S’ensuit une ellipse de plusieurs années. Le lecteur y retrouve un Jean Perouse veuf. Au même titre que les premières femmes de la vie de Jean Perouse, l’épouse défunte rejoint les spectres nostalgiques qui hantent les lieux où le narrateur les a fréquentés.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Constant Burniaux

Auteur de Kalloo, le village imaginé : récit

Constant Burniaux naît en plein cœur de Bruxelles le 1er août 1892, dans une famille modeste. Son père, ouvrier sertisseur, est d'origine française et a épousé une Gantoise. La famille déménage à Linkebeek, après un bref passage à Ixelles. À l'âge de huit ans, l'enfant tombe gravement malade. Une hématurie met ses jours en danger; la guérison est difficile, la convalescence est longue, la lecture occupe ses loisirs forcés. C'est l'époque où une petite sœur vient agrandir le cercle de famille. Le futur écrivain effectue ses études moyennes à l'Athénée Charles Buls à Bruxelles, où il se rend en train chaque jour. En 1906, ses parents reviennent dans la capitale; les ennuis professionnels de son père et ses revers financiers provoquent de nombreux déménagement en quelques années. Décidé à entrer dans l'enseignement, Burniaux s'inscrit dans la section de l'École normale Charles Buls. Parmi ses professeurs, figurent Herman Teirlinck et Georges Eekhoud. En 1912, il obtient son diplôme d'instituteur et est nommé dans une école du quartier populaire de la rue Haute, où lui est confiée la charge d'une classe d'enfants handicapés mentaux, aux tendances caractérielles. Lorsqu'éclate la première guerre mondiale, il est au cœur des combats. Démobilisé en 1919, il retrouve les mêmes enfants marginaux. Burniaux a livré à une revue publicitaire quelques impressions de voyage dans son adolescence; après les hostilités, il collabore notamment au XXe siècle, au Peuple et à La Bataille littéraire, à laquelle il donne des poèmes en prose, qu'il reprendra dans son premier livre, Sensations et souvenirs de la guerre, en 1920. Burniaux y fait preuve de qualités qui seront parmi les principales constantes de son œuvre : sens de l'observation, souci d'authenticité, sensibilité aiguë à la souffrance humaine, confiance dans la vie. La même année, il publie une longue nouvelle, intitulée Poème romanesque, sans rimes ni raison. Mais c'est la parution d'un roman à tendance psychologique, Le Film en flammes, en 1923, qui le fait remarquer par les éditions Rieder; sa carrière littéraire est lancée, cinq romans seront publiés par cette maison parisienne. Un autre événement consacre l'année 1923 : son mariage avec Jeanne Taillieu, qui sera l'auteur de contes pour enfants (elle signera aussi des essais sous le nom de Jeanne Burniaux). Un fils né de cette union, en 1924, Robert, deviendra un écrivain célèbre sous le pseudonyme de Jean Muno. En 1929, Burniaux est enseignant en section primaire du futur Athénée Léon Lepage; huit ans après, à la suie d'une dépression nerveuse, il sollicite sa pension anticipée. Désormais, il se consacre totalement à l'écriture, et effectue de nombreux voyages. L'œuvre littéraire de Constant Burniaux est très abondante; elle compte plus de cinquante volumes couvrant plusieurs genres : le roman, le récit et la nouvelle, le conte pour enfants, la poésie et l'essai. Ses collaborations sont nombreuses; il donne des textes à des dizaines de journaux ou revues, comme Le Soir illustré, Le Journal des poètes, la Revue générale belge ou Marginales. Il fournit des chroniques régulières et des critiques qui font autorité au Soir, aux Nouvelles littéraires ou au Journal de Charleroi. Dans le domaine de la poésie, six recueils s'échelonnent de 1927 à 1965, parmi lesquels il faut relever deux séries de Poèmes en prose, 1918-1926 et 1927-1929, ainsi qu'Ondes courtes (1951), et Voyages (1962). Burniaux est un poète qui traduit la réalité, à partir du monde qu'il découvre. La production de l'homme mûr, empreinte d'une ironique gravité et burinée par les événements de deux guerres, succède à celle du jeune homme qui ne dédaignait ni l'humour ni l'amertume. Sa poésie, insuffisamment reconnue, contient des éléments de secrets intimes poignants, aux accents très personnels, dans des textes d'une grande élévation d'esprit. C'est dans le domaine de la création romanesque que Burniaux va donner sa pleine mesure. Plus de trente volumes témoignent de sa maîtrise dans le court récit comme dans la narration de longue haleine. Burniaux a fait paraître sous le vocable «roman» une douzaine de livres, et une somme en cinq tomes, Les Temps modernes, écrits pendant la seconde guerre mondiale (époque durant laquelle il refuse de publier) et édités entre 1944 et 1952. L'action se situe entre le début du premier conflit mondial et la fin du second; le héros principal y vit des aventures proches de celles que connut sans doute Burniaux. Une quinzaine de recueils de récits, nouvelles ou souvenirs complètent la liste. Certains d'entre eux ont pour thème son expérience d'instituteur : La Bêtise, édité en 1925 chez Rieder à Paris, Crânes tondus (1930), et les récits de L'Aquarium (1933). Ils relatent sa vie quotidienne auprès d'enfants en difficulté, dont il brosse des portraits à la fois sensibles et tragiques. Burniaux se consacre aussi à l'écriture de livres pour les jeunes, notamment Fah l'enfant (1924), plusieurs fois réédité, et observe son propre fils dans un ouvrage plein d'humour et de tendresse, Un pur (1932). Dans Les Brancardiers (1928) et Les Désarmés (1931), il retrouve l'inspiration des souvenirs de guerre parus en 1920. D'autres romans ou récits de nouvelles relèvent de l'étude de mœurs ou de caractères, d'Une petite vie, en 1929, à La Vertu d'opposition, œuvre posthume éditée en 1977. Il faut citer notamment La Grotte (1939), L'Autocar (1955), La Vie plurielle (1965) ou L'Amour de vivre (1969). L'imagination de l'auteur s'y déploie aussi bien dans la veine du réalisme fantastique que dans la description des sentiments qui entourent l'amour, comme la possession ou la jalousie, ou dans les rappels largement autobiographiques de l'enfance ou de l'âge mûr. Constant Burniaux est mort à Bruxelles le 9 février 1975. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 22 décembre 1945.

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