Auteur de Histoire de ne pas rire
Murs, labyrinthe, mur de Berlin, ruines de la seconde guerre mondiale, solitude, gravats : le…
[Quatrième de couverture] Dans Sensations du combat , Anna Ayanoglou continue de mêler…
Les Choses que l’on ne dit pas
Daniel Arnaut entre dans la collection Espace Nord par la publication de deux récits partageant une thématique commune : la figure paternelle. Au début des Choses que l’on ne dit pas (2006), un homme quitte une chambre d’hôpital et tente de se ménager un sas de décompression avant de retourner à l’air hivernal des bien-portants. Il observe, dans le hall principal, les malades et visiteurs qui circulent ou stationnent, et interagit malgré lui avec certains d’entre eux. Il vient de laisser son père sur son lit de mourant. En cinq tableaux, le narrateur évoque la vie qui fuit un corps amaigri et perclus de douleur, la raison qui s’envole d’un esprit vif : sa tête un terrain vague / d’où les idées s’échappent en désordre / comme des animaux hors d’un enclos mal fermé / piétinant furieusement sur leur passage / toute apparence de raison / (et le pire de tout / fils j’ai l’impression de devenir bête / c’est qu’il s’en rend compte) Dans une versification libre et personnelle (sans ponctuation, hormis des parenthèses), il prend notamment acte de la mutabilité du monde et de l’environnement urbain, du cycle des saisons, de la distanciation des rapports familiaux (ascendants comme descendants).Dans Commander et mentir (2016), recueil inédit de quinze longues phrases (constituant chacune un chapitre), on retrouve les mêmes personnages, quelques années avant l’hospitalisation. Le père, à l’aube de sa retraite, est foudroyé par une dépression : « je n’avais pas le souvenir de l’avoir vu auparavant dans un état pareil, même s’il avait un tempérament que définit bien le vieux mot atrabilaire, ou l’expression se faire un sang d’encre, il s’empoisonnait littéralement avec ses idées noires ». Les causes sont multiples et sédimentées, la goutte qui a fait déborder le vase de larmes se condense en une promotion au sein de son usine, Cockerill. De simple manœuvre, il est devenu brigadier, et enfin contremaître sans en avoir ni l’étoffe ni l’envie. Une fin de carrière en total décalage, alourdie de séminaires animés par des psychologues tant investis de l’idéologie managériale que condescendants, et qui ouvre les vannes des frustrations enfouies et de la vulnérabilité… Un contrechant en mineur, sourdement psalmodié, tout de sobriété et de cohérence sur une relation filiale touchante. Samia HAMMAMI ♦ Lire…