Fragments de l'inachevée

PRIX
  •   Prix Gauchez-Philippot, 1993
À PROPOS DE L'AUTEUR
Yves Namur

Auteur de Fragments de l'inachevée

Né à Namur, le 13 juillet 1952, Yves Namur achève ses études secondaires au petit séminaire de Floreffe à dix-sept ans, conquiert son diplôme de médecin à vingt-quatre. Il a déjà, à ce moment, lu depuis longtemps les présocratiques, au point que ses condisciples l'ont surnommé Empédocle. Et dans les auditoires de l'UCL, il s'est fait d'emblée un ami, futur confrère et académicien : François Emmanuel. C'est le temps d'autres rencontres initiales et décisives : Jacques Izoard, Cécile et André Miguel, Marie Gevers qui l'invite maintes fois au domaine de Missembourg. L'Académie l'a repéré très tôt, puisqu'elle lui décerne dès 1974 son premier prix Lockem, réservé aux poètes de moins d'un quart de siècle. Quelques années avant que le docteur Namur commence sa pratique, le poète Yves Namur avait entamé son itinéraire, où Liliane Wouters a vu un parcours initiatique. L'œuvre de Namur, pour qui veut la prendre en considération globalement, est souvent mise en rapport avec les philosophes d'Elée, ou les sages orientaux, et si l'on cite fréquemment Jabès ou Juarroz à son propos, c'est qu'ils s'inscrivent dans un même courant. La quête de ce travail poétique, Jean-Claude Renard en voyait le but en un «lieu où s'allient le sacré et le profane, le yin et le yang, la Question, la Réponse et la Non-Réponse et où les antinomies sont dépassées tout en préservant le pourquoi fondamental du commencement sans commencement et de la fin sans fin». Dès ses débuts, qui pourtant se situent peu après 1968, où le spiritualisme en poésie suscite la méfiance, où le lyrisme est mal perçu, où l'expérimentalisme sévit d'abondance, Namur se pose en franc-tireur. Sa visée? Concilier économie verbale et densité. Bernard Noël apprécie sa façon de découdre «la langue des faussetés qu'on lui fait d'ordinaire envelopper sous prétexte de poésie». Ce qui pourrait buter sur le laconisme prend de plus en plus d'ampleur, la rigueur n'exclut pas la musicalité, la métaphysique de fait pas obstacle au poétique. Poétique qui recourt à des métaphores volontiers végétales, à une langue d'une simplicité de parabole. La répétition progresse en spirale, qui ose creuser jusqu'à l'abîme. Le livre des sept portes lui vaut, en 1992, le prix Jean Malrieu : c'est l'occasion de rencontrer à Marseille Roberto Juarroz qui est le lauréat étranger de la même distinction : ce sera le point de départ d'une amitié littéraire jalonnée de nombreuses rencontres à Buenos Aires. Le même texte va inspirer au musicien Lucien Gurinel un oratorio pour double chœur. L'œuvre de Namur est de plus en plus reconnue. Ses Figures du très obscur lui valent en l'an 2000 les Prix Robert Goffin et Louise Labé ainsi que d'être primé par les lecteurs aux Journées Antonin Artaud à Rodez. L'auteur d'un tel recueil ou du Livre des apparences pourrait paraître voué à l'abstraction, au maniement exclusif d'une plume sacrée. C'est négliger le grand vivant qu'il est, le fin gastronome qu'il n'oublie pas d'être, et qui transparaît dans La petite cuisine bleue. Le poète exigeant, le célébrant de la vie est aussi un homme d'action, doublé d'un inlassable découvreur, ce qui se perçoit dans son travail d'anthologiste, mené parfois en tandem avec Liliane Wouters, comme dans Un siècle de femmes qui rassemble la poésie féminine du vingtième siècle en Belgique et au Luxembourg. Ce travail de défricheur et de conservateur, il le fait avant tout à la tête des éditions du Taillis Pré qu'il anime depuis 1984. Le plus remarquable, dans cette maison qui s'impose comme l'une des cellules d'animation poétique les plus actives en Belgique, est qu'elle veut à la fois relayer des écrivains de sa communauté, et s'ouvrir largement au monde : on y publie de la poésie d'Amérique du Nord et du Sud, de partout en Europe.
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Le Carnet et les Instants

Plonger au tréfonds de soi. forer le puits de l’être jusqu’au ressassement. jusqu’au danger d’un exercice où poindrait l’inanité — par l’ébranlement inin­terrompu des valeurs et le vertigineux bas­culement vers le vide —. c’est ce qui est exigé de la poésie, c’est pourquoi elle im­porte. Pourtant, bien peu s’accordent à suivre un cheminement poétique dont ne pourraient s’éluder la fuite désespérée du sens ni la faiblesse infinie du langage. Car. inéluctablement, finiraient par se saper les raisons d’être et d’écrire, et viendrait au jour, dans sa force tragique, ce sentiment que tout poème est un poème sur la mort. Comme en témoignent ses deux derniers re­cueils, la mort semble au cœur du parcours mené par Yves Namur. S’il terminait effecti­vement…


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Envie de prendre la vie en main ? La vôtre et celle des autres ? Tenté, tentée, depuis longtemps, par les initiatives citoyennes, les rapprochements, les liens sociaux à resserrer ? Marre du déprimant TINA, du gris ambiant dans les têtes ? Envie de positif et de joie ? Désir fou d’être regonflé, de sourire à nouveau ? Pour sûr, il n’y a pas que le film Demain pour faire pétiller. On peut aussi s’immerger dans la poésie résolument positive, amoureuse de la vie et des rencontres, dans la poésie éminemment « sociale » et sociétale de Laurence Vielle. Parce que Laurence Vielle a décidé, une fois pour toutes, de laisser au placard ses petits ou grands problèmes d’ego – ses soucis de gnêgnêtre comme a dit une fois Jean-Pierre Verheggen –, d’être généreuse, de prendre à bras le corps les questions du « vivre ensemble » et du « bien vivre », de considérer la poésie, le fait d’écrire la poésie, comme un acte social, une façon d’accompagner les questions qui traversent ou taraudent bon nombre d’entre nous. Tisser des ponts. Créer des liens. Exalter l’inventif. Le créatif.Pas étonnant, dès lors, que Laurence Vielle ait été, en 2016 et 2017, notre poète nationale. Jamais entendu parler de l’affaire ? Petit rappel historique alors pour ceux et celles qui seraient passés à côté. Début des années 2010, les Maisons de la Poésie de Namur et d’Amay, le PoezieCentrum de Gand et VONK en zonen d’Anvers constatent : de part et d’autre de la frontière linguistique, les poètes et les littérateurs ne se connaissent plus, n’ont aucun lien, quasi, les uns avec les autres. Envie alors de relancer cette vieillerie, disparue dans les années 1940 : se doter d’un ou d’une poète nationale. Le but de l’affaire ? Créer des ponts. Faire en sorte que la poésie et la langue d’une région se fassent lire et entendre dans les autres régions, dans les langues des autres régions. La « tâche » du poète choisi ? Durant deux années, s’inspirer à tout va de la Belgique. De ses clichés, si on le souhaite. De son actualité, si ça vous dit. De ses drames et bonheurs. Des gens que l’on rencontre. Donner ainsi régulièrement à lire des poèmes sur les sites des journaux partenaires et celui dévolu au poète national . Donner à lire ces poèmes sur scène, de part et d’autre de la frontière. C’est Charles Ducal, le néerlandophone, qui essuie les plâtres . Laurence Vielle, la francophone, lui succède avant de passer la main, cette année, à Els Moors, autre poète flamande. Lire aussi : Un dürüm gratuit. Charles Ducal, poète national ( CI n° 188) Domo de Poezia , le nouveau recueil de Laurence Vielle revient sur l’affaire. Donne à lire les poèmes écrits pour la circonstance, dans les trois langues du pays. Mais pas que. C’est que, comme à son habitude, Laurence Vielle a fait sienne, de façon personnelle, radicale et enthousiaste, cette « tâche » venue d’ailleurs. Parce que Laurence Vielle est ainsi : il suffit qu’elle devine à quel point ce qu’on lui demande lui permettra d’inventer des passerelles, pour que, pan !, la machine Laurence Vielle se mette en branle. Et ici, pour le coup, on est gâtés. Laurence Vielle, la généreuse, la débordante, s’est littéralement surpassée. Écrivant des ritournelles entêtantes et douces en l’honneur de ceux et celles qui triment, des laissés pour compte, des vivants et des morts, de ceux qui rêvent encore. Écrivant en deux langues parfois, invitant ses amis flamands à faire avec elle un Tour de Belgique à pied, à chercher le centre poétique de la Belgique, co-écrivant avec Charles Ducal une pièce de théâtre bilingue, etc., etc.Et puis, cerise sur le gâteau, un CD accompagne l’affaire. Comme sur le CD accompagnant Ouf , le précédent recueil de Laurence Vielle , c’est Vincent Granger qui est aux manettes. Son parti-pris ? Faire des voix et des mots des textures. Ne pas subordonner la musique aux textes. Ça lorgne tout aussi bien du côté de la musique électro, de la b.o. du film Demain , du côté de la « simple » déclamation ou de la chanson. Musiques minimalistes. Éthérées. Inventives. Douces. Joyeuses et plaisantes. Vincent Tholomé Domo de Poezia / bouteilles à la mer… Ce sont les poèmes écrits par Laurence Vielle, pendant le temps de son rôle « poélitique » de poétesse nationale (2016-2017), accompagnés d'un CD où Vincent Granger, aux clarinettes, aux claviers, aux sons, y apporte son talent de musicien. Des poèmes en lien avec la ville, les mouvements du monde, un voyage en Indonésie, les journées de la femme, de la poésie, une traversée de Saint-Amand, de la Belgique, des mers, du pays, de la vie. Un appel à ouvrir chacun une maison de la poésie. Des mots comme bouteille à la mer, tu viens de la ramasser sur le rivage, toi lecteur. Ouvre-la. C'est pour toi. Domo de Poezia / flessenpost... Dit zijn de gedichten die Laurence Vielle schreef tijdens haar «poëlitieke» functie van dichter des vaderlands (2016-2017). Ze worden vergezeld door een cd waarop Vincent Granger met klarinet, klavier en klank zijn muzikale talent de vrije loop laat. 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