Auteur de Diderot ou la philosophie de la séduction
Les influences anglo-saxonnes sur les lettres françaises de 1850 à 1880
À propos du livre Cette étude voudrait retracer l'action générale des influences anglo-saxonnes sur nos Lettres françaises de Belgique, de 1850 à 1880. L'Angleterre victorienne resplendit alors; les États-Unis conquièrent leur rang, imposent leur génie ; notre littérature, elle, malgré Van Hasselt, de Coster, Pirmez, semble marquer à peine sur la carte du Réalisme international. Il semble même que des temps ingrats soient revenus pour l'art, après ces années de 1815 à 1850, dont M. Gustave Chartier, dans Le Mouvement romantique en Belgique, a entrepris de révéler tout l'intérêt, montrant le dynamisme des influences étrangères et, parmi elles, des anglo-saxonnes. C'est le destin de ces dernières que nous suivons au cours des trois décades qui nous séparent encore de la Jeune-Belgique. Nous tenterons de dire leur sens dans sa plénitude, tel que nous le démêlons de l'écheveau cosmopolite et comme nous l'a livré l'analyse d'une vie intellectuelle, où littérature, philosophie et politique…
L’intelligence des villes. Critique d’une transparence sans fin
Docteur en philosophie, maître de conférences à l’Université catholique de Lille, Tyler Reigeluth questionne les projets de « villes intelligentes », de « smart cities » qu’on nous impose de manière écrasante à travers le monde depuis les années 2000. Publié aux Éditions Météores dont on soulignera la force de la ligne éditoriale, L’intelligence des villes. Critique d’une transparence sans fin sonde les enjeux explicites et cachés, les fantasmes, la vision de l’urbanisation et du vivre ensemble que mobilise le « solutionnisme technologique » (Evgeny Morozov), la gestion technologique de l’espace urbain. Que recouvre le mot d’ordre actuel d’une intelligence artificielle censée « sauver » les villes des impasses écologiques, sociales qu’elles génèrent ? L’ubiquité contemporaine de l’intelligence nous force à nous interroger sur son sens : de quelle intelligence s’agit-il, à quoi sert-elle et à qui sert-elle ? Et plus précisément, en quoi l’espace urbain est-il transformé par la qualification smart ? Avec finesse, Tyler Reigeluth lance un chantier de réflexions sur ce tournant technologico-numérique mondial qui touche les métropoles les plus peuplées, les plus financiarisées, mobilise les écrits d’Henri Lefebvre, Gilbert Simondon mais aussi d’Italo Calvino, de JC Ballard afin de déconstruire le mantra contemporain d’une intelligence des villes qui, s’imposant aux habitants, quadrillant leurs vies, les compte pour rien. La mise en évidence de connexions entre algorithmisation des villes présentées comme « smart », algorithmisation des comportements et contrôle des populations soumises à un panoptique généralisé se noue à une prolongation de l’analyse foucaldienne des dispositifs de sécurité, des stratégies de normalisation de la ville et des habitants.Partant de R. U. R., une pièce de théâtre de Karel Capek dans laquelle l’humain, plongé dans un univers automatisé, se retrouve obsolète, l’auteur rejoue la dialectique marxiste entre travail vivant et travail mort en interrogeant le risque inhérent à la pan-technologie numérique : la production d’une intelligence morte. Que l’imposition autoritaire de « villes intelligentes », d’un monde automatisé ait pour visées de contrôler les populations, de quadriller l’espace, de rendre les habitants idiots, à la merci d’objets technologiques externalisant l’intelligence est un constat largement partagé. Que les « poubelles intelligentes », les « compteurs, les radars intelligents », etc soient des artefacts marqués par une intelligence morte, qu’ils fassent partie d’une vision managériale de l’habiter et du vivre qui entend formater l’expérience vécue, les praxis des citoyens, nombre d’acteurs de la société civile l’ont d’emblée perçu. La perception et la contestation ont parfois pris la forme radicale d’une destruction du mobilier urbain. N’être pas suffisamment rentables pour être soumis à la logique de l’intelligence artificielle s’avère une chance inouïe (et non un déficit) pour les quartiers les plus populaires. On s’étonne que le slogan en appelant à une « ville 100% connectée et écologique » soit encore pris au sérieux alors que l’antinomie entre les adjectifs « connectée » et « écologique » est absolue.« Dans chaque ville, mille villes cohabitent. L’espace urbain de Bruxelles est le compromis instable et dynamique de ces différentes intelligences. Il n’y aura jamais de ville intelligente, que l’intelligence des villes ». Toutefois, cette hétérogénéité des visages d’un territoire urbain pris dans la spirale délétère de l’expansion, de la spatiophagie ne pourra être préservée que grâce aux actions et mobilisations de la société civile. Pas si nous laissons les coudées franches à un pouvoir politique soumis aux multinationales, aux « experts ».…