De nouvelles formes d’engagement littéraire dans la littérature francophone contemporaine de Belgique : Thomas Gunzig, Charly Delwart et Kenan Görgün

RÉSUMÉ

Enrichissant les principes d’analyse textuelle établis par Vincent Jouve, l’auteure propose une méthodologie rigoureuse pour déterminer le degré d’engagement d’un texte. Méthodologie qu’elle applique de manière lumineuse à trois romans, écrits par trois écrivains belges contemporains : Thomas Gunzig, Charly Delwart et Kenan Görgün.

À PROPOS DE L'AUTRICE
Marie Giraud-Claude-Lafontaine

Autrice de De nouvelles formes d’engagement littéraire dans la littérature francophone contemporaine de Belgique : Thomas Gunzig, Charly Delwart et Kenan Görgün

Titulaire d’un doctorat consacré à l’engagement dans la literature belge contemporaine, Marie Giraud-Claude-Lafontaine est chercheuse à l’Institut de littérature comparée Margarida Losa à l’Université de Porto. Sa fiche de lecture (2015) consacrée au recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda a été traduite en cinq langues.

NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Dans son magistral travail consacré à la question des nouvelles formes d’engagement littéraire dans la génération d’écrivains belges francophones nés dans les années 1970, la chercheuse Marie Giraud-Claude-Lafontaine repense à nouveaux frais les questions complexes d’engagement en littérature, de fiction critique, de pouvoir de la littérature dans le champ politico-social. Remarquable à plus d’un titre, consacré aux œuvres de Thomas Gunzig, Charly Delwart et Kenan Görgun, l’essai circonscrit préalablement le champ de son étude en émancipant la notion (éminemment plurielle, multiple) d’engagement de sa capture sartrienne, en problématisant la politique de la littérature dans sa spécificité belge.Rendant hommage…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:engagement - "De nouvelles formes d’engagement littéraire dans la littérature francophone contemporaine de Belgique : Thomas Gunzig, Charly Delwart et Kenan Görgün"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Rimbaud Révolution

Avec ce nouveau livre, Frédéric Thomas, docteur en sciences politiques, poursuit son exploration de la trajectoire politique rimbaldienne. L’homme est…

Le pacte avec le diable. De saint Augustin à David Bowie

Philosophe, historien dont les essais interrogent les marges, les traits passés sous silence de l’Histoire ( Les illuminati, Les templiers, La religion d’Hitler , Treize complots qui ont fait l’histoire , Himmler et le Graal … ), Arnaud de la Croix analyse dans Le pacte avec le diable la généalogie du motif d’un commerce avec les démons. Apparaissant dans l’œuvre de saint Augustin, l’idée du pacte diabolique se transforme dans ses attendus au fil des siècles, recouvrant diverses pratiques. Dans le chef de l’évêque d’Hippone, père de l’Église, auteur de La cité de Dieu , l’accusation d’entente avec le prince des ténèbres revêt un sens stratégique : à l’heure où, au 4e, 5e siècle, la chrétienté doit affermir ses bases et triompher des restes de paganisme, la condamnation des accointances avec les forces obscures vise à extirper les reliquats du polythéisme romain. Comment rendre compte de la présence du mal sur la terre ? Soit, Dieu est tout-puissant, mais dès lors responsable du mal, soit il est tout-bon, dès lors partiellement impuissant, le mal venant de l’homme. Pour Augustin, dotée d’un libre-arbitre, la créature peut pécher, s’adonner au mal dont l’une des formes se nomme magie, commerce avec les démons. Au Moyen Âge, les cas d’allégeance au démon qu’Arnaud de la Croix étudie (l’évêque Basile, Théophile, Gilles de Rais…) montrent que l’emprise n’est pas irréversible. Celui qui rompt avec la communauté des hommes, en transgresse les lois pour pactiser avec le malin en vue d’un intérêt personnel (omniscience, réalisation des désirs…) peut réintégrer le giron de l’Église moyennant repentirs et brisure du pacte. La pensée de Saint Paul selon laquelle «  la loi crée le péché  » peut-elle mutatis mutandis se prolonger dans une dialectique de Dieu et du Diable ? L’affirmation de Dieu entraîne-t-elle logiquement celle du Diable ? Comme l’écrit l’auteur, peut-on croire au diable sans croire en Dieu ? Et, inversement, croire en Dieu sans avaliser l’existence du diable ?La séduction du prince des ténèbres, la fascination pour les forces obscures n'ont pas disparu, loin de là. Dans cet ouvrage, Arnaud de la Croix retrace l'histoire inédite d'un pacte qui a traversé les siècles et découvre, derrière les légendes ou les cas bien réels, les raisons qui ont conduit les uns à imaginer et les autres à signer un engagement avec le démon, personnification du mal. Apparu chez saint Augustin vers 427, le thème du pacte avec le diable vise d'abord ceux qui, dans un monde en voie de christianisation, s'adonnent encore à des rites magiques païens. Au Moyen Âge, avec Thomas d'Aquin, ce sont les magiciens savants, praticiens de l'alchimie ou invocateurs d'esprits, qui sont à leur tour incriminés. Le véritable Faust, mage de la Renaissance allemande, sera le plus célèbre mais aussi le plus méconnu d'entre eux. Aux XVIe et XVIIe siècles, les sorciers et sorcières populaires, par milliers, sont soupçonnés de s'être voués à Satan. Au XXe siècle, le blues et le rock, de Robert Johnson à David Bowie en passant par les Rolling Stones et Led Zeppelin, sont également suspects d'accointance…

Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle

Laurent DE SUTTER , Changer le monde , Observatoire, coll. «  Et après ?», #11, 2020, 38 p., ePub : 1.99 € , ISBN : 979-1-03-291581-3 Ô combien roboratifs en cette époque obtuse s’avèrent les deux derniers essais de Laurent de Sutter, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle et Changer le monde.   Sa percutante lettre à Greta Thunberg montre combien la jeune femme a réveillé nos consciences endormies, pointé notre déni, secoué notre inaction. Par son surgissement inattendu, insolite dans l’espace public, elle a introduit une nouvelle différence là où régnait une criminelle indifférence. Laurent de Sutter interroge la mobilisation planétaire sans précédent que Greta Thunberg a soulevée et la levée de boucliers qu’elle a suscitée de la part des écocidaires et des planqués, complices du système d’extermination du vivant. Elle a fait bouger les lignes en alertant sur l’urgence climatique, l’urgence à sauver les formes du vivant habitant cette Terre. Pour l’auteur, la force de ralliement, la singularité de son engagement  viennent de ce qu’elle a délaissé la connaissance (qui, laissant tout en place, est complice de la dévastation écologique) au profit du savoir (savoir-pratique au sens de praxi s). Quelques salves bien décochées visent la culture d’hyperlettrés accrochés à leur trône, ceux-là mêmes qui ont conspué Greta Thunberg pour avoir transgressé les règles des discours acceptables, c’est-à-dire la police de la pensée. Or, elle est un hapax dans l’ordre discursif. On ajoutera que, souvent, les hyperlettrés sont, comme les sous-lettrés techniciens, des analphabètes de la vie. G. Thunberg se place sur le plan de la vie (mise à mort, malade, assassinée) et non sur celui des discours, de l’empire de la connaissance. Si, avant elle, il y eut de nombreux penseurs, militants, lanceurs d’alerte, son nom singularise la rencontre entre un combat et l’esprit du temps : cette cristallisation entre esprit subjectif et esprit objectif vient de la forme d’engagement qu’elle promeut mais aussi de la visibilité de la débâcle, de l’aggravation du collapsus environnemental au 21e siècle. Au 20e siècle, nombreux furent les lanceurs d’alerte, A. Naess, Yourcenar, Monod, Lévi-Strauss, R. Carlson, J. Goodall, les militants écologiques, anarchistes, les hippies qui, non seulement, ont tiré la sonnette d’alarme mais proposé des modes de penser et de vie respectueux des formes du vivant. C’est cette sagesse, cette autre manière de co-exister que l’Occident a balayées depuis les années 1980 et que les peuples autochtones que nous exterminons mettent en œuvre depuis des siècles.  Dans le «  pour en finir avec le XXème siècle  » annoncé par le sous-titre, il faut entendre un «  pour en finir  » avec un paradigme bien plus ancien, hérité d’un dualisme entre l’humanité et le monde, un appel à sortir de la critique et des pièges mortifères de ce que Philippe Descola appelle le naturalisme. La différence que Greta introduit n’est pas réciprocable à la différence entre mondes, celui du 20e siècle et celui du 21e. D’une part, parce que le 20e au travers de nombreux mouvements sociaux et de pensées philosophiques a alerté sur le prix désastreux à payer pour le progrès et proposé des alternatives concrètes. D’autre part, parce que le syndrome de l’autruche, le déni du prix à payer et l’explosion du cynisme de ceux qui ont un intérêt à ce que la crise climatique s’aggrave, s’exacerbe au 21e siècle, ce que Laurent de Sutter ne manque pas de souligner. G. Thunberg met en évidence que nous vivons une crise de régime, de civilisation et que la question climatique est une guerre qui oppose gaïaphiles et gaïaphobes (Latour).Là où nombre d’essais vont jouer les pythies, vaticiner le « monde d’après », Changer le monde s’engage salutairement dans une autre voie et oppose la manière dont les Grecs concevaient les épidémies (sacrifices aux dieux) à notre perception de sa nature virale, médicale. Témoignant de la façon dont nous construisons le monde et nouons des rapports avec les règnes de la cathédrale du vivant, les épidémies sont le corrélat de notre colonisation effrénée de l’espace planétaire. L’on s’étonnera que l’auteur voie dans la pensée écologique ou anticapitaliste une volonté de s’attaquer aux seuls effets de nos choix d’être au monde alors qu’ils visent à modifier les causes, les infrastructures. La conclusion de l’essai redoublera notre étonnement : le recours à l’accélérationnisme afin de dessiner un autre monde, l’appel à «  une industrie du world-building   », au constructivisme d’une «  industrie plus industrielle  » hyperbolise une pensée prométhéenne de la maîtrise qui est précisément celle que Greta Thunberg, les penseurs écologiques congédient.…