– Je me souviens parfaitement de l’année 1951, lui dit-il, en reposant sa tasse de café.
Martine ne prend pas la peine de tourner les yeux vers lui. Elle connaît la ritournelle par cœur. Lui, ça l’obsède, on dirait, mais elle, à la longue… Dans cinq minutes, il va lui raconter pour la millième fois l’histoire du pain « ménage » et du cheval de l’Union économique.
Un coude sur la table, elle mord à grand bruit dans sa tranche de pain grillé tartinée de confiture quatre fruits maison (mais elle n’y met que trois fruits, elle n’aime pas les cerises).
Elle n’a pas connu les livreurs de l’Union économique, leurs brabançons dociles attelés aux voitures vertes et l’appel de la corne de cuivre jaune au long des rues.
Auteur de Cette année-là : 1951
Le vin, les vignobles forment souvent les lignes de crête de nos civilisations…