Les sept textes qui suivent ont été édités à partir de manuscrits d’un ensemble portant la mention « BRZL 21.17 », sans nom d’auteur. Ils ont été découverts parmi des centaines d’autres fragments, articles de presse, cartes, dessins, carnets, bien conservés à l’abri de l’humidité et des insectes nuisibles, dans des coffres métalliques entreposés au dernier étage d’une tour abandonnée de la cité de Néo-Bruocsella. Cette découverte exceptionnelle est en cours d’inventaire et le travail de déchiffrement sera long et laborieux. Lecteur, sois indulgent pour le travail ingrat des bibliothécaires qui font ce qu’ils peuvent pour reconstituer le passé à partir de traces fragmentaires. Tu sais dans quel état de confusion lamentable se trouvaient l’immense majorité des archives de l’ancien monde, en réalité il n’en restait presque plus rien car nos ancêtres avaient sacrifié à la religion du tout numérique et les vrais livres ont peu à peu disparu des bibliothèques privées et publiques. On doit à la prescience de quelques anciens de nous avoir laissé en héritage parmi les ruines, des témoignages de la langue et de la pensée des mondes disparus. Nous n’aurons jamais assez de larmes pour pleurer l’anéantissement de la littérature, de la philosophie, de l’histoire et des sciences dans l’effondrement du monde antique. Tous les textes que nous publions étaient rédigés en francien classique, sauf l’un en vieil anglais. Nous avons maintenu les archaïsmes et les autres particularités du langage mais n’avons pas été en mesure d’en saisir toutes les obscurités. Un petit appareil de notes critique complète modestement ce travail que nous livrons au public. Cette plaquette est éditée chez maelstrÖm à Glastonbury en 24.17. Qu’il en soit remercié. Nous avons toutes raisons de penser que la numérotation des cycles, à l’époque où ces manuscrits ont été rédigés, était la même que celle que nous utilisons aujourd’hui. Lecteur, tu tiens entre les mains un des rares témoignages des temps révolus. Prends soin de toi et que Mère te garde en sa douceur.
Auteur de BRZL 21.17
Né en 1958, marié, une fille, vit à Bruxelles, travaille dans la finance, a publié quelques nouvelles. Retour à l'écriture après un silence de onze ans.
Contient les nouvelles suivantes : La Jeune vampire, La Silencieuse, Suzanne se venge,…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…
Il se chuchote des histoiresQuand on écoute les feuillesLorsque le vent bousculeL'air de nos chansonsOn voit la lumière dans les yeuxEt les notes qui s'envolentIl se raconte des facétiesDu matin jusqu'au miroirPortés par les flotsLes sourires arrivent vers…