Une blague, ça ne s’explique pas. Mais l’humour, si.
« Malgré la place qu’il occupe partout dans nos vies, dans la sphère privée ou dans les médias, l’humour politique est sousétudié scientifiquement et mal questionné journalistiquement. Il est pourtant l’un des miroirs les plus parlants de la société, et il se pratique dans toutes les situations, même les plus tragiques : en temps de guerre, après un attentat, voire au lendemain de la mort de Johnny. Le rire est comme le coquelicot : il pousse dans la boue et l’éclaire d’une petite touche de couleur vive. »
L’humour politique est à la fois jugé suspect et paré de vertus : il inverse les hiérarchies, il témoigne de la bonne santé démocratique d’un pays, il est d’utilité publique en cas de crise (et garantit le retour de l’être aimé).
Avec le ton et l’ironie mordante qu’on lui connaît, Charline Vanhoenacker analyse les mécaniques du rire, dévoile les secrets de fabrication de ses chroniques radio et explore les relations ambiguës qu’entretiennent les politiques avec l’humour et… les humoristes.
Figure (re)connue du paysage radiophonique et télévisuel public français, la journaliste-devenue-humoriste belge Charline Vanhoenacker publie Aux vannes, citoyens !, aux éditions Denoël. Le sous-titre, « Essai d’humour politique », annonce le caractère hybride de l’entreprise. Il s’agit bien d’un essai sur l’humour politique, mais aussi d’une mise en pratique directe de cet humour. Jupitérienne, Charline Vanhoenacker ? Elle pratique en tout cas l’« en même temps » : son propos est sérieux et en même temps la vanne surgit à chaque ligne ou presque. Partant du constat du manque d’études consacrées à l’humour politique, l’essayiste commence par la définition de son objet : « l’essence »…
Littérature belge d’aujourd’hui : La Brosse à relire
Se présenter comme « critique littéraire » peut s’avérer une entreprise périlleuse. N’est-ce pas un rictus de défiance, voire de mépris, qui se dessine sur le visage de l’interlocuteur ? Quoi, « critique » ? Parasite, oui. Un bonhomme qui, incapable de torcher correctement un livre, épuise sa vie à passer au crible ceux des autres. Il les descend avec rancœur quand ils lui paraissent trop bons, ou les exhausse s’il est sûr qu’ils ne feront point trop d’ombre à son chef-d’œuvre en sempiternelle gestation. Jacques De Decker n’est pas critique littéraire, et pas parce qu’il a fait ses preuves de romancier, d’essayiste, d’homme de théâtre. Jacques De Decker est un passeur de littérature. Écrire un article est bien peu de chose. Résumer une intrigue, décrire les tropes et les inflexions d’un style, évoquer un contexte, décrypter même une symbolique cachée… N’importe quel habile étudiant en rhéto’ peut s’en sortir haut la main. Mais tendre un livre à un inconnu, le convaincre qu’il va, par là, à la rencontre d’une singularité, d’une voix, d’un regard, et que cette expérience le travaillera longtemps au corps, à l’âme, jusqu’à le transformer, immanquablement : voilà le vrai travail de celui que l’on nomme par paresse, par commodité, le « critique littéraire ».De Decker ne se contente donc pas de régurgiter, en un brouet plus aisé à mâcher mais forcément affadi, les nourritures spirituelles qu’il a ingurgitées. Il fonctionne par cercles concentriques, partant du plus large (contexte de l’œuvre, ancrage identitaire et historique), cernant ensuite avec minutie le propos et son auteur (parfois de façon très intimiste), visant enfin au noyau (la langue et sa portée musicale, les symboles, les lignes de force). Et cela fait plus de quarante ans qu’à chaque article, « ça prend ». Pour Amélie Nothomb et William Cliff, Véronique Bergen et Jean Muno, Jacques Sternberg et Jean-Pierre Verheggen, Suzanne Lilar et Conrad Detrez. Et pour les quelque trente autres de qui, dans les pages du journal Le Soir , De Decker s’est attaché à saluer le talent, l’humour, la puissance, la beauté, l’esprit.Ce recueil d’articles ne se lira pas d’une traite, certes, ni toujours en accord parfait avec les engouements et les choix de leur signataire. Il s’extraira du rayon avec en tête la question « Tiens, qu’en a dit De Decker ? » ; et à tous ceux qui débutent dans cette expérience d’authentique partage qu’est la Critique majuscule, il servira, par son élégance et sa finesse, de leçon d’écriture.…
Bernard QUIRINY , Le club des libéraux , Ed. du Cerf, 2022, 352 p., 24 € / ePub :…
François DE SMET , Deus Casino , PUF, coll. « Perspectives critiques », 2020, 242 p., 18 €,…