Alternatives théâtrales - n° 146 - 1er semestre 2022 - Scènes sonores. Pratiques contemporaines

Sommaire

 

  • Le son d’un marchand de glace. Entretien avec Yann Boudaud
    CHLOE LARMET
  • Hors-norme: autour de Vu d’ ici. Entretien avec Quentin Dumay
    CHLOE LARMET
  • Pour tendre l’oreille au génie du son.Entretien avec Bogumił Misala
    AGNIESZKA ZGIEB
  • Multidiffusion sonore et espace scénographique
    FRANCOIS WEBER
  • L’espace imaginaire entre deux oreilles. Entretien avec Lieven Dousselaere
    CHLOE LARMET
  • La saison sonore du theatre national: Voix・e・s
    CHLOE LARMET
  • Corps musicaux, espaces fluides. Entretien avec Tom Pauwels
    CAROLINE GODART
  • Entendre, voir et toucher la musique. Entretien avec Serge de Laubier
    MARJORIE BERTIN
  • Projet Synekine
    GREG BELLER
  • Du horspiel au hors-jeu: situation audio-narrative des Bacchantes
    OLIVIER PASQUET
  • L’art sonore ou les sons inaudibles/impossibles:
    Christine Sun Kim, Joanna Bailie
    BASTIEN GALLET
  • Puissances invisibles. Entretien avec Anne Lepère et Diederik Peeters
    CAROLINE GODART
  • Des voies/x plurielles. Entretien avec Myriam van Imschoot
    SARAH LEO, KAROLINA SVOBODOVA
  • Pêcheur de sons. Entretien avec Felix Blume
    ANA WEGNER
  • Phonurgia Nova: de Pierre Schaeffer au podcast
    NOEMIE FARGIER

    Extension numerique

  • Syncrétisme sonore: Samson de Brett Bailey
    ANA WEGNER
  • Sounds delicious
    MELISSA VAN DRIE
  • Tout est possible
    Rencontre avec les élèves du parcours. Conception Sonore de l’Ensatt
  • Donner à entendre des Voix・e・s
    Rencontre avec Caroline Berliner, Jérôme de Falloise et Jeison Pardo Rojas au Théâtre National de Bruxelles

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En 1939, l’Amérique commence à Bordeaux. Lettres à Emmanuel Boudot-Lamotte (1938-1980)

Marguerite Yourcenar était une épistolière prolixe. L’époque, ses nombreux voyages, sa vie d’exilée sur son île états-unienne étaient propices à la correspondance. Nombre de ses lettres ont déjà paru en volume [1] , il en paraît encore et probablement qu’il en paraîtra davantage quand ses archives, tenues secrètes jusqu’en 2037, selon sa volonté de fer, seront enfin dévoilées. Volonté de fer : Yourcenar blindait sa correspondance comme son œuvre. Ses lettres à Emmanuel Boudot-Lamotte «  n’ont pas été déposées par l’écrivaine dans les archives de la bibliothèque Houghton avec les correspondances destinées d’emblée à la postérité  », comme le rappellent Elyane Dezon-Jones et Michèle Sarde, dans l’avant-propos. D’ordinaire, Yourcenar doublait sa correspondance sur papier carbone ; dans ce cas, il semblerait que non. Les lettres originales ont été découvertes par le neveu d’Emmanuel Boudot-Lamotte alors qu’il mettait de l’ordre dans la succession de son oncle. Emmanuel Boudot-Lamotte a été membre du comité de lecture des éditions Gallimard de 1931 à 1944-45, traducteur et surtout photographe indépendant. Chez Gallimard, il a notamment participé à la publication du premier livre de Raymond Queneau, Le Chiendent . Il collaborera avec Marguerite Yourcenar après qu’elle a quitté Grasset pour Gallimard. La guerre terminée, alors qu’il dirigeait les éditions J.B. Janin, ils bâtiront ensemble plusieurs projets  – dont une anthologie de nouvelles américaines contemporaines et un Trésor d’art français (compilant et commentant des œuvres de peintures françaises conservées dans les musées américains). Nous en suivons l’élaboration et les avancées à travers les lettres de Yourcenar. Celles de Boudot-Lamotte n’ont pas été retrouvées, seuls quelques brouillons sont donnés à lire. La faillite de l’éditeur aura raison de ces projets.Tout autant que professionnelle, la relation entre Emmanuel Boudot-Lamotte et Marguerite Yourcenar s’avère amicale. Elle envoie des produits introuvables en France pendant la pénurie d’après-guerre, s’inquiète de leur bonne réception, de la santé de sa mère. En échange, il lui envoie des livres, la littérature française de ce moment-là, qu’elle commente, critique.Professionnellement, très travailleuse, elle se montre aussi dirigiste, intraitable, opiniâtre, réussissant à imposer ses volontés, de lettre en lettre ; et ce, toujours dans une langue très élégante… L’épisode de l’anthologie en est un bel exemple. Elle parvient à évincer Florence Codman qui avait débuté le travail de sélection avec elle et à en devenir la seule organisatrice et traductrice, aidée par sa compagne Grace Frick…Outre le plaisir toujours renouvelé d’être en compagnie d’une auteure qui connaît les circonvolutions et les paradoxes de l’âme humaine («  Ne pas changer, loin d’être toujours une preuve de fidélité envers soi-même, constituait parfois une transformation aussi grave et plus insidieuse que le changement  »), l’intérêt particulier du livre provient de ce qu’il aborde une période sur laquelle elle est restée discrète : la guerre et son après. «  Contrairement à ce que l’on croyait, faute de documents, les années 39-49 sont fécondes et l’exil en Amérique, loin de provoquer épuisement de l’énergie créatrice et désarroi permanent, est utilisé au maximum par Yourcenar pour se lancer dans des formes d’écriture nouvelles ou en continuité avec ce qu’elle avait précédemment entrepris.  » (Avant-propos). La correspondance est intense depuis l’embarquement de l’écrivaine à Bordeaux en 1939, elle s’interrompt pendant le conflit mondial, pour reprendre, très nourrie, à partir de 1945. Après 1948, quand la maison J.B. Janin aura déposé le bilan, elle se tarira. À la fin du volume sont ajoutées quelques lettres de Yourcenar à Madeleine Boudot-Lamotte, la sœur d’Emmanuel, notamment à propos de l’édition allemande des Mémoires d’Hadrien . L’ultime missive, datée du 24 avril 1980, parle à cette dernière, en ces termes, de Grace Frick, décédée quelques mois plus tôt : «  Depuis huit ans, la situation où se trouvait Grace (cancer généralisé) était si cruelle, que, malgré quelques magnifiques et brèves remontées, on ne pouvait plus lui souhaiter de vivre.  » Triste, beau et réaliste. Michel Zumkir   [1] Lettres à ses amis et quelques autres , Gallimard, 1995 et coll. « Folio », n° 2983, 1997 ; D’Hadrien à Zénon, Correspondance 1951-1956 , Gallimard, 2004 ; « Une volonté sans fléchissement ». Correspondance 1957-1960 (D’Hadrien à Zénon, II), Gallimard, 2007 ; « Persévérer…

Cette soif inassouvie d’une vie à changer : De la "Grève du siècle" à l'Estro armonico

Récemment, ici-même, nous avons eu l’opportunité de chroniquer Personne et les autres , un essai récent à propos d’André Frankin et de l’Internationale Situationniste où Guy Debord, Raoul Vaneigem et tant d’autres tentaient, en relation avec la Revue et le Mouvement Socialisme et Barbarie (de 1947 à 1965), de défaire toute légitimité au totalitarisme et au communisme en particulier. Frédéric Thomas (co-auteur, avec François Coadou, de Personne et les autres ) poursuit son analyse de ce temps qui se voulait révolutionnaire et qui, dans l’écart de plus d’un demi-siècle, formule les perspectives des utopies, des actions et des échecs historiques de ce mouvement radical. Frédéric Thomas nous livre ici un témoignage vif et roboratif.Pour qui souhaite comprendre cette étape essentielle dans l’histoire du Mouvement ouvrier que fut la Grande grève de l’hiver 60-61 en Belgique (Contré entre autres, la Loi unique), ce livre est un jalon précieux. On parla alors de la Grève du siècle et du « projet » de constituer le P.O.B. (Pouvoir ouvrier belge).C’était aussi le temps de l’émancipation du Congo belge et de son Indépendance, le temps des guerres coloniales, des grèves régulières dans les appareils de production et Frédéric Thomas éclaire et pose, avec une belle conscience de l’utopie et de la perte, ce que fut cette période pour ces militants au croisement de l’Internationale Situationniste et de Socialisme ou Barbarie.La question de  l’insoumission des masses au pouvoir apparaît aujourd’hui comme une posture difficile à tenir… Les paramètres historiques, la mondialisation, la Chute du Mur, les circonstances géopolitiques ont changé et Cette soif inassouvie d’une vie à changer vient mettre d’une certaine façon l’éclairage – et avec quelle acuité – sur cette transition des deuils.Les mois qui suivent la «Grève du siècle» de l’hiver 1960-1961 seront ceux de bouleversements importants dans l’histoire politique et sociale de la Belgique.Dans cette constellation politique, philosophique mais aussi artistique, un café apparaît comme l’ «  auberge espagnole de la Révolution  », L’Estro armonico .Dans un long et passionnant entretien avec Frédéric Thomas, Clairette Schock , cofondatrice de ce café-club privé situé à Forest, développe avec émotion et précision ce que fut ce lieu où se croisèrent Guy Debord et Raoul Vaneigem, Louis Scutenaire ou Jacques Richez, Jo Dekmine ou Francis Blanche… Par ailleurs, Raoul Vaneigem livre une postface étonnante et amicale et l’ouvrage se clôture sur un truculent pamphlet, signé Robert Dehoux/Clairette Schock.Quand le surréalisme donne la main, c’est la Belgique que l’on retrouve en filigrane…Il serait stérile de ne voir en cette époque qu’une suite d’utopies et de voies de garage de ce que l’on nomme le « réformisme », tant les idées développées alors se retrouvent, dans une autre langage et sous les formes de nos temps numériques et bientôt d’I.A. (Intelligence artificielle), dans les mouvementa de tous ordres en résistance et réplique aux fracas sociaux et éthiques du Global Monde. Daniel Simon Qui connaît le P.O.B ? Non, pas le Parti ouvrier belge, ancêtre du Parti socialiste, créé en 1885. Mais : le POUVOIR ouvrier belge, en 1961. Qui connaît l’Estro armonico ? Non, pas les suites de concertos de Vivaldi. Mais : un bistrot un peu fou et révolutionnaire dans un quartier huppé de Bruxelles, en 1961. Fréquenté par Debord, Vaneigem, les surréalistes et la faune artistique de ces années-là. 1960 : la Belgique perd sa royale colonie et son prestige pâlit. Hiver 60-61 : cinq semaines de grève insurrectionnelle agitent le pays. La grève,…