Ainsi râlait Zara Fouchtra





À PROPOS DE L'AUTEUR
Ghislain Cotton
Auteur de Ainsi râlait Zara Fouchtra
Marié (1 x), père (3 x), grand-père (3 x), etc. Au terme d'études gréco-latines tumultueuses et d'un farniente universitaire sans lendemain, a suivi les cours de la Maison de la Presse à Bruxelles, puis conquis les improbables galons de caporal-dactylo dans la réserve, bien qu'aujourd'hui encore, il ne tape qu'à deux doigts.Journaliste depuis 1960, a assuré diverses rubriques (chronique judiciaire pendant 10 ans, grand reportage, critique littéraire, etc.) au quotidien La Cité et dans les hebdomadaires Spécial et Pourquoi Pas? où il a notamment exercé les fonctions de rédacteur en chef adjoint.Chroniqueur littéraire au Vif/L'Express depuis 1989. Fondateur, en 1981, de la revue bibliographique Le Journal des Livres (qui, durant plusieurs années, a rendu compte de l'activité tous azimuts des écrivains et éditeurs de Belgique avant de mourir, faute de moyens). Prix Ex Libris 1997, décerné par l'Association des Éditeurs belges de la Communauté française. Depuis 1995, s'est établi avec bonheur en Famenne luxembourgeoise où il jouit d'une retraite de moins en moins anticipée, tout en poursuivant ses activités journalistiques et littéraires.


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Le Carnet et les Instants

Quand arrive leur crépuscule, les idoles ont deux solutions : soit elles se retirent en un Walhalla qui commence à sentir le roussi, pour y agoniser loin des regards et boire jusqu’à lie la coupe amère du déclin ; soit elles ébrouent une dernière fois leur majesté et descendent de la montagne parmi les hommes afin de livrer, façon  prophète, une nouvelle vérité.Il semble que le « transexuel et apatride » Zara Fouchtra pencha pour cette deuxième option. Voici qu’il nous apparaît, pétri de contradictions assumées, vivant oxymore, ambulante ambivalence, à travers les propos rapportés par son fidèle apôtre, Ghislain Cotton.Pas question de tables de la loi, mais bien de cartouches (au masculin, s’il vous plaît) d’anarchie douce-amère,…


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Silence, Chavée, tu m’ennuies. 1031 aphorismes rassemblés par Jean-Philippe Querton

Figure incontournable du surréalisme belge (et plus particulièrement du groupe hennuyer), Achille Chavée demeure nimbé d’une aura qui, cinquante ans après sa disparition, rend toujours son cas aussi fascinant et épineux. Ayant physiquement combattu la «  bête immonde  » durant la guerre d’Espagne puis en tant que résistant entré dans la clandestinité, le brigadier international Chavée traîne cependant quelques dérangeantes casseroles rouges. À commencer par les soupçons d’interrogatoires musclés durant des procès staliniens à l’encontre de militants anarchistes. L’info est catégoriquement relayée dans la notice Wikipedia, mais sérieusement réévaluée dans certain article de Paul Aron sur l’engagement des écrivains belges francophones contre le franquisme… Mais depuis quand juge-t-on de la valeur d’un écrivain, d’un poète sur ses actes militants et ses aveuglements idéologiques ? Et même sur sa biographie, l’homme fût-il, imaginons, avocat porté sur la bibine, joueur de poker impénitent et mauvais perdant de surcroît, individu signalé comme désagréable et méprisant envers son épouse ? C’est bien connu, les artistes, les vrais, ne progressent pas, ils empirent, selon le célèbre adage : «  On commence par tuer sa mère et on finit par voler la cathédrale de Chartres.  »Au fait, qui a dit cela ? Chavée, justement, l’expert en prononcé de sentences laconiques, dont Jean-Philippe Querton propose un recueil d’aphorismes – presque – exhaustif ; 1031 en tout, c’est élégant et solide comme un nombre premier, et cela contient l’essentiel de «  l’enseignement libre  » dispensé par un esprit toujours frappeur. Car, grâce à Chavée, on apprendra que «  La chaise est toujours assise  », «  Le pain n’a pas faim  », «  Une dynastie est une collection de cadavres numérotés  » et que «  Le bossu se démontre par sa bosse  ».Selon les mots de Chavée lui-même, l’aphorisme est un genre d’auto-défense où se crée «  un équilibre entre le lyrique et le réel  ». La définition du genre est parfaite. Les antiphrases, antiproverbes et antimorales délivrés en rafales dans ce substantiel volume sont extraits des recueils publiés à La Louvière au Daily-Bul ainsi que de l’œuvre complet (au masculin, permettez) publié par les amis de Chavée. Libre à quiconque de les grappiller ou de les lire en enfilade, l’important est d’« apprendre entre les lignes de la page blanche  ».   Dans la galerie d’évocations qui précède l’ensemble, les beaux mots d’André Miguel rendent l’ambivalente présence de Chavée presque palpable : «  Il avait une présence physique extraordinaire. Un regard à la fois tendre et pénétrant avec une certaine dureté par moment et aussi un visage de mage, surtout à la fin de sa vie de mage et de peau-rouge. Il y a avait chez lui quelque chose de diabolique si on veut, mais aussi une grande tendresse…  »Chavée, tu déranges. Chavée, tu incommodes. Chavée, tu…

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