Abrupte fable | Objectif plumes

Abrupte fable

RÉSUMÉ

Du surréalisme sous l’occupation allemande à l’aventure expérimentale de Cobra initiée en 1948, Christian Dotremont a traversé son temps en poète qui s’émerveille et s’inquiète à chaque fois du mystère consistant à « aller et venir ainsi dans la réalité ». Ses incessantes allées et venues, dont témoigne l’anthologie Abrupte fable qu’il avait ébauchée sans pouvoir l’achever, le menèrent de Tervuren en Belgique, où il est né, à Zandvoort et à Bruxelles, à Paris et à Copenhague, jusqu’aux confins de la Finlande, dans les villages reculés d’Inari, d’Ivalo, de Sevettijärvi, où il connut « la peur salvatrice de heurter du réel ».

À PROPOS DE L'AUTEUR
Christian Dotremont

Auteur de Abrupte fable

Christian Dotremont naît à Tervuren (Brabant flamand) le 12 décembre 1922, dans une famille d’intellectuels catholiques. Elève brillant mais indiscipliné, préférant la poésie aux manuels scolaires, il est à plusieurs reprises expulsé des établissements où l’ont inscrit ses parents. Les poèmes Souvenirs d’un jeune bagnard, qu’il fait paraître dans une revue étudiante à l’âge de 16 ans, évoquent ses années de pensionnat. En 1941, il intègre les cercles surréalistes bruxellois et fréquente ainsi René MagritteLouis Scutenaire, Paul Nougé et Marcel Mariën. Il voit grand et se rend à Paris, malgré l’Occupation ; il y mène une vie de bohème et côtoie notamment Paul Éluard, Pablo Picasso et Jean Cocteau. Entre les deux capitales, il enchaîne les petits boulots (coordinateur de traduction, journaliste, libraire), entame l’écriture de plusieurs romans et recueils poétiques. Il s’investit dans la création de revues surréalistes (La Main à Plume, Les Deux Sœurs) et fonde sa propre maison d’édition, Le Serpent de mer. L’esprit rassembleur, engagé auprès du Parti communiste, il contribue à lancer le Surréalisme révolutionnaire en mai 1947 ; il jouera ensuite un rôle déterminant dans la création et l’animation du mouvement CoBrA (1948-1951). Atteint de tuberculose, il passe de nombreux mois dans des sanatoriums, au Danemark et en Belgique. Son séjour au sanatorium de Silkeborg et la passion qu’il voue à une jeune Danoise, Bente Wittenburg, sont les thématiques de son seul roman publié, La Pierre et l’oreiller (1955). « Poète errant » par excellence, il entreprend de nombreux voyages et séjours dans le Nord de l’Europe (Danemark, Suède et Finlande). Il tombe amoureux de la Laponie, où il se rendra à douze reprises entre 1956 et 1978, et qui sera une importante source d’inspiration pour sa création poétique. En 1962, après des années d’expérimentations graphiques, il met au point le logogramme, qui a durablement contribué à sa renommée. Il signe un nombre imposant d’œuvres mixtes, créées en collaboration avec des plasticiens du mouvement CoBrA : Asger Jorn, Serge Vandercam, Karel Appel, Pol Bury, Hugo Claus et surtout Pierre Alechinsky, à qui le liait une profonde amitié. Longtemps plongé dans la pauvreté, il connaît le succès à la fin de sa vie, lorsque ses logogrammes commencent à circuler parmi les amateurs d’art et sont exposés dans de prestigieuses galeries. Il décède le 20 août 1979 au sanatorium Rose de la Reine de Buizingen.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Avec Dotremont, toujours se laisser balancer – comme lui – au hasard du noir et blanc, tourbe des Fagnes et neige de Laponie, d’une page l’autre et d’une plume voleuse :Tordre ton imagedéjouer ton ordrete faire grimacedisloquer ton verbenon pour te grimermais pour te revoircomme tu riais (Ltation exa tumulte, 1970)En 2022, Christian Dotremont aurait eu cent ans. S’il n’avait été trop tôt, en 1979, emporté par la maladie, la tuberculose, l’épuisement, si « la tache », « le trou », « la catastrophe » n’avaient eu raison de lui.S’il n’avait mieux pris garde à cette menace,Attention à la bacille de Coch tôt ou tardon…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:édition - "Abrupte fable"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9176 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Par les baleines

Dans ce recueil poétique paru aux éditions Gallimard, Soline de Laveleye file…

Collections après usage

Voilà un objet curieux que celui composé des quatre mains associées d’ Anne Letoré et Françoise Lison-Leroy . Collections après usage vient de paraitre dans la collection « Amphisbène » des éditions de l’Âne qui butine, dans laquelle “ deux auteur-es créent en duo, tissent leurs mots, illustrent ensemble une œuvre unique. ” Entre prose (Anne Letoré), poésie (Françoise Lison-Leroy), recette de cuisine saturnale, photographie et collages, les deux artistes voyagent dans les espaces, les époques et les médiums pour explorer quantité de collections croisées sur leur chemin. Comme l’annonce l’inscription au feutre orange et vert sur la quatrième de couverture : ça riboule, ça pêle-mêle, ça tartouffe. Revenir au fantasme du piègeà son génie premier Capturer le mulot / la belette / la souris / l’orvet / le rat musqué / des champs / des villes / laveur ou égoutier / arpenteur de corridors / de tranchées / de nos greniers à blé ou à papier Comme des enfants s’amuseraient à pourchasser les papillons ou rechercher le caillou blanc dans l’étendue de galets multicolores, comme des antiquaires arpenteraient les brocantes aux petites heures pour y dénicher la pièce exceptionnelle, chacune à leur manière les deux autrices farfouillent dans leurs souvenirs, extrapolent ici ou là une histoire extraordinaire, accumulent les fonds de tiroirs pour en exposer toute la brillance dans des formes multiples et étonnantes.    Cette collection est unique, comme toute collection bien sûr, comme la femme qui l’a patiemment conservée, époussetée, agrandie, sélectionnée, reçue en cadeau avec joie ou déception, mais sans jamais rien montrer de son sentiment. Parcourir ces collections ouvre la porte aux métaphores inspirées, voguant des baisers en croûte aux chansons à boire (Lison-Leroy), comme aux anecdotes aussi improbables qu’une dent malade arrachée sur fond de David Bowie en boucle (Letoré). L’ouvrage alterne les voix et les récits-souvenirs de chacune, leur laissant l’espace nécessaire au déploiement tout en les reliant par de discrets ricochets thématiques.    La mer et toutes ses collections, coquillages et bateaux Playmobil, la mer et ses vagues jamais les mêmes comme jamais pareils grains de sable et galets, la mer ne lâche que le surplus comme on laisse partir cette vignette que l’on possède en double malgré la différence, un rien de coin jaunâtre ou un flou d’impression. De ces rebus “ transférés des poches aux tiroirs ”, Françoise Lison-Leroy et Anne Letoré font un livre. Un livre-clafoutis, un livre-piège, un livre qui témoigne d’une collaboration joyeuse et d’une capacité d’invention sans frontière. Louise Van Brabant Plus d’information Entre ces parallèles d’écritures (Françoise Lison-Leroy et ses poèmes, Anne Letoré et sa prose), on chine le rapport poétique, personnel, individuel, historique entre un objet et soi. Les poèmes et les nouvelles font réfléchir sur le rapport que nous entretenons avec les objets qu’ils soient du quotidien ou extraordinaires, thématiques ou affectifs, spéculatifs…

Avant toute chose

«  Chaque couche d’impression reflète une variation dans la texture, la couleur ou la profondeur, évoquant les modulations d’un son à travers le temps et l’espace. Cette approche crée une analogie visuelle et sensible entre l’invisible du son et sa transcription graphique tangible. Ainsi, je transforme les sons, habituellement perçus comme immatériels et fugaces, en éléments concrets et perceptibles, traduisant l’évolution et les nuances d’un paysage sonore par un travail d’impression et de gravure.  » Telle est la démarche adoptée par Éléonore Scardoni pour ses Fragments d’écoute offerts aux regards . Réalisées entre 2022 et 2024, les œuvres transcodent des perceptions auditives recueillies dans des jardins (celui d’Etterbeek, des éditions CotCotCot, de Camille Lemonnier), des parcs (de Forest, Léopold, Duden), du vallon du Meylemeersch, du marais Wiels, de l’avenue Wielemans Ceuppens et de la fenêtre de sa chambre. Ces lieux bruxellois en légère périphérie (Forest, Anderlecht, Uccle, Saint-Gilles, Etterbeek, Ixelles) recèlent une précieuse biodiversité, inspirante. Pluie qui tambourine, perruches veuves qui s’agitent, tourterelles turques et pigeons bisets qui dialoguent, mésange charbonnière qui salue le matin, grimpereaux des jardins qui cherchent leur nourriture, chardonnerets élégants qui s’enorgueillissent de leur beauté, ouettes d’Égypte qui se prélassent sur l’eau, corneilles qui battent le rythme des travaux du voisin, multitude d’oiseaux qui tiennent conférence, train qui passe. Autant d’atmosphères acoustiques d’écosystèmes urbains que Scardoni a sensiblement, consciencieusement, recensées dans des linogravures ondulantes et colorées, et deux dessins à la mine.Verlaine, dans son Art poétique , annonçait en incipit : «  De la musique avant toute chose.  » Carl Norac , incorporant cette affirmation, a pénétré les sonogrammes de Scardoni pour les accompagner de ses explorations poétiques. Sa composition suit une partition en moments : un début, sept entrées en musique, un milieu, sept entrées en paysage, une fin. Le mouvement s’esquisse linéairement dans sa progression (croissante puis décroissante), mais se dissout dans sa concrétisation : les temps marqués se distendent dans un non-espace-temps et apparaissent comme des touches couleur textuelle parfaisant les illustrations à l’honneur. Dans les notes de Norac, il est question, entre autres, de cellules, de vagues, de chemins, de nuages, d’élytres, de coton, de fleurs, de voiles, d’instruments, de danse, de cailloux, de lunes, de nénuphars, de flaques. De silence. D’horizons. Ce qui unit les deux artistes ici, c’est une manière d’être au monde. « Entrer dans », en conscience et humilité, en sensitivité et réceptivité ; s’affranchir des cadres attendus ; (s’) interroger, (se) rencontrer, (s’)absorber, (se) proposer. Avant toute chose . Samia Hammami Plus d’information a poésie, la gravure, deux pratiques artistiques se retrouvent dans ce carnet et creusent un sillon ensemble pour rejoindre la musique. Celle de L'Art poétique de Verlaine, celle des marais et des parcs, celle des oiseaux qui les habitent. Une exploration fascinante qui propose d’aborder l’existence par les sons et par les paysages qu’ils évoquent, en…