À qui se fier ?

À PROPOS DE L'AUTRICE
Agnès Dumont

Autrice de À qui se fier ?

Agnès Dumont est née « cette année-là » chantée par Claude François. Professeur depuis une trentaine d’années, elle a enseigné aux Comores et à Shanghai avant de se fixer à Liège, sa ville natale. Elle y anime aussi des ateliers d’écriture et des rencontres littéraires. La nouvelle est son genre de prédilection. Ses premiers textes ont été remarqués par la critique et elle a notamment remporté le grand prix du Concours Polar 1997 de la RTBF.
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Le Carnet et les Instants

Jeux de rôles, de dupes, d’images, Agnès Dumont les démasque et les illumine de petites émotions grinçantes, malicieuses et douces dans À qui se fier ?, son quatrième recueil de nouvelles.Avec Un petit coup de main, l’on découvre le dévoué Jean-Guy venu « jouer les Adamo sur une péniche » pour les beaux yeux de Carine, dans ce rôle qu’il endosse depuis tout gosse. Nous, c’est pas pareil nous plonge dans l’ambiance d’une salle de classe où les élèves s’évertuent à rédiger une dissertation sur les flux migratoires tandis que leur professeur s’immerge dans ses souvenirs de jeune enseignante aux Comores. Des aventures « qui sentent désormais plus la naphtaline que l’ylang-ylang »…


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Cela fait longtemps déjà qu’Alain Dartevelle nous a familiarisés avec ses incursions malignes dans un futur parfois assez proche pour figurer un corollaire de notre actualité. C’est certes le cas avec Toy Boy et autres leurres qui, à la suite du récit principal, réunit sept nouvelles de la même eau. Avec la complicité des images de Marc Sevrin, d’un noir profond et réalisées selon la technique de la carte à gratter. Venue à Tokyo pour y présenter sa collection de créations biotechnologiques à la foire mondiale du textile intelligent, la styliste Anna Winfall, désœuvrée en fin de parcours, s’offre une « escapade sensuelle » proposée par un site de rencontres très particulier. Elle fait ainsi  la connaissance du très séduisant Stanislas avec qui le courant (haute tension) passe très vite et qui l’entraine avec autorité dans un trip étourdissant. Ce Toy Boy , cet homme-jouet, pour qui elle éprouve un sentiment très fort s’avère bientôt n’être qu’un androïde dûment programmé et gavé notamment de citations littéraires qu’il multiplie en toutes occasions. La passion d’Anna pour son Stany n’en est pas pour autant refroidie. Et au gré des péripéties de leur relation, parfois très orageuse, commentée alternativement par l’un et l’autre, Dartevelle nous entraîne dans le tourbillon paroxystique, puissamment érotique et même métaphysique, des faux-semblants assumés qui se joue entre une Anna déboussolée par son addiction et le mal d’être (ou de ne pas être vraiment) de son jouet, ce réplicant dont elle est elle-même le jouet.  On rejoint ainsi un univers proche de Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? le roman qui inspira le mythique Blade Runner de Ridley Scott, dû à la plume de Philip K. Dick dont la grande ombre hante le livre de Dartevelle jusque dans une autre nouvelle. Dans Retour à Fullerton (l’université où sont conservées les archives de Dick), le maître américain de la SF se retrouve, après sa mort, confronté à l’ensemble de son œuvre et des personnages qu’il a créés. Confrontation qui se  conclut sur le rire de ce réplicant que « du haut des nues, le démiurge K. Dick observe s’éloigner, puis se perdre dans les méandres du jeu de société qu’est la littérature  ». Autre jeu donc : celui de ces poupées russes qui trahit la permanente obsession métaphysique de Dick pour qui, dans le récit, vivants et morts seraient «  intensément unis comme le Ying et le Yang, sur cette bonne vieille Terre fictive ou non…  ». À retenir aussi, le mot lumineux de Dick lui-même repris en exergue : «  La réalité, c’est ce qui refuse de disparaître quand on cesse d’y croire  ».Retour à Tokyo. Autre grande ombre parmi celles qui hantent le récit-titre : celle de Yukio Mishima qui, dans une séquence de leur trip, prête même au couple singulier Stany-Anna un décor de mer et d’escarpements qui rappelle notamment le Pèlerinage aux trois montagnes de l’écrivain japonais. Quant à la fin tragique et fictive de l’androïde et d’Anna précipités tous deux dans un gouffre, elle se veut aussi une référence explicite à la fin magistrale d’un autre chef-d’œuvre. C’est ce que précise une Anna qui s’est vue dans le rôle «  du chien mort dont parle le livre  », de la «  charogne  », de «  la morte-vivante accompagnant son amant dans ce suicide romanesque  » : «  Tout me revient, alors, de la scène finale d’ Au dessous du volcan qu’avait déclamée Stany. Car tout y est comme chez Lowry !  ». Puis, la vie reprenant son cours, Anna relancée par le site de rencontres se voit à nouveau déchirée entre le désir de renouveler son contrat et  renouer ainsi avec sa passion dévorante et, d’autre part, sachant ce qu’elle sait, la crainte de vivre une tricherie sans véritable issue. Une imposture assez semblable en somme à la cigarette électrique, sa careniña dont l’image l’accompagne tout au long du récit et qu’elle affecte de fumer comme une vraie.Au-delà d’une histoire d’amour torride d’une remarquable virtuosité, où l’illusion devient une seconde vie, la question se pose de savoir si la réalité extérieure a plus de poids sur la vie que les sentiments éprouvés par delà le vrai et le faux. Ou encore : faut-il redouter le règne toujours plus prégnant du virtuel et des biotechnologies ou faut-il apprendre à vivre avec eux ? Mais aussi : qu’adviendra-t-il de l’androïde, de l’être sans passé, si dans sa grande solitude et au-delà des réflexes conditionnés, il accède un jour au territoire où se lève l’aube des vrais sentiments ? Ghislain Cotton Un recueil de huit récits, en ouverture duquel la styliste Anna Winfall choisit de s'offrir un intermède sensuel avec le dénommé Stany : un toy-boy sur mesure, à la mesure de son désir. Même si le vaste jeu de feintes et simulacres qui va se déployer risque de conduire…

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