Avec Une caravane attachée à une Ford Taunus, l’auteur tournaisien Pierre Stival signe un premier roman.
Roman ?
Oui.
Hybride, certes, comme l’indique le sous-titre roman à haut potentiel poétique, mais roman tout de même.
Les éditions du Cactus inébranlable (l’éditeur qui gratte et qui pique, comme elles le rappellent sur leur site) ont pour ligne éditoriale le texte court, la nano-fiction, le fragment. Le sous-titre roman à haut potentiel poétique vient rappeler ce ton/cette brièveté, des fois que le lecteur oublierait qu’il va plonger dans un inclassable. Un objet littéraire non identifié tout à la fois roman poétique et long poème en prose.
Une caravane attachée à une Fort Taunus fonctionne comme une déambulation dans une rue…
Affalé devant l’écran, je me blottis dans mes bras, je décide enfin de ne plus bouger. Sous la couverture synthétique, je me protège du monde gris des colis qui voyagent. Le désert de Mojave étale ses beautés colorées et ses corps nus échoués sur les margelles des piscines. Le film des vies dorées défile sous mes yeux. Dans ce « cauchemar climatisé » comme l’écrivait Henry Miller il y a cinquante ans, un homme, dans son studio de la banlieue parisienne, ex-travailleur de chez « A », délire, accroc aux émissions – aux écrans plutôt – de PSTV, une chaîne de téléréalité explorant les exploits dérisoires des habitants de Palm Springs, Californie.Délire, addictions diverses, affaissement et délabrement, voilà ce que vit cet homme dans cet American…