Le titre du dix-huitième livre de Françoise Houdart aux Éditions Luce Wilquin, Éclipse, peut paraître commun, de prime abord. Pourtant, au fil des lignes, il déploie sa richesse symbolique et polysémique. Se nourrit de l’investigation sur la vie (intérieure) de Mado Simoni, femme ordinaire, évaporée sans donner d’explications, une nuit de conjonction astrale sidérante, dite de « lune rouge » ou « lune de sang ». Cette disparition confronte Sacha, le compagnon de Mado, à d’infinies questions, le plonge dans les affres de la douleur, de la déraison (qui est fièvre et non folie) ; le met face à une évidence, dévorante : sa femme est une inconnue pour lui. Que sait-il d’elle ? De ses abîmes ? Et surtout : qu’en ignore-t-il ?Telle…
Au commencement du monde était la glaise, et celle dont Françoise Houdart façonne ce recueil est ample, souple et constellée de grains incongrus, d’éclats qui grattent l’œil et la paume. Dans La lune dans le cagibi, une blanchisseuse depuis des lustres en concubinage avec un accidenté laisse enfin entrer la télévision dans sa demeure modeste et c’est une véritable révolution: « Insensiblement, l’axe de rotation de la planète Zénaïde s’était incliné vers l’astre en bakélite et les conséquences climatiques internes n’avaient pas tardé à se manifester. » Au premier matin de sa nouvelle vie, une toute jeune épousée découvre une bouteille de lait sur le seuil, sans savoir quelles conséquences suries ruisselleront de ce simple objet…